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Blitz Motorcycles : The wild two

b9b1« Pour vivre heureux, vivons cachés », une devise qu’ils auraient pu faire leur. Tel un speakeasy sorti de la prohibition, leur antre s’offre comme couverture la façade parfaitement anodine d’un immeuble de parkings comme il en existe tant dans Paris. Mais ce que ces deux là trafiquent est bien plus enivrant que le rhum d’un quelconque bootlegger. Ils dealent de la poudre d’escampette sur deux roues.

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Enfourcher sa moto et tailler la route. Voir défiler le ruban gris de l’asphalte à perte de vue. Se perdre sur la carte. Fred Jourden et Hugo Jézégabel, fondateurs de Blitz Motorcycles ont le déplacement pour passion. Depuis 2011 ils ont décidé de faire de cette passion leur quotidien, plaquant par la même occasion des vies professionnelles réussies, jusqu’alors dédiées au marketing et au paysagisme. Parce que la moto et la mécanique étaient leur fil conducteur commun, un passe temps devenu à la fois envahissant et épanouissant. Parce que la vie est trop courte pour n’être vécue qu’à moitié.

Fred et Hugo sont donc devenus ceux qu’ils voulaient être : des préparateurs de motos customs conçues comme des œuvres d’art mécaniques. Ils s’adressent à des clients qui viennent trouver chez eux cette patte unique qui les caractérise. D’abord une écoute autour de cette envie d’une moto pour soi. Ils font émerger de l’histoire individuelle du client un signifiant quasi psychanalytique qui ressurgira dans la conception même de la moto.

On les écoute nous expliquer l’origine de la couleur sang de bœuf séché de ce réservoir posé sur le véhicule d’un chirurgien fasciné par la beauté de son objet d’étude. On boit leurs paroles quand ils nous expliquent avoir conçu pour un client voulant rompre avec son image trop lisse cette moto au look cyber-punk, baptisée d’après le square Saint-Lambert, lieu de révolte violente et mythique des blousons noirs parisiens des 50’s.

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Ils se mettent alors au travail et pendant un an passent de l’idée à l’engin terminé, après avoir recherché inlassablement les pièces qui colleront à leur vision. Du cadre au compteur en passant par le phare, tout y passe. Un an de gestation pendant lequel le client n’intervient à aucun moment sur l’objet de son désir. Il sera convoqué pour la livraison de son pur sang par Fred et Hugo qui lui dévoileront le résultat terminé.

Un procédé qui peut paraître étonnant pour du « sur mesure » mais qui montre la grande liberté de nos deux artisans. Une liberté qui leur attire d’ailleurs parfois les foudres de certains « puristes » et de fâcheux de tout poil criant au Hipster. Qu’importe, on vient chez Blitz Motorcycles pour embrasser une certaine esthétique et un parti pris qui se font fi des conventions.

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Leur parcours est inspirant, Fred a d’ailleurs accepté l’invitation de TED pour en témoigner et leur travail s’enrichit de leurs expériences passées. Fred s’est formé à la mécanique en cours du soir et a obtenu son CAP. Ils nous expliquent apprendre chaque jour un peu plus et en les voyant s’escrimer de concert sur un carburateur récalcitrant, on comprend exactement ce dont ils parlent. Tous deux ont réussi à tracer leur route, à associer le travail de la main et celui de l’esprit pour définir une nouvelle forme d’artisanat mécanique. Ils ont trouvé auprès de marques telles que Bleu de Chauffe une communauté d’esprit qui donne naissance à de belles collaborations. Leur parcours leur confère aussi un art consommé de la communication, qu’ils déclinent habilement sur les réseaux sociaux.

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En toute humilité, mais avec une grande détermination, Fred et Hugo bousculent les schémas, et les stéréotypes, les frontières entre création artistique et technique mécanique, artisanat et entrepreneuriat. Ils créent de leurs mains des objets mécaniques possédant une âme et une personnalité uniques, se rebellant contre la fracture clivante de l’intellectuel versus le manuel et cette rébellion là est véritablement porteuse d’une énergie folle.

  • « Hey Johnny, what are you rebeling against?
  • « What have you got? »

The Wild One (L’équipée sauvage) Laslo Benedek 1954

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BLITZ MOTORCYCLES contact@blitz-motorcycles.com

Memphis Blues

Etorre SottsassQuel rapport entre Bob Dylan, l’Egypte ancienne, Elvis Presley et le design italien? En apparence, autant qu’entre un imprimé peau de léopard, du celluloïde orange, des tubes au néon violets et des paillettes. La réponse tient en un mot : Memphis.

Nous vous parlions la semaine dernière du travail de la créatrice de bijoux Alice Hubert et de l’influence qu’exerce Memphis sur son travail, infusé de références pop et de clins d’œil aux bijoux du groupe édités par Acme. Cette résurgence de l’esthétique Memphis dans le travail de nombreux artisans croisés au fil de nos rencontres nous semblait l’occasion d’évoquer plus en détail ce groupe mythique de créateurs.

Au début des années 80, une bande d’architectes, d’artistes et de designers italiens, lassés par la dictature du modernisme et du bon goût eut l’idée qu’on pouvait faire rentrer les expressions les plus populaires de l’art dans le design et que la forme ne devait pas forcément se plier à la fonction.

b5f65d2a17bee9403227c1d8aa0726a8Pour célébrer cette épiphanie, la légende veut qu’ils décidèrent, après avoir écouté en boucle la chanson de Bob Dylan Stuck inside of Mobile (with the Memphis blues) de nommer leur nouveau groupe du nom de l’ancienne cité sacrée égyptienne. Cette référence à la culture pop américaine, aux racines du blues, au kitsch du king et à Ptah, démiurge de l’antique cité des dieux et protecteur des architectes et des artisans, au delà de la spontanéité du moment et de l’anecdote, ce choix apparait évidemment plein de sens.

Le geste fondateur d’Ettore Sottsass, Martine Bedin, Aldo Cibic, Michele De Lucchi, Matteo Thun et Marco Zanini, ouvrait la voie à une explosion libératrice. Poussant à leur paroxysme leurs expériences post modernistes, notamment au sein du studio Alchimia, ou ils recyclaient et détournaient les classiques, ils souhaitent repartir de zéro et inventer un nouveau langage créatif.

Fidèle à son envie de devenir un agitateur, un émulateur, d’ouvrir le champ des possibles, plutôt qu’un nouveau prescripteur, Memphis ne s’est jamais véritablement constitué en mouvement et n’a jamais souhaité établir une idéologie. Rester un électron libre et être insaisissable était un trait fondamental du groupe.

De même, les créations qui pouvaient se rattacher au groupe se voulaient fugaces, complètement ancrées dans la société de consommation et cette pleine conscience que l’objet était devenu hautement reproductible et jetable, tout autant qu’il était désirable et rempli de sens. La consommation des objets était pour le groupe un acte fort et signifiant, une façon d’exprimer son identité.

Tissant des liens étroits avec l’industrie, Memphis adoptait une stratégie disruptive, combinant des formes, des matières et des motifs de manière inédite, tout en se lançant dans l’exploitation de matériaux industriels inusités jusqu’alors dans le design : Celluloïde, laminé plastique, verre imprimé,… le tout dans une explosion de couleurs et de motifs graphiques et tendus.

La lampe Tahiti d’Ettore Sottsass, drôle d’oiseau géométrique chamarré au long cou et au bec faisceau lumineux, les totems de céramique de Sottsass, vases/tabourets improbables, sculptures aux influences africaines, les tissus mosaïques aux contours noirs sur fonds rose bubble-gum de Nathalie du Pasquier sur les fauteuils massifs de James Sowden, les sofas Dublin de Marco Zanini à l’air vaguement inconfortables avec leurs petites assises bombées, leurs dossiers et accoudoirs en V posés sur des structures massives de bois stratifié… La liste est longue des pièces emblématiques dont l’esthétique si typique s’est inscrite dans notre esprit.

Malgré l’éphemerité du groupe de Memphis, les choix esthétiques forts ont infusés la création des années 80, et la liberté créative associée à une posture désinhibée face à l’industrie et à l’hyper consumérisme ont ouverts la voie à une nouvelle génération de designers prolixes. Le courant postmoderniste dans lequel le groupe s’incluait étendit son approche radicale dans tous les domaines de la création.

Peut être est il alors tout à fait naturel qu’une nouvelle génération, bercée par le style Memphis, fasse depuis quelque temps ressurgir dans ses créations des références marquées au groupe. L’éditeur Hay a fait appel à Nathalie du Pasquier, artiste et designer textile membre de Memphis, pour créer une collection de tissus. De même American Apparel a souhaité développer une collection capsule en collaboration avec l’artiste.

Les suisses de Terrazzo Project ont directement puisé l’inspiration de leur installation House of cards et les motifs de leurs nouveaux panneaux de terrazzo léger dans les laminés vifs de Sottsass. Les créations textiles et les meubles anciens réinterprétés du créateur Robert Normand mixent des techniques de marqueterie textile et de peinture décorative, reprenant des motifs minéraux et des associations chromatiques évocateurs de Memphis. Memphis inspire aussi les créateurs britanniques de papiers peints customs Murals Wallpaper et leur dernière collection Prism. Le studio de création Paris Se Quema propose une variation autour de Memphis avec des mobiles graphiques en bois.

Alors, laissant de côté toute nostalgie, reprenons gaiement la route de Memphis.

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Fabrique à Rêves

Travail de ciselure sur métal délicat d’Alice Hubert pour la première création originale de sa collection Yumé.

Un collier réalisé au bénéfice de l’association Ninoo, qui sera ensuite émaillé.

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Yumé : Un rêve de la créatrice de bijoux Alice Hubert

Yumegokochi signifie « Etat d’esprit du rêve » en japonais. L’idée de cette nouvelle collection germe pour la première fois dans l’esprit d’ Alice Hubert, lorsque l’association Ninoo lui propose de créer un objet solidaire au bénéfice des actions qu’elle mène auprès des enfants atteints par l’autisme et de leurs familles.

Touchée par ce projet, Alice se plonge dans ce que ce handicap représente pour elle. Une perception du monde altérée, un voile qui se glisse entre soi et les autres, une sensibilité exacerbée aux sons et aux couleurs. L’idée des nuages, de cet état d’apesanteur, mais aussi de la lumière solaire et de ses diffractions en arc en ciel nait sur un collier.

yume11Il sera la première pièce d’une collection sous influences. La culture pop d’abord, qui apparait souvent en filigrane des collections d’Alice. Une série de comics américains des années 70 à l’esthétique psyché, souvenir d’enfance ayant appartenu à son père. L’abstraction des œuvres géométriques et des associations chromatiques vibrantes de Sonia Delaunay vont aussi résonner dans sa mémoire et s’unir à l’esthétique accidentée et bariolée du mouvement Memphis. Mais c’est le souvenir resté intense dans l’esprit d’Alice, du film Rêves d’Akira Kurosawa, avec ses couleurs saturées, ses ambiances chimériques et ses effets de lumières polarisées, qui fera le lien entre tous ces éléments et donnera son nom à la collection.

Ce sont de véritables petits rêves qu’a ciselés et émaillés à la main dans son atelier parisien cette ancienne élève de l’Ecole Boulle.

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Chaque pièce est une œuvre d’art, belle, unique et furieusement tendance. Cette nouvelle collection nous emmène par delà l’arc en ciel dans une explosion de couleurs. Alice et son univers merveilleux nous font rêver et éveillent notre désir, encore et encore.

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Pièces disponibles à l’atelier-boutique d’Alice Hubert ou sur commande:

8, Rue Jacques Louvel Tessier 75010 Paris
09 51 20 36 82 contact@alicehubert.com

Crédits Photo @Julie Berranger  Coiffure/maquillage: Margot Duran
Model: Camille@Starsystem

Edito #0

Bienvenue chez The Artisans. Magazine, recueil de rencontres, journal de bord, carnet de route, collection de moments et de courants, The Artisans est un peu tout cela à la fois.

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Nous avons choisi de documenter de façon sensible le renouveau de l’artisanat. Brouillant volontairement les frontières artificielles érigées entre Art et Artisanat, nous avons souhaité présenter des portraits de femmes et d’hommes mettant en œuvre des savoirs-faire séculaires de façon résolument moderne.

Nous nous attachons à décrire leur parcours de vie aussi bien que leur parcours créatif, tant ces artisans d’un nouveau genre, souvent venus à l’artisanat par des chemins de traverse, savent faire dialoguer entre elles toutes les facettes de leurs personnalités.

Nous nous sentons proches de cette envie de donner du sens à notre travail et de faire cohabiter l’esprit et la matière pour produire du beau et de l’utile. Nous nous inscrivons dans cette volonté de consommer des objets de façon plus réfléchie, en s’attachant à leur histoire et à la beauté qu’ils nous offrent. Ce mouvement nous semble être un véritable creuset créatif propre à révéler des talents inédits.

C’est ce bouillonnement qui nous inspire et que nous souhaitons partager avec vous, dans ces miscellanées de l’art façonnier. Plus encore, nous vous inviterons régulièrement à assister à des rencontres et à vous initier grâce à des ateliers et master classes.

Retrouvez nous chaque mardi pour de nouveaux articles et abonnez vous à notre newsletter pour nous suivre. Nous vous souhaitons une belle lecture.

Julie Berranger et Hélène Borderie

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L’atelier de K OH

Katherine Oh peint à l’huile des cieux pas toujours bleus. Des nuages duveteux s’amoncèlent en autant de houppettes moelleuses qui bientôt se font menaçantes. L’orage couve. Des arbres dénudés pointent leurs longs doigts décharnés vers l’azur. Étrangement on est bien, couchés là dans la clairière à regarder défiler ces quelques centimètre carrés de vapeur d’eau en suspension.

Katherinehome3-960x639Katherine dégage la grande douceur et la sérénité des gens en paix avec eux même. Elle vous accueille avec un large sourire et un regard brillant. Son atelier vaste et lumineux recèle des trésors inédits. On tombe en arrêt devant ces chimères qu’elle façonne à partir d’insectes épinglés. Les ailes fluos de ce papillon ou la corne écarlate de ce scarabée créent un effet d’étrangeté insidieux. On y regarde à deux fois pour démêler le vrai du faux. On se dit que les apparences sont parfois trompeuses.

Ses céramiques reflètent toute cette subtile ambiguïté. Elles associent des couleurs sourdes aux subtiles différences. Le mat et le brillant s’allient, la terre cuite prend des airs d’écorces d’arbres.

Un travail fermement ancré dans un rapport à la nature, fort à découvrir d’urgence.

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La Maison Lejaby

Nous avons eu envie de rendre hommage aux ouvrières qui façonnent quelques unes des plus belles pièces de lingerie française, dans le plus grand respect de la tradition, au cœur de la Maison Lejaby.

Derrière chacune de ces pièces, se cache une femme qui maitrise un des savoirs faire les plus délicats. Des années de pratique sont nécessaires, avant qu’une jeune apprentie maitrise pleinement son art.

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Chez Lejaby, tout est réalisé à la main, avec les plus belles matières sur le marché. Des soies et broderies locales, de la dentelle de Calais… Chaque femme réalise un sous vêtement du début jusqu’à la fin. Ici pas de travail à la chaîne. Celles qui ont plus d’ancienneté travaillent en binôme avec les jeunes pour les former et ainsi transmettre leur savoir-faire.

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Le confort et le bien aller de ces pièces est sans compromission. Ils sont le fruit de cette maitrise et de cette exigence. Les mains expertes maitrisent aussi bien le travail avec les matières délicates les plus raffinées, dentelles chantilly ou de Calais, que les plus modernes et techniques.

Nous aimons les portraits de ces femmes à la fois timides, généreuses et honnêtes qui nous ont bluffées.

Le chat Baltus

Impassible, assis sur la cheminée, il exhale une légère fumée blanche parfumée aux effluves de bois et de mousses.

Lui, c’est le félin le plus gracile et le plus élégant, le chat qui fume que l’artiste Setsuko Klossowska de Rola a crée pour la maison Astier de Vilatte.

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La comtesse Balthus, veuve du peintre et elle même peintre, s’est pliée à l’exercice de la céramique. D’anciens moines tibétains, céramistes chevronnés façonnent à la main dans le XIIIème arrondissement de Paris ces merveilles naturalistes aux délicates nuances laiteuses.

Astier de Vilatte 173 Rue Saint Honoré 75001 Paris

Lauren Yates, créatrice de Wmenswear

Collection féminine intemporelle, pointue et androgyne, WMenswear s’inspire du style des vêtements masculins de travail et de pêche vintages. Lauren a été énormément  influencée par la période de la seconde guerre mondiale et par toutes les femmes qui durent remplacer les hommes dans les pêcheries et endosser leurs tenues de travail.  Mais ce n’est pas juste pour leur esthétique que les créations de Lauren Yates, muse de Nigel Cabourn nous ont séduites.

4,large.1447149111Les cotons et lins épais dans lesquels ses vêtements sont taillés sont d’une extrême qualité. Le sourcing ainsi que la façon sont intégralement réalisés en Thaïlande, dans l’atelier de Ben Viapiana, spécialiste de la toile Denim la plus belle. Il trouve dans ce pays à la tradition façonnière bien ancrée les matières et les outils qui lui permettent de recréer selon les standards des années 40, des vêtements robustes aux matières et finitions impeccables.

Le vestiaire dessiné par Lauren est à la fois ludique, confortable, intemporel et terriblement tendance.  Nous aimons le double détournement qu’elle réalise. En brouillant les genres et les usages du vêtement elle arrive à créer une silhouette féminine d’une extrême modernité.

Vous pouvez également la suivre sur son blog Ponytail Journal.

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In bed with Fred, Illustratrice

La première rencontre avec Fred eu lieu dans un café. Elle portait un imper, des ballerines, un rouge à lèvres cerise, de longs cheveux de sirène. Elle parlait vite, mitraillant ses histoires d’amour, fumant, un spritz à la main. Tour à tour élégante, fleurie, vive, piquante, elle jouait avec les mots, comme un chat avec une souris. Elle était Françoise Sagan, elle était Anna Karina, elle était Inès de la Fressange.

Fred est illustratrice et ce soir là elle était excitée parce qu’elle venait juste d’apprendre qu’elle allait faire les nouvelles vitrines du Printemps à Paris.

Il nous aura fallu plusieurs rencontres avant de s’inviter à sa table de dessin. En la regardant travailler, nous avons été frappées par sa grâce, et sa capacité à coucher sur le papier tout ce qui lui passe par la tête. Une marée d’images.

Nous espérons que vous apprécierez aussi!

 

Demeure, Pret à porter habité

C’est grâce à la boutique en ligne l’Exception, que nous avons découvert la marque Demeure et rencontré sa créatrice, Charlotte Cazal. Elle était de passage à Paris pour le lancement d’une collection capsule en édition  limitée de chemises en lin souple. La présentation de la collection était habitée par les photos que Maria-Do-Mar Rêgo avait réalisées à la demande de Charlotte.

L’après midi avec elles s’écoula dans un bouillonnement d’idées, de citations, d’éclats de rires, et d’élans créatifs, pendant qu’elles accrochaient les tirages de Maria pour le lancement le lendemain.

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La première impression est limpide. Les deux femmes sont amies depuis longtemps. Leur lien profond s’articule autour d’une conversation de plusieurs années qui saute les absences, et rebondit dès qu’elles se retrouvent. Un échange perpétuel qui nourrit leur esprit et impulse leur art respectif.

Dans cette communication organique, le va et vient de références, de curiosités intellectuelles mobilisent tous les esprits alentour. L’énergie créative est si intense qu’elle donne des ailes. Tout devient possible.

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De ce corps à deux têtes, Maria se détache comme la pensée pure, et Charlotte l’action.

Maria est un personnage. Sa rigidité physique, son port de tête, ses cheveux soigneusement tressés en arrière, ses sourcils noirs froncés, sa concentration sincère et les silences qui précèdent son discours… Maria a l’intensité d’une photographie du siècle dernier. Elle choisit chaque mot avec minutie, articulant sa pensée avec rigueur et grâce. Elle parle comme un livre, citant les poètes, philosophes et artistes par douzaines, pimentant le tout d’une pincée d’humour décalé qui prend totalement par surprise. Maria est une figure rock’n roll par excellence.

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Charlotte, elle, ressemble à une Dietrich en porcelaine. Ses sourcils en volutes ne sont plus qu’une suggestion : celle des années 20. Mais malgré son physique délicat, sa voix rocailleuse de rugbyman donne la nette impression qu’elle ne peut pas être déviée de ce qu’elle entreprend. Elle se définit elle-même d’ailleurs comme styliste, curateur et entrepreneur. La lauréate du prestigieux prix Maison de Mode 2013 a bâtit seule sa Demeure, une maison de couture qui cache un projet plus ambitieux encore.

Ambitieux mais aussi et surtout généreux. C’est un peu comme un cadavre exquis. Charlotte tisse des symbioses avec les artistes qu’elle croise et qu’elle aime. Ses créations architecturales s’offrent telles des espaces vierges aux artistes qui butent dans les voies plus classiques du monde de l’art. Voies totalement sclérosées.

   

Chaque création est un objet parfaitement exécuté. Nous avons été sincèrement totalement soufflées par la beauté des matières choisies, des lins tissés à l’ancienne, fins et souples. Par la précision des coutures, des assemblages et aussi des impressions. Les photos ne leur rendent pas justice. C’est une expérience qui doit se faire en direct. Les vêtements doivent être touchés, parcourus, serrées. Et vient une pulsion très forte de se les approprier.

 

Mood Indigo

Magie de ce bleu si précieux.

Images enchevêtrées de méharées guidées par les silhouettes aux reflets lapis, de blouses de travail rigides et lustrées par leur laminage, d’élégance ouvrière sous la grosse toile, d’orient et de beauté cachée. Un mythe, un fantasme.

Apprendre à le concocter, à le peaufiner.

Lauris, le village médiéval, perché, accroché à la falaise. Les jardins suspendus de Couleur Garance. Babylone en Lubéron. Découvrir les plantes rares ou si communes qui donneront aux étoffes et aux fils leurs teintes profondes. Faire chauffer des marmites d’où se dégagent des odeurs âcres. Voir le bouillon coloré mousser à la surface. Le garance explose, sang de bœuf sacrificiel, si beau sur la laine.

Mais pour l’indigo, pas de bouillon. Trop délicat, il ne se révèle pas si facilement. Il se cache sous une croute irisée, verte, presque décevante. C’est justement là que tout commence. Le sortir, l’aérer et voir se révéler le bleu. Recommencer à plonger l’étoffe, sans jamais remuer le mélange pour ne pas y faire rentrer l’air qui gâcherait tout, afin d’obtenir l’intensité désirée.

product_thumbIl ne sert à rien de laisser tremper longtemps, c’est la multiplication des bains, par couches successives qui intensifiera la teinte. Du pâle chambray au plus intense bleu de Nîmes, toute la gamme se déroule.

 


 » You ain’t been blue; no, no, no.
You ain’t been blue,
Till you’ve had that mood indigo. »


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Elixir Shigeta, Artisan de beauté

Elixir_chico_shigetaDes bechers s’illuminent d’un ambre doré constellé de reflets multicolores. Calices improvisés au contenu précieux.

Nous sommes dans le laboratoire parisien de Chico Shigeta, grande prêtresse de la beauté holistique. Chico a peaufiné son art depuis l’âge de 5 ans. Tout d’abord au Japon dont elle est originaire, elle se forme auprès d’un grand masseur énergéticien aveugle, elle apprend a recréer les ponts entre l’homme et l’univers qui l’entoure. Elle suit ensuite l’enseignement d’un maitre shiatsu qui lui transmettra sa science des méridiens qui véhiculent l’énergie à travers le corps. Enfin, en France elle découvre la naturopathie et l’aromathérapie, qui lui permettent d’associer alimentation équilibrée et action des huiles essentielles à sa technique.

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Chico crée des combinaisons uniques d’huiles essentielles, dont elle distille les bienfaits grâce à des techniques de massage qu’elle a élaborées. Ses traitements visent à restaurer l’équilibre entre l’esprit et le corps, pour un bien-être total et un apaisement, seuls capables de faire rayonner la beauté unique de chacun.

M70A9896 copieAu regard de ce parcours, la rencontre avec Marie-Hélène de Taillac apparait comme une évidence. Cette passionnée des pierres précieuses et semi précieuses, les assemble avec amour. Elle les sélectionne pour leur beauté, qu’elle trouve souvent dans leur imperfection. Leurs couleurs, mais aussi l’énergie qu’elles renferment la fascinent. C’est pour libérer cette énergie qu’elle préfère parer ses pierres de sertis légers, qui permettent un contact maximum avec la peau.

Toutes deux ont combiné leur art pour créer un huile unique dans laquelle les gemmes libèrent leurs propriétés uniques et se combinent aux bienfaits de 12 huiles aux propriétés régénératrices.

Objet du désir : La pochette Good Manners & Alice Hubert

Quand LE spécialiste des sacs et accessoires masculins, s’allie avec LA créatrice de bijoux la plus audacieuse du moment, cela donne une pochette intemporelle et très personnelle.

Réalisée à Paris dans l’atelier de Good Manners, cette pochette en cuir gras est cousue à la main d’un fil de lin bleu. Elle est ensuite ornée d’une plaque en laiton gravée par Alice Hubert qui pourra être porteuse d’un message personnel. Son grand format plat permet d’y glisser un Ipad et de la glisser dans un sac ou de l’arborer seule.

Tisserands de l’Atlas

 Au pied de l’atlas, dans la poussière et la rocaille, nous avons découvert un travail d’une grande finesse : des carrés en coton, en lin ou en laine épaisse entièrement tissés à la main ; des étoles, des couvertures épaisses, des taies d’oreiller, des sacs aux couleurs naturelles, et au design tout simple… Des étoffes qui amènent un souffle marocain tout en restant assez épurées pour réussir à se marier avec  tout.

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En visitant les ateliers, nous avons réalisé à quel point chaque centimètre carré de tissage représentait un travail de titan, et une concentration minutieuse. Nous avons été emballées par la qualité des produits naturels. Les méthodes traditionnelles employées – le filage, les métiers à tisser en bois – ajoutent un grain, une texture unique aux matières.

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Vous pouvez commander votre propre étole directement à l’atelier Art Tissage Tam.

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Aurélie Dorard, Céramiste

Aurélie Dorard est une femme délicate au physique fragile. Elle parle tout doucement et bat des cils quand elle vous explique sa nouvelle passion: la céramique. Il est difficile de l’imaginer dans ses vies (hyper actives) antérieures.

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Aurélie a débuté dans une agence de pub en tant que graphiste, puis elle a monté et tenu en parallèle une librairie d’art (l’incontournable The Lazy Dog), une galerie et une maison d’édition. Derrière sa petite carrure se cache en fait une force de la nature.

Au bout de huit ans herculéens, elle a tout laissé de côté pour se consacrer à une activité calme, presque monacale.

Niché juste en dehors de Paris, dans une belle maison bourgeoise, son atelier est ouvert sur une court verdoyante. C’est un lieu aérien et terrien qui lui va bien.

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Elle passe ses jours à tourner et façonner de nouvelles formes, à travailler l’argile, le grès ou la porcelaine, dessinant dans ses cahiers, testant les couleurs, mettant en pratique la vision voltairienne de « cultiver son jardin ». Elle s’est construit une bulle, un univers ou tout est beau et paisible.

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Elle a choisi une voie nouvelle, suivie par tant d’autres en ce moment. Ce n’est plus tout à fait le retour à la terre des années 70. Il ne s’agit pas de fuir la ville, puisque beaucoup choisissent de rester dans la jungle urbaine. Il ne s’agit pas non plus de se couper du monde, puisqu’ils restent ultra connectés.

Il s’agit plutôt de rester dans le monde réel et d’y participer tout en changeant la façon dont on interagit avec. Il s’agit de choisir une vie qui semble avoir plus de sens, d’être en phase avec ses valeurs, pour pouvoir prendre soin de soi physiquement et psychiquement.

Il s’agit de changer de perspective.

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Atelier Aurélie Dorard

http://aureliedorard.com/contact/

La cuillère à café Aurélie Dorard.

Elle est petite, rondouillarde, biscornue, mi-matte, mi-brillante et on l’aime d’Amour

C’est la céramiste Aurélie Dorard qui a fait naitre cet objet du désir. Une petite cuillère en porcelaine blanche, mi-biscuitée, mi émaillée, aux courbes organiques et aux angles graphiques avec un petit côté tribal.

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Elle sera parfaite pour notre café du matin, dans une de ses tasses de la nouvelle collection Pollen, aux influences tachistes.

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Letter Press Paris

 

Au fond d’une vielle impasse du vingtième arrondissement parisien, se cache un atelier qui perpétue l’art de l’impression typographique, l’atelier Letter Press de Paris.

De vieilles Heidelberg du XIXème siècle ronronnent doucement, bercées par les effluves terpéniques. Elles s’apprêtent à faire émerger de leurs rouages les dernières créations du studio graphique Daniella. C’est qu’au delà de toute la tradition et du savoir faire dont l’atelier Letter Press De Paris est porteur, il réside une vraie volonté de challenger une pratique artisanale qui tend à disparaitre, pour la revivifier.

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Les artisans sont confrontés à des papiers atypiques, aiguisant leur approche polychromique. Ils sont mis en présence des univers d’artistes issus d’univers très variés : BD, street Art, Graphisme…Ces artistes recherchent le supplément d’âme qu’apporte la technique d’impression typographique, ces creux et ces bosses, ces irrégularités dans la prise de la couleur. Ils font l’unicité du travail de l’atelier.

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C’est un travail d’orfèvre, ou chaque réglage est minutieusement exécuté. L’impression typographique demande un savoir-faire qui devient monnaie rare : seule une poignée d’hommes en France connaissent encore le métier. Ils ont une maitrise parfaite de la machine avec laquelle il travaillent en parfaite symbiose. Une machine vielle de cent ans qui ne se fabrique plus. Les pièces abimées sont rafistolées avec des élastiques, des bouchons en lièges ou n’importe quel autre artifice. Chacun a ses petits tours de magie.

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Après les derniers ajustements et réglages, la monstre mécanique a été lancé. Le résultat est spectaculaire: vif, texturisé, défini. Une technique ancienne au service d’une forme d’expression très contemporaine.

Cette illustration est la dernière d’une série de quatre, exposée et vendue en série limitée à la galerie de Daniella.

Les carnets Elam

Nous adorons les cahiers. Nous les collectionnons, les amoncelons, les gardons jalousement pour ce voyage à venir, ce projet en tête…Ceux-ci en particulier.

Chaque feuille de papier italien vergé des carnets Elam est découpée à la main puis cousue une à une dans un atelier de reliure traditionnelle au savoir-faire de plus d’un siècle.

Les couvertures épaisses sont imprimées d’encres aux couleurs riches, souples. Ils disent que ces carnets durent toute une vie. Des gardiens du souvenirs.carnet_elam2

Poupée de porcelaine de Delphine Iskandar

Figer la beauté, lui offrir grâce à une enveloppe de porcelaine délicate une vie en suspens. C’est l’approche qu’à choisi Delphine Iskandar pour créer ses bijoux aériens.

Elle transforme les fleurs sauvages qui poussent partout en œuvres d’art. Elle métamorphose le commun en précieux, et force notre regard en direction de ce qui est invisible.

poupee2Elle dit qu’elle travaille la céramique pour se « laisser toucher par la beauté ». Une belle philosophie qui nous plait, car elle suggère que la beauté est partout, pour autant qu’on veuille bien se donner la peine de garder les yeux et l’esprit grands ouverts.

Découvrez ses créations  Le Clos Barrat 46160 Calvignac

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