Tous les articles par Mots Hélène Borderie, Images Julie Berranger,

Playlist #3 Klaxon Designers

Laissez vous entrainer au rythme de la playlist de Klaxon Designers. Une ambiance indie pop/rock dansante et élégante, qui va vous donner des ailes pendant plus de quatre heures!

  • Metronomy – Everything goes my way
  • Electric Guest – This head I hold
  • Giselle – Crave you
  • Koudlam – See you all
  • Woodkid – Iron
  • Husbands – Dream
  • Loïc Nottet – Rythm inside
  • Yeah Boy – Can’t get enough
  • Baxter Dyry – Claire
  • Duellum – The ISLD
  • Is Tropical – Dancing anymore
  • Lana Del Rey – Salvatore
  • Ben Kahn – Savage
  • …..Et plein d’autres titres, à retrouver ici :

**LET’S DANCE **

Klaxon Designers

Le duo toulonnais Klaxon Designers, composé de Sylvain Gauthier et Guillaume Fouret, s’est formé en 2014, mais leur complicité et leur envie de créer ensemble se sont nouées au Lycée de la Tourrache, au fil de leurs études en design de produit.

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Leur gout commun pour l’épure du Bauhaus et la recherche de fonctionnalisme les réunissent. Ils décident d’explorer la matière, qui sera désormais leur source d’inspiration et testent des alliances de matériaux : bois, métal, cuivre, béton… S’esquisse alors un travail ou l’artisanat et le design industriel vont s’associer pour créer un mobilier cohérent et simple, jamais sur-dessiné.

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Le duo conçoit et élabore ensemble des objets usuels, qu’ils modélisent ensuite eux même en bois ou en acier. Ils se tournent naturellement vers des artisans locaux, ferronnier, ébéniste, pour la réalisation de leurs petites séries auto éditées. Leur approche industrielle de la création se confronte à la pratique artisanale. Elles se répondent pour engendrer un processus de dialogue créatif, dont l’objet sort épuré jusqu’à l’os. La matière apparait lissée et modelée, mais reste brute. Ainsi le bois des vides poches Welcome est laissé nu ou teinté dans sa masse de noir, comme imbibé d’encre, laissant les veines dessiner des volutes douces et rompre les angles.

On retient aussi leur bougeoir 180° en laiton, usiné au tour numérique. En observant ses différents prototypes, on constate qu’il s’est débarrassé dans ce va et vient avec l’artisan de tous les détails qui auraient pu distraire l’œil et la main de sa fonction essentielle. Accueillir et diffuser la lumière, rien de plus, rien de moins.

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La lumière émerge d’ailleurs comme un fil conducteur dans le travail du duo. Ainsi Spoutnik et Good Morning, mettent en valeur un éclairage direct et chaleureux, rehaussé par la présence du bois brut et du métal découpé au laser. Là ou l’un enchâsse la lumière dans une cage légère, l’autre l’intègre à chevet de chêne. La lampe Hexa, hexaèdre dont la structure de bois est tendue de fils élastiques gainés de tissu, projette la lumière selon un motif tissé que chacun peut faire évoluer.

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Ce travail sur le fil devrait d’ailleurs prendre une nouvelle forme au cours de cette année 2017 grâce à une collaboration avec la créatrice textile et tisseuse Julie Robert. Un des nombreux projets de ce duo qu’il faut définitivement suivre de près.

Whole, manufacture de teintures naturelles

Avec Whole, Aurélia Wolff a imaginé un espace de création et d’expérimentation colorielle, écologique et artisanal, appliqué à l’art de vivre et à la décoration. Elle y intègre aussi bien un travail sur des textiles naturels tissés ou tricotés en France que sur la teinture végétale, qu’elle décline en une palette douce et poudrée.

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Après avoir assuré la direction artistique de sa marque de prêt à porter féminin, Rosa Tapioca pendant sept ans, Aurélia part à la recherche d’un nouveau support pour recevoir la couleur. Inspirée par ses échanges avec le chimiste Michel Garcia, grand spécialiste des teintures naturelles, Aurélia développe un savoir faire subtil de teinturière et expérimente dans un premier temps avec des végétaux qu’elle recycle. Les fanes de carottes parent le voile de coton d’un jaune orangé pimpant, les pelures d’avocat créent une nuance chair délicate.

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Développant des modes de fabrication totalement écologiques, basé sur le local, l’utilisation de tissus bio Français, Aurélia s’inscrit dans une vision qui va à l’encontre de ce que l’industrie textile moderne propose. Une réflexion à la fois esthétique, environnementale, humaine, économique et manufacturière poussée à son extrême. Un tout, qui valorise l’unicité de chaque pièce, teinte à la main patiemment.

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De fait, chaque coussin, chaque édredon, chaque couverture est unique. Les crêpes de laine, cotons, lins, tissés dans les Vosges, sont mordancés ou teints en mono-bain dans le laboratoire qui prolonge la boutique-atelier lumineuse du 86 Rue Jean-Pierre Timbaud à Paris. Les écheveaux de laine mérinos sont eux aussi teints dans ces bacs, avant d’être tricotés dans des ateliers partenaires, comme ces couvertures en pure laine vierge, dans le massif central. D’autres créations seront elles teintes en pièces, créant des motifs tachistes et des dégradés raffinés.

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Dans les bocaux du laboratoire d’Aurélia, s’alignent désormais sur la jolie paillasse carrelée de blanc, les extraits de garance, de rhubarbe, de bois de campêche, de cachou, de cochenille, de noix de galle et l’indigo et le pastel qui viendront créer la palette unique qui caractérise la marque. Un nuancier subtil de couleurs fondues. Le kaki côtoie le rose poudré, le gris orage un jaune bouton d’or, l’hirondelle, le brun terre de sienne. Les tissages réalisés sur le grand métier en bois qui trône dans la vitrine, égrènent ces nuances subtiles en traits fondus ou en motifs géométriques minuscules, sur des coussins et des tapis, réalisés à la commande.

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Forte du savoir-faire qu’elle possède, Aurélia a développé son atelier-boutique comme un laboratoire, ou elle poursuit des recherches textiles et colorielles en végétal pour des marques. Toujours à la recherche de nouveaux supports textiles pour ses créations, elle poursuit ses explorations en France, dénichant les rares manufactures perpétuant des traditions séculaires. L’atelier a aussi récemment commencé à proposer des formations d’une demi journée autour de la teinture végétale. Une occasion de découvrir Whole à ne pas manquer.

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Whole 86, Rue Jean-Pierre Timbaud Paris 11ème

Photos (c) Julie Ansiau

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Bruce Cecere : Iron Man

C’est chez Monsieur, atelier artisanal de bijouterie parisien fondé par Nadia Azoug, que nous avions remarqué ses réalisations: des vitrines imaginées ensemble et mises en oeuvre par lui. Ses écrins délicats de laiton et de verre, qui abritaient les bijoux aériens de Nadia, y créaient une atmosphère de boudoir raffiné.

Bruce Cecere, ferronnier d’art, possède un savoir-faire unique. Mêlant la légèreté du façonnage, héritée de l’école traditionnelle française de ferronnerie du XVIIIème, à une approche plus brute autour du travail de la forge et possédant un sens créatif aiguisé, Bruce Cecere sait rendre le métal vivant à bien des titres.

160725-bruce_cecere-335-copie160725-bruce_cecere-296-copieSon métier, Bruce Cecere s’y est formé depuis l’adolescence. Après un bac pro en tôlerie chaudronnerie, il réalise que sa véritable envie se trouve du côté de la forge et s’engage dans un brevet de maitrise auprès des Compagnons du Devoir. Un cheminement exigeant, qui l’amènera à travailler une fois diplômé dans des ateliers prestigieux, tel que celui du grand ferronnier d’art Joel Orgiazzi, tenant de la ferronnerie classique à la Française.

Désormais installé dans son propre atelier à Pantin depuis 2014, Bruce Cecere suit un cheminement personnel qui le pousse à expérimenter la plasticité du métal, avec ses clients architectes, designers, décorateurs, artistes. Ainsi au printemps dernier, lors des DDays, il a lui même choisi de collaborer avec le designer Samuel Accoceberry, dans le cadre des rencontres Péri’Fabrique.

De ce travail commun a émergé un projet de luminaire en métal, fin et élancé. Aux éléments bruts et industriels du métal patiné des trois branches sur balancier qui composent la structure de ce lampadaire, viennent répondre des abats jour plus sophistiqués. Fines feuilles de laiton perforé doré en bain, de laiton cuivré verni mat, pliées, ils viennent se poser délicatement sur l’acier oxydé. Cette collaboration met parfaitement en valeur la palette des savoir-faire d’un artisan tel que Bruce, qui en parfaite concordance avec un designer, peut faire glisser la matière du brutal à l’élégance dans un même objet pour créer une œuvre toute en tensions et en souplesse.

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Cette combinaison de savoir-faire et de passion, Bruce Cecere les transmet avec ardeur. Il nous fait visiter son atelier, ou s’accumulent arabesques de métal et croisillons d’acier délicatement noués de laiton, devant l’impressionnante forge, qui ce jour là restera éteinte. Le feu pourtant est un élément quasi mystique au cœur de l’atelier au travail et lorsqu’il nous décrit les attentions dont il est l’objet, lui qui doit être conduit et réglé en permanence, alimenté de charbon, on pense à ces flammes éternelles, gardiennes du sacré.

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Le métal y sera plongé afin d’atteindre la température qui permettra de le travailler. Les objets seront remis au feu perpétuellement pour les amener à la plasticité requise. Il faut prendre garde à ne pas laisser les pièces trop longtemps. Ne pas les bruler. Amener le fer à ce coloris jaune pâle, presque blanc. L’écouter aussi lorsqu’on le martèle, pour juger de sa densité. Un travail qui fait appel à tous les sens.

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Le fer devient plastique. Il est martelé sur l’enclume, plié, soudé, travaillé à l’étampe. On admire les marteaux, forgés par l’artisan, et auxquels il a imprimé la texture et le grain de roches granitiques. Il martèlera à son tour l’acier, le laiton, pour créer des motifs uniques.

La création est au cœur de la pratique de Bruce Cecere, qui sait ainsi renouveler son art, attirer à lui des créateurs reconnaissants son approche particulière et ses savoir-faire, mais aussi séduire de nouvelles générations de ferronnier d’art, qu’il prend plaisir à former.

Il a récemment travaillé avec Ron Arad à la réalisation d’égouttoirs à bouteilles compressés, en édition limitée, hommage à Marcel Duchamp et le luminaire Moon réalisé avec Samuel Accoceberry devrait être édité en 2017.

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Atelier Bruce Cecere – Ferronnier d’Art 29, Rue Cartier Bresson 93500 Pantin Tél : 01 48 46 76 82

Photos @ Nicolas Despi, Nicolas Lascourrèges et Alexandre Delamadeleine.

Edito #2 Fil Conducteur

Le 10 Novembre dernier nous avons présenté dans le cadre exceptionnel de La Villa Rose à Paris la première collaboration produite par The Artisans.

Elle a réuni l’artiste textile Meghan Shimek et la designer textile Anaïs Guery.

Un dialogue s’est établi entre les deux créatrices, un partage entre leurs univers artistiques guidé par les savoir-faire artisanaux qu’elles ont développés dans leur pratique; le tissage pour Meghan, la teinture à l’indigo végétal pour Anaïs, qui leur ont permis de créer un langage commun. Les savoir-faire comme fil conducteur, trame expressive d’une créativité orientée autour de la fibre. Six œuvres individuelles sont nées.

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Anaïs, habituée dans son travail de designer textile à travailler un fil transformé par le tissage ou le tricot, a expérimenté sur la matière brute des brins de laine cardée utilisée par Meghan. Inspirée par l’aspect vierge et duveteux du fil, elle a souhaité conserver le gonflant de la fibre dans le processus de teinture en lui imposant un minimum de manipulations.

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Travaillant autour des propriétés hydrophiles des nappes de laine cardée, elle a effleuré la matière avec son indigo, laissant la laine s’imprégner par capillarité, créant par les bains répétés des effets ombrés et dégradés. A d’autres moments elle a souhaité terminer les tissages de Meghan par une matière plus dense, en comprimant les fils et en les saturant de pigment. L’indigo devient palpable, il acquiert une nouvelle profondeur.

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Meghan s’est laissée porter par la texture et les reliefs si particuliers crées par les teintures d’Anaïs. Profitant des grands volumes de l’atelier et entourée par les créations d’Anaïs, elle a tissé un premier trio de pièces monumentales. L’indigo s’y exprime en enchevêtrements mêlants l’écru au bleu profond, rappelants les motifs dessinés par le sergé de la toile de Nîmes. Sur la seconde œuvre il se groupe en tâches puis va jusqu’à s’effacer totalement au profit de la fibre nue sur la troisième.

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S’inspirant des éléments décoratifs néo-classiques qu’elle observait dans Paris, Meghan a tressé les fils d’Anaïs en un lustre, imbriqué de lianes bleutées. Un clin d’œil à cette pièce ornementale bourgeoise par excellence, transformée en un mobile brut et organique.

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Photo Cedric Canezza

Nous remercions chaleureusement Anaïs Guery et Meghan Shimek de s’être pliées aux contraintes de cet exercice difficile, avec autant d’enthousiasme, de générosité et de talent. Nous remercions aussi La Villa Rose d’avoir si bien accueilli cette première collaboration.

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Les œuvres collaboratives sont visibles sur rendez-vous à Paris. Leurs prix peuvent vous être communiqués sur simple demande à hello@theartisans.fr.14993576_10109228814513554_868431354386581216_n

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Lou Perdigaou : Le macramé graphique de Justine Laurent

Si ce n’était le crincrin lancinant des cigales sous les pins parasols gigantesques qui abritent les maisons de leur ombre bienveillante, on croirait la Californie. La lumière crue et zénithale, brouillée par l’humidité de l’air qui laisse présager de la chaude journée à venir, l’air saturé de sel, les échos de la plage voisine, la petite maison claire au bout de l’étroite allée sableuse. Au bout du jardin un jeune homme range sa planche de kitesurf et Justine blonde et souriante sert un café fumant. La belle vie.

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Photo Clément Minair

C’est dans ce cadre inspirant que Justine Laurent réalise ses créations en macramé pour sa toute jeune marque, Lou Perdigaou, la perdrix, en provençal. S’éloignant de l’image folk que l’on peut avoir sur cette pratique, Justine y applique une rigueur quasi mathématique intrigante et séduisante. C’est en parlant avec elle de ce qui l’a amenée au macramé que l’on entrevoit des réponses. Jeune ingénieure maritime, Justine a choisi d’explorer d’autres pistes créatives que celles que sa vocation lui apportait.

Dans le macramé elle a vu une occasion de partir d’un fil, qu’elle choisit toujours blanc et de se laisser porter par l’inspiration offerte par les nœuds marins. Une déclinaison de combinaisons de nœuds sur le fil plat tressé qui dessinent des volutes, des tresses, des cibles et se décline en suspensions, en tentures murales. On la regarde répéter son geste avec régularité et précision, brassant de longues nappes de fil emmêlées, tirant d’un apparent chaos des motifs ayant la complexité de fractales.

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Photo Clément Minair

Justine a la tête pleine de projets, elle veut pousser plus loin son travail sur le bois et la céramique en association avec le macramé. Elle a d’ailleurs récemment réalisé des objets en collaboration avec la designer textile spécialiste du tissage, Julie Robert. Jouant de l’aspect mat et rugueux du grès, elles ont associé les fils de coton de Justine et les laines duveteuses de Julie, créant des suspensoirs délicats. Le bois blond et brut s’est transformé en d’élégantes étagères flottantes. Toutes ces créations appellent la cascade de végétal, pour créer de petites jungles suspendues peuplées de succulents et cactées.

Le parcours de Justine ne fait que commencer et l’on a envie de suivre ses expérimentations avec la matière. Son énergie et la clarté de sa pensée dessinent un chemin qui la portera loin.

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Laurence Le Constant, artiste et plumassière

C’est grâce à Philipe Atienza, avec lequel elle a collaboré à la réalisation de souliers fantastiques pour la maison Massaro, que nous avons fait la connaissance d’une alchimiste. Laurence Le Constant ne transforme pas le plomb en or, mais donne vie à l’inanimé et du poids aux plumes dont elle pare ses chimères.

Elle a commencé sa carrière en exerçant des métiers fabuleux qui n’existaient que pour elle. Après des études la menant de la Sorbonne à la chambre syndicale de la couture, Laurence a rejoint les ateliers de la maison Dior ou elle a créée la fonction inédite de designer de paillettes. Patiemment elle a défini la forme de ses précieuses pépites, fait naitre des teintes surréelles en patinant et oxydant la matière. Comme dans un conte de Perrault, elle se retrouvera naturellement chargée de broder la robe couleur du temps d’une célèbre chanteuse québécoise, moderne peau d’âne.

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Les entrelacs de son parcours mêlant intimement art et artisanat vont la conduire à expérimenter toujours plus loin. Sa maitrise technique assurée des métiers de brodeuse, plumassière et styliste vont permettre à son imaginaire fécond de s’exprimer dans des sculptures intenses et fascinantes, mais aussi sur des objets de mode d’un luxe irréel. Marcher sur des plumes, mettre des ailes à ses souliers.

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La plume est sa matière créative de prédilection. Mais loin de se faire éthérée et immatérielle, la plume de Laurence Le Constant vient nous titiller dans les recoins les plus éloignés de notre inconscient. Sur des formes animales ou humaines, qu’elle a sculptées et recouvertes des feuilles arrachées à des livres anciens qu’elle a chinés, Laurence colle patiemment une à une ses plumes. Ainsi, sur la trame de l’histoire cachée de ces pages encollées aux squelettes de ses œuvres, nait une nouvelle narration.

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Laurence se fait chamane et dans une transe créative, s’absorbe dans le passage d’un message, d’un souvenir, d’un ressenti qui remonte à sa conscience. Elle est fortement inspirée par les écrits de C.G. Jung portant sur l’élargissement de la conscience grâce à l’imagination active. Le décès de sa grand-mère adorée aura été un déclencheur essentiel dans son choix d’ouvrir son champ créatif. Elle qui l’avait toujours encouragée à poursuivre ses études artistiques, se place aussi de manière très subtile au cœur d’une inspiration ou l’on sent poindre l’ombre de la mort et la lumière du renouveau.

Elle se dit fascinée par l’univers du sculpteur David Altmejd et à la découverte du travail de dissection et de reconstruction produit par l’artiste montréalais on comprend la filiation. Mais aux créatures lycanthropes de ce dernier, ou la carcasse et le poil laissent apparaître la chair meurtrie, Laurence préfère une évocation plus sereine à laquelle la perfection graphique des plumes vient conférer une esthétique hypnotique.

Avec ses objets chimériques, transcendants des matières recyclées et organiques, la plumassière et artiste Laurence Le Constant élabore un reliquaire précieux, dans lequel l’esprit s’abime et se recueille.

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Husbands, costumes pour hommes

Libérer l’homme grâce au costume. Lui permettre d’affirmer sa personnalité et de se réapproprier son vestiaire en endossant un complet. Cela peut paraître une gageure, mais quand on rencontre Nicolas Gabard, créateur de la marque de costumes Husbands, on comprend comment le vêtement masculin le plus traditionnel peut s’ériger en élément de lutte culturelle et politique.

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Nicolas fait de la résistance. Bien sur, il sait que les jeans et le confort ont depuis longtemps gagné la bataille dans le cœur de ses contemporains, mais il a une mission. Il a laissé derrière lui une brillante carrière d’avocat par passion pour le vêtement masculin. Son amour de l’élégance masculine ne souffre aucune concession et c’est donc tout naturellement dans un pop suit en prince de Galles qu’on pourrait le croiser, arpentant les squares parisiens avec ses enfants.

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C’est en cherchant les racines de cet amour pour la chose sartoriale chez Nicolas Gabard que l’on comprend l’essence de sa marque. Son panthéon personnel s’articule autour de héros de son enfance et de son adolescence, tous liés par l’art de se faire une seconde peau des éléments les plus classiques du vestiaire masculin. Un art subtil de créer son vocabulaire avec des éléments d’alphabet stylistiques que l’on aurait pu croire surannés. Bien sur on y trouve l’impeccable Cary Grant en prince de Galles gris et bleu de chez Kilgour, French & Stanbury, plongeant, cravate au vent dans un champ de maïs.

On y rencontre aussi les protagonistes de ces « films d’hommes », souvent au bord de la crise de nerfs, dont bien entendu le magnifique « Husbands » de John Cassavetes fut l’un des précurseurs. Vincent, François, Paul, Max, César, chez Sautet sont les dignes frères d’armes des trois héros New-Yorkais de l’œuvre de Cassavetes. On y porte beau le costume sombre, la chemise blanche et la cravate étroite, même en pleine beuverie et les femmes sont d’une sensualité et d’une élégance affolantes. Pensez Gena Rowlands et Romy Schneider.

On croise Ian Curtis, dont Nicolas Gabard nous montre une photo qui l’inspire. Le charismatique leader de Joy Division, sur scène en pleine action et en nage, y porte un pantalon à pinces en drap de laine ceinturé haut et une chemise noire. Se succèdent dans cet album un Mick Jagger arborant un très sage pull marin rouge sur un pantalon de flanelle et bien sur, Serge Gainsbourg, mais « avant Birkin » précise Nicolas Gabard, au costume Renoma à rayures tennis, impeccable.

Se dessine alors en creux le portrait d’un homme à l’élégance understated. Il se fond en une parfaite symbiose avec ses vêtements et ne se préoccupe jamais de sa mise, car elle lui vient naturellement. Loin des codes stricts de l’élégance britannique et de la flamboyance de la sprezzatura italienne, Nicolas Gabard pense cet homme comme typiquement français.

Pour vêtir cet être irrésistible, Nicolas Gabard propose ce qui se fait de mieux en demi mesure. Les costumes, réalisés par un atelier italien, sont taillés dans les tissus les plus fins : Fox Brothers, JJ Hardy, Hields pour les laines ou encore Spence Bryson pour les lins. Chez Husbands l’entoilage intégral est de mise, il est seul à garantir la tenue et la longévité du vêtement, car ici on se construit une garde-robe.

On pourra la compléter en y associant des accessoires raffinés, boots en box calf ou en nappa, des cravates en maille, des écharpes aux jolies proportions.

L’art du tailleur des années 70 et ses héros Francesco Smalto, Ralph Lauren ont inspiré une nouvelle collection à Nicolas Gabard pour la saison prochaine. On attend avec impatience de pouvoir voler aux hommes un peu de cette liberté élégante nouvellement gagnée, en nous glissant nous aussi pourquoi pas dans un costume Husbands. Wives?

Philippe Atienza, bottier : En pleine lumière

Le lieu est vaste. Une haute voute de pierre de taille et de briques roses, baignée de lumière. C’est dans cet espace du viaduc des Arts, qu’il investit peu à peu que Philippe Atienza bottier, reçoit.

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Il est ici dans son élément. Cet ouvrage d’art du 19ème siècle, transformé en espace de création lui va comme un gant. Philippe Atienza est un homme attaché à l’histoire de sa corporation, à ses traditions et à ses savoir-faire, mais sans passéisme. Il est avant tout un homme ancré dans son époque et tourné vers l’innovation.

Il raconte sans nostalgie mais avec passion, son tour de France en tant que compagnon. Durant huit ans il sillonna la France et s’exerça aux multiples facettes de son art. On sent qu’il a l’amour de l’artisanat chevillé au corps. On s’écarte de la vision parfois muséale de l’artisanat d’art, véhiculée par tant de marques de luxe. Il aime a rappeler que jusqu’aux années 60 les souliers étaient tous réalisés individuellement par des bottiers. Pour lui il est important que ce métier reste vivant.

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Philippe Atienza nous parle de l ‘écoute qu’il faut savoir accorder au désir de l’autre. Elle est vitale, que l’on travaille étroitement avec des créateurs de mode, ainsi qu’il l’a fait pendant les 9 ans ou il dirigea les ateliers Massaro, ou que l’on cherche à satisfaire le souhait affirmé ou plus flou d’un client privé.

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Il marche sur une ligne très fine entre fantasme, bien-aller et création. Cela peut l’emmener très loin. On admire ces souliers aux talons absents, comme en apesanteur, avec leurs accents futuristes et leur air animal réalisés en collaboration avec l’artiste et plumassière Laurence Le Constant.

Son savoir faire s’exprime aussi sur des pièces de facture plus classique issues de sa nouvelle collection : escarpins aux courbes parfaites, tennis souples et racées, en cuir, sandales minimalistes au généreux compensé… mais aussi dans une série de talons aux détails géométriques sculptés puis moulés et coulés en résine. La palette créative semble infinie tant la technique est maitrisée et l’imagination fertile.

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Il nous fait découvrir des machines anciennes, collectionnées et restaurées patiemment, qu’il utilise quotidiennement. On parle alors de bourrelier, riveter, de machine à remplier, à refendre le cuir. Les mots se bousculent et il cite ce poème d’un bottier toulousain du 18ème siècle qui déclare sa flamme à sa mie en termes techniques.

On quitte l’arche lumineuse de Philippe Atienza, ses trésors de cuir, ses formes en bois et ses machines rutilantes, l’odeur de graisse, de colle et des peaux. On le laisse à son bureau, taillé dans une poutre ayant appartenu à l’hôtel particulier de Madame de Maintenon. Un peu étourdies et grisées, comme des jeunes filles sur leur première paire de talons hauts.

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Philippe Atienza Bottier
53, Avenue Daumesnil 75012 Paris
06 80 21 48 98

Playlist #2 : Anaïs Guery

Plongez vous dans l’atmosphère feutrée de l’atelier d’Anaïs Guery avec sa playlist mélancolique et planante.

  • This is the Kit – Greasy goose
  • Sharon Von Etten – Like a diamond
  • Bombay Bicycle Club – Jewel
  • Abigail Washburn – Prelude
  • Rhye – Open
  • Lonely Drifter Karen – Appetite
  • Mercury Rev – Holes
  • Sibylle Bayer – William
  • Cannons – Youth Lagoon
  • Jesca Hoop&Guy Carvey – Murder of birds
  • Petit Biscuit – Oceans
  • Sebastian Blanck – I blame Baltimore
  • Emmi Leisner – Dank sei dir Gott

A écouter tout doucement, en boucle….

>>PLAY>>

Fiber Art : Le fil comme métaphore

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Par nos rencontres avec des artisans et artistes textiles, tels que Meghan Shimek, nous avons découvert une variété de pratiques autour du fil. Nous avons souhaité ici vous livrer notre approche d’un art foisonnant depuis la seconde moitié du XXème siècle, à la frontière de l’art et de l’artisanat.

En paraphrasant le titre de la fameuse exposition de l’artiste Sheila Hicks, Weaving as methaphor, on définit d’entrée de jeu le potentiel d’expressivité symbolique de l’art textile.

Dépassant leurs origines utilitaires et sortant du cercle familial, les travaux d’aiguilles portent un message. Platon, commentant les fêtes des Panathénées, pendant lesquelles le péplos brodé par des jeunes filles est porté en procession pour vêtir la statue de la déesse Athéna, souligne le caractère hautement symbolique de ce tissage, métaphore de la cohésion sociale athénienne et du politique.

Tout dans cet art du tissage semble en effet représenter la vie de la cité. Depuis le cardage, qui sépare les fils, créant des unités individuelles, comme celles qui composent la société, jusqu’à leur entrelacement, nécessaire union des différences qui créeront le lien social.

Très tôt, le textile, notamment la tapisserie devient terrain d’expression narrative, y compris dans la sphère du foyer. Très tôt aussi, il va dépasser ce cadre et exprimer la personnalité, les émotions et aspirations de sa créatrice. L’art textile demeure en effet un art essentiellement féminin et hautement féministe.

Les techniques, qu’elles soient de broderie, de tricot, de crochet, de patchwork, de tissage, transmises de femmes en femmes, souvent dans un contexte familial, vont être détournées peu à peu par des artistes féminines, qui y trouvent un terrain d’expression plastique malléable et accessible. La charge symbolique féministe, mais aussi celle liée au fil, à ses entrelacements, à ses tensions et à ses croisements, fournit là un matériau riche pour constituer un récit.

Tissage

Le tissage occupe une place particulière dans l’art textile. Par son entremêlement de fils de chaine et de trame, association du vertical et de l’horizontal, de ce qui sous tend et de ce qui soutient, du noué et du libre, du visible et du caché, le tissage possède une capacité de projection symbolique importante. La mise en tension de deux fils, celui de l’inconscient, du rêvé et celui du parlé, de l’histoire contée.

La multiplicité des techniques, permettant la figuration la plus fine, aussi bien que l’abstraction, la mise en volume comme l’aplat et la palette des matériaux utilisables, rendent cette technique à la plasticité extrême très prisée.

Dès les débuts du mouvement Bauhaus, le tissage s’affirme comme un medium d’expression artistique à part entière, notamment grâce à l’influence de l’artiste et tisserande Gunta Stölzl. Elle enseignera de longues années à l’atelier de tissage fondé par le groupe.

Anni Albers, artiste éminente du mouvement, construit une œuvre textile composée de pièces immenses et de pièces décoratives plus modestes, utilisant des matériaux naturels mais aussi industriels et synthétiques. Le lin, la laine, le crin, les fils métalliques et la cellophane, y dessinent en des formes géométriques la lumière du jour changeante, les méandres de la pensée et du langage, et la topographie des villes.

Le travail sculptural de Lenore Tawney, offrant, grâce notamment à sa technique de tissage à chaine ouverte, une approche unique des volumes et des jeux de transparences, va ouvrir la voie à des artistes utilisant tous les avantages de la plasticité du fil, tels que Sheila Hicks.

Sheila Hicks occupe une place particulière dans le fiber art. Ses entrelacs soumis à la gravité créant des images fortes, sa façon d’emplir l’espace de cascades de nœuds et de filaments pour créer de véritables sculptures et son travail sur l’architecture du lieu qu’elles occupent, en font une plasticienne du fil. Qu’il s’agisse d’énormes écheveaux aux teintes vives, de ballots et d’amas de fibres colorées ou de lianes entremêlées de cordages, le fils se donne à voir dans tous ses états.

Patchwork

Jean Ray Laury, fût une des premières artistes dans les années 60 à s’exprimer grâce à ce medium souvent associé, de façon un peu limitative, à la vie domestique des colons américains et à sa narration. Son travail mélangeant une approche classique du patchwork avec celles moins conventionnelles du collage et même de l’impression, décrit ses engagements politiques et féministes.

Des procédés repris notamment par l’artiste Tracey Emin dans ses œuvres utilisant les techniques de patchwork, telles qu’Hôtel International ou I do not expect to be a mother. Reprenant le fil narratif souvent associé à cette pratique, s’adaptant parfaitement au caractère très personnel et en même temps universel de son œuvre, elle y inclut des bribes de phrases liées à des situations vécues, provocant un effet de contraste entre la dureté des propos et la familiarité réconfortante du support.

Broderie

La broderie, associée dans l’imaginaire collectif à l’univers domestique féminin, a été portée au rang d’expression artistique par une poignée de femmes dans les années 70.

Hessie, artiste franco cubaine l’utilise en des répétitions de motifs, créant un langage complexe. Son utilisation de motifs de boucles produit un effet d’aliénation. L’artiste Milvia Maglione a elle conçu son travail d’aiguille comme des hommages à ces brodeuses du quotidien en les magnifiant dans ses ex-votos brodés de fils et de photos.

 Maille

Le travail de la maille, qu’il s’agisse de tricot ou de crochet connaît un renouveau depuis une vingtaine d’années.

La sculptrice Janet Eckelman modèle grâce à de gigantesques filets des volumes qui interagissent avec l’environnement urbain. Leur souplesse et leur douceur tranchent avec l’angularité de leur environnement architectural. Son travail sur des formes géométriques complexes, créées de façon intuitive et sur la couleur, donne naissance à des espaces de calme et de contemplation, où l’on croit voir surgir des aurores boréales textiles.

La géométrie peut d’ailleurs se faire art et utiliser le fil comme médium. La mathématicienne et artiste Daina Taimina a élevé le crochet à un nouveau stade. Elle a modélisé en crochet des plans hyperboliques, conceptualisés par la géométrie non euclidienne, mais impossibles à représenter physiquement. Portée par l’accueil unanime de la communauté scientifique, mais aussi par le plaisir qu’elle retirait de l’utilisation de cette technique transmise par ses ainées, elle a développé un travail artistique basé sur la géométrie et la représentation de plans hyperboliques symétriques.

 La maille a investi nos rues et le Yarn Bombing, graffiti textile, s’exerce comme une forme de réappropriation de l’espace urbain par des tricoteuses. L’apparition du fil ouvragé crée un effet de surprise, souvent humoristique ou parfois plus revendicatif.

Magda Sayeg, détourne les objets recouverts de leur fonction originelle. Des objets utilitaires, du mobilier urbain, des véhicules prennent soudain une dimension sculpturale de façon totalement inattendue.

Le mouvement britannique Knit The City revendique une approche plus spontanée de trublion. Ses membres se sont fixés comme objectif d’investir le terrain urbain en créant la surprise et le décalage, de créer de la vie dans les rues et de provoquer le dialogue autour de leurs détournements.

Toutes ces Pénélopes, modernes alter ego de celle qui par son travail d’aiguille a dominé son destin, racontent des histoires personnelles, engagées. Elles tissent un récit foisonnant et élèvent au rang d’art, des pratiques souvent associées au privée et au domestique. Suivez le fil.

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Anaïs Guery, au fil de l’indigo

 

Anaïs Guery, c’est d’abord une présence forte et une beauté saisissante. Le feu pâle de sa longue chevelure, son regard droit ; son allure hiératique entre Orient et Renaissance flamande dans sa veste bleue matelassée, ceinturée haut sur la taille lui confèrent une élégance folle, hors du temps. Sa voix au timbre posé et un peu trainant, ses gestes déliés finissent de séduire.

Par ce jour de canicule, on pénètre dans la cour ombragée de son atelier où son assistant, vêtu d’une blouse blanche de chimiste, prépare avec application une cuve d’indigo. L’indigo, elle l’a vraiment rencontré pour la première fois en collaborant avec Catherine Legrand à son ouvrage de référence sur le sujet. La créatrice de la Bonne Renommée, passionnée par cette couleur, a chiné inlassablement des pièces au cours de ses voyages. Une collection aux nuances sombres, difficiles à capturer photographiquement, qu’Anaïs illustrera en aquarelles. Mais le bleu était déjà présent dans son travail et accompagnait de façon exclusive ses dessins depuis longtemps.

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Anaïs entreprend l’indigo comme une alchimiste. Elle confie aimer cette idée de l’expérience réactive, du bain transformatif, qui fait écho à ses expériences photographiques argentiques. Une certaine perte de contrôle accompagne ce processus, car le résultat n’est jamais véritablement reproductible. Un aléa qu’Anaïs place en contraste avec celui du travail sur la construction du vêtement ou, un même geste maitrisé produit systématiquement le résultat escompté.

Elle n’entretient pas avec l’indigo une relation trop révérencieuse. Elle aime les irrégularités, les imperfections du pigment sur l’étoffe. Elle teint de grands métrages de toile, obtenant des variations dans la couleur avec lesquelles elle aime jouer, en les plaçant dans la coupe de son vêtement. L’indigo est le fil conducteur, d’une collection à l’autre autour duquel vont s’articuler les pièces. Il se déclinera sur des matières lourdes, comme ce velours chenille emprunté à l’ameublement ou sur des fibres éthérées, comme ces twills de soie coupés en biais. Elle le fait dialoguer avec d’autres teintes, pour mieux le faire vibrer. Des rouges profonds, des noirs graphite, des écrus doux.

Les expérimentations sur le textile sont une source d’inspiration permanente pour Anaïs. Au fil des collections qu’elle crée pour sa marque a.guery depuis 2014, elle poursuit un travail d’artisan/chercheur. Elle n’hésite pas à convoquer autour de ses créations des pratiques artisanales inédites et parfois inattendues. Ses vêtements s’ornent de brandebourgs réalisés selon des techniques de tressage japonais, de boutons en porcelaine mate aux motifs floraux réalisés par l’atelier Pièces Unique.

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Son amour pour la matière et la coupe, Anaïs l’a affirmé lors de son parcours éclectique dans des maisons de couture françaises : Dior, Balenciaga, Cacharel. Sortie diplômée de l’école des Arts Décoratifs et de l’Institut Français de la Mode, elle ancre dans ces maisons son amour pour le geste artisan, le bien fait, l’unique. Il est devenu central dans son travail et lui permet d’exprimer un univers dont les sources d’inspiration se situent dans l’émotion que lui procurent une œuvre, une chanson, le détail d’un vêtement ancien ou une silhouette croisée dans la rue. Sur les mood boards qui ornent son atelier, on ne trouve quasiment aucun vêtement. Ceux présents ornent une madone, le corps du danseur Nijinsky…

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L’action painting et ses projections de peinture spontanées, lui ont inspiré un travail de martelage du textile, d’impression en réserve, de glacis et de marquage à la feuille d’or. Une recherche textile saisissante, menée par Anaïs Guery qui s’associe au savoir-faire du doreur Hubert Jouzeau. La toile de lin destinée aux châssis des peintres est teinte d’un indigo profond puis éclaboussée de feuilles d’or qui se posent en amas. Vibrations transcendantes du bleu et de l’or. Brouillage entre le noble et le trivial.

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Récemment, cette recherche a menée la créatrice au Bangladesh sur les traces de Living Blue, coopérative d’artisans regroupant la culture et l’extraction de l’indigo, mais aussi la teinture végétale et la broderie. Là, dans l’atelier situé au milieu des rizières et des champs d’indigo, Anaïs Guery a collaboré avec des artisans locaux sélectionnés pour leurs savoir-faire. Travaillant autour des étoffes teintes et façonnées par les artisans, utilisant un travail entre broderie et matelassage, Anaïs a expérimenté, créant par son approche de la coupe, une collection aux ampleurs aériennes et dansantes.

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ANAIS GUERY
contact@aguery.com
http://www.aguery.com/

Meghan Shimek, Fiber Artiste : Féminin Singulier

Meghan est libre comme l’écheveau soyeux de laine cardée qui s’anime entre ses doigts. C’est de cette liberté qu’a émergé un travail sensible, fort et sensuel, qui se démarque véritablement dans le paysage contemporain.

 Le tissage s’est imposé à Meghan Shimek comme une évidence il y a maintenant plus de trois ans après des expérimentations avec le crochet et le tricot. Sa soif de partage et de rencontres et son désir d’apprendre l’ont poussée à s’initier auprès de tisseurs et d’artistes traditionnels et contemporains. Des femmes Navajo de la réserve voisine de sa maison dans l’Arizona, elle a appris les techniques vernaculaires empreintes de tradition animiste et de cosmologie. A San Francisco elle a suivi l’enseignement de Tricia Goldberg et à son contact s’est infusé d’œuvres d’artistes notamment du Bauhaus, tels que Josef Albers.

Les tissages de Meghan racontent des histoires fortes de liens rompus et recrées, de perte et de guérison. Weaving and healing, sont des mantras qu’elle égrène tout au long de ses œuvres. Elle conte des moments de vie, une pratique qu’elle prolonge d’ailleurs dans la lecture des tarots qu’elle pratique. Saisies par les parallèles mythologiques, on évoque avec elle les Moires, ces trois sœurs faisant partie des divinités grecques, qui tissaient le destin des hommes et scandaient les transitions rythmant la vie humaine avec leurs fils.

Pour Meghan d’ailleurs le tissage reste principalement une affaire de femmes. Pas par rejet du masculin, mais par le lien fort qui se crée dans cette sororité, issue de la longue tradition féministe du Fiber Art.

 Tout au long de son œuvre, Meghan raconte une histoire de femme, la sienne. Elle aime travailler sur l’inconfort du corps et des sentiments. Créer dans un mouvement quasi chorégraphique. Le tissage comme voyage, comme une errance qui retranscrit, avec ses changements soudains de matière, de couleurs, la cassure, la fin d’un lien que l’on pensait éternel, l’insécurité. Soudain il s’offre comme un cocon protecteur, un havre ou se reconstruire.

C’est Rove, la collaboration pour une galerie de San Francisco avec l’artiste Babette DeLafayette, qui a permis à Meghan d’exprimer pleinement dans son art ses sentiments profonds autour de la disparition de son père et de la fin de l’union avec l’homme qu’elle aimait, dans des pièces aux volumes gigantesques et aux liens tressés qui s’entremêlent.

Un acte transformatif perceptible dans ses immenses tissages dont les ondes pulsatiles nous envoutent et dont la fibre moelleuse nous invite à nous lover.

Stage de tissage avec Meghan Shimek

Meghan Shimek est une fiber artiste qui vit et travaille à Oakland en Californie.

Au travers de l’utilisation de techniques traditionnelles et vernaculaires de tissage auxquelles elle s’est initiée, mais aussi d’une approche intuitive, guidée par les sensations, elle crée des œuvres organiques ou la mémoire physique des personnes et des lieux mais aussi le mouvement libéré, se traduisent en formes abstraites de fibres et d’objets entremêlés.

Pendant une demi journée, Meghan vous transmettra les techniques de base de tissage et vous accompagnera dans la réalisation de votre propre création. Vous repartirez avec une œuvre unique crée par vous.

Les ateliers auront lieu par demi journées les 11 et 12 Novembre 2016 de 14.00 à 18.00.

Meghan propose aussi une demi journée d’atelier pour les enfants le dimanche 13 Novembre de 14.00 à 16.00

Les ateliers auront lieu chez Good Manners 13, Avenue Daumesnil 75012 Paris

Contact hello@theartisans.fr

Inscrivez vous grâce au formulaire ci après, nous vous enverrons un lien de paiement via Paypal. Coût de la demi journée adulte 160 Euros TTC. Atelier enfants (de 5 à 10 ans) 30 Euros TTC

ATTENTION, L’ATELIER DU VENDREDI 11 NOVEMBRE AINSI QUE L’ATELIER ENFANTS SONT COMPLETS.

Photographie @ Erin CongerErin Conger 5.jpg

Distillerie de Paris

C’est l’odeur d’abord qui saisit. Quelque chose d’herbacé qui rappelle l’artichaut, le foin humide aussi. C’est dans la cuve que ça se passe, sous nos pieds, à fond de cale un homme s’affaire et mélange un bouillon fumant, une bière lourde et mousseuse.

Mais c’est devant nos yeux que ça rutile et que ça capture la rétine. L’ambre doré du corps de chauffe, les hublots illuminés du condenseur où l’on voit circuler le liquide translucide. Nous sommes dans le Nautilus et le capitaine Némo est bouilleur de cru.

julhes3Nicolas Juhlès, le fondateur de Distillerie de Paris est unique en son genre. Le seul à voir jamais obtenu l’autorisation de distiller dans la capitale. Son alambic Holstein porte fièrement son numéro 1. Il se rêvait nez et quand on l’entend parler de ses expérimentations olfactives, cela semble une évidence.

C’est dans les associations d’arômes et les expériences olfactives et gustatives que Nicolas Juhlès excelle. De ses expéditions matinales parmi les étals de marché, il rapporte des matières premières qui lui inspirent des associations inédites. Il distille l’érable canadien, la mélasse sud américaine, l’agave, le vin de Folle-Blanche. Il marie les agrumes, les épices, le quinquina, le miel issu de la ruche qui se trouve sur son toit.

julhes2C’est dans cette liberté offerte par ce système de micro distillerie que Nicolas Juhlès s’épanouit. Des petites quantités, du sur-mesure, qui offrent une infinité de possibilités et de mélanges qui correspondent bien à ce que ce quartier de Paris a à offrir.

On passe de l’Afrique gare de l’est à l’Asie passage Brady, on fait un crochet par la Turquie dans la « Petite Istanbul » tout cela patiné par la tradition d’épicerie fine de la famille Juhlès. Paris se transforme en un formidable terrain de jeu, plus qu’en terroir et le rayonnement créatif et culturel de la ville appelle à faire participer aux expériences pâtissiers, parfumeurs, chefs et à envisager de faire vieillir pourquoi pas certains fûts dans des endroits uniques : caves de l’Opéra, sous sol de l’Arc de Triomphe, sur une péniche qui sillonnerais la Seine.

On rêve de capturer la part des anges qui s’évaderait de ces fûts là.

Distillerie de Paris à déguster chez Juhlès Paris
54, Rue du Faubourg Saint Denis 75011 Paris

Edito#1 Tous artisans

 

Fabriquer de ses mains. Laisser libre cours à sa créativité. Apprendre pas à pas, s’initier avec d’autres, partager des savoir-faire et renouer un échange et un dialogue perdus.
Rentrer dans un état quasi méditatif en se laissant porter par la répétition des gestes et la lenteur nécessaire. Voir la matière s’animer, prendre vie sous ses doigts et l’objet émerger.

Une envie de devenir des fabricants, des « makers », saisit un nombre croissant d’entre nous qui nous questionnons sur le sens de notre travail et notre rapport aux objets.
Un grand mouvement est en marche qui d’ateliers en fab labs, réunit des individus persuadés que l’avenir est dans ce changement de perspective personnelle et collective; qu’il faut reprendre en mains la production d’objets, sortir de l’ère industrielle, partager les savoir-faire et mettre en commun nos expériences et nos découvertes, revenir à un rapport de personne à personne et être conscients de l’empreinte que nous laissons.

Les femmes et les hommes que nous avons rencontrés ce mois ci ont pour la plupart fait le choix de laisser derrière eux une vie professionnelle en col blanc pour s’initier à des savoir-faire artisanaux et devenir ce qu’ils rêvaient d’être.
Nous espérons que leurs histoires et leurs créations vous inspireront.
Bonne lecture,

The Artisans

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Magie bleue

Évoquer l’indigo, c’est faire s’animer dans notre esprit des images enchevêtrées d’Orient, d’Afrique et d’Occident. Sa magie s’est opérée auprès de tant de peuples et dans des usages si variés, du plus raffiné au plus quotidien, que sa teinte si particulière recèle auprès de chacun un pouvoir d’évocation fort. Il aura donné leur nom aux hommes bleus des Djebels africains, mais aussi la teinte inimitable de la toile sergée de Nîmes, devenue uniforme indémodable grâce à la ruée vers l’or américaine et à un certain Levi Strauss.

Indigo-2L’Europe du 19ème siècle s’entiche de bleu et l’Indigo, désormais seul pigment capable de le produire est incontournable. L’Europe guerrière s’uniformise aux couleurs de l’horizon, celle des campagnes se drape de lin laminé aux reflets presque noirs et brillants, celle des usines s’échine sous les blouses aux nuances outremer et celle des salons se pare de toiles indiennes aux reflets lapis. C’est l’apogée des comptoirs lointains, l’Indigo Bengali est roi.

Mais c’est dans l’histoire des peuples qui le cultivent depuis des millénaires que ses secrets s’enracinent. Du Niger au Japon en passant par les Antilles, on récolte les rameaux de l’indigotier avant de les broyer et de les faire fermenter pour en exprimer le pigment pur qui sera vendu sous forme de boules. Ces pelotes d’un bleu profond portent des promesses trompeuses car l’Indigo ne se révèle pas si aisément. C’est cette fugacité de l’Indigo, cette difficulté à le maitriser qui lui vaudra d’être supplanté lentement pas l’Indigo synthétique.

L’Indigo véritable reste cependant inimitable. De par la variété de ses teintes, qui vont du bleu le plus fugace, à peine naissant, à ce que les peuples d’Afrique de l’ouest nomment le bleu divin, couleur de la nuit. Une couleur sacrée. C’est sans doute ce qui rend l’Indigo immortel. Il devient un sacerdoce, une pratique quasi rituelle.

Partout, dans des cuves en terre cuites, des bassines en fer, sur des braises à peine fumantes, le bouillon aux volutes bleutées est concocté avec soin et recueillement.

Indigo-4Il faut voir les teinturiers du Tamil Nadu gouter délicatement leurs cuves pour juger de leur qualité. Il faut contempler les maitres indigotiers japonais, s’incliner dans le plus grand recueillement en signe de respect et d’humilité pour le travail de la nature qui va s’opérer, devant le parfait tas de feuilles mises à composter.

L’Indigo est vivant à bien des titres. Au sens littéral tout d’abord, car pour l’amener à se livrer entièrement il faudra le solubiliser par un procédé reposant sur la fermentation. Cette étape délicate est accomplie de bien des manières, l’effet recherché étant la libération de bactéries dans la cuve d’indigo, permettant au pigment de s’exprimer et de se transférer de façon durable. Des cuves montées à base de cendres de bois du Laos au Mali, en passant par celles sucrées par des fruits blets d’Inde ou celles enrichies de son de blé au Japon, l’Indigo est matière vive et fragile. Dans une odeur acre il étreint de vert émeraude les fibres naturelles de soie, de laine, de raphia, d’ananas, de lin sur lesquelles il laissera son empreinte vive ou subtile selon l’âge de la cuve. C’est en le laissant s’aérer, s’oxygéner que le bleu de l’Indigo apparaît peu à peu. L’Indigo respire.

Indigo-2L’Indigo est bien vivant aujourd’hui par le travail acharné de femmes et d’hommes qui le cultivent, transmettent leurs savoirs faire dans leurs communautés et bien au delà, dans le respect des traditions mais aussi dans une volonté créative clairement ancrée dans la modernité.

Le travail d’Aboubakar Fofana, maître indigotier malien est en cela exemplaire. Cet artiste, grand calligraphe, passionné par ce bleu mythique l’explore depuis longtemps dans ses créations textiles graphiques. La ferme d’Indigo qu’il a crée au Mali entretien la culture de plants biologiques et associe le maintien d’une agriculture locale avec un atelier de teinture qui lui sert à transmettre son art. Il parcourt aujourd’hui le monde pour essaimer auprès d’un public de passionnés de l’Australie à la Grande Bretagne.

L’Indigo nous renvoie à une certaine perception de la temporalité et de l’expérience qui, dans nos sociétés occidentales trop préoccupées d’instantanéité et d’efficacité, nous fait cruellement défaut. Ce bleu se mérite, se trouve à tâtons dans des viroles d’une cuve fumante. Combien de cuves montées sans voir se former à la surface la « fleur d’Indigo », mousse légère et première étape du succès? Combien de bains, dont les étoffes ressortant d’un vert acide déroutant, nous font espérer et nous découragent, avant d’atteindre le graal du bleu profond de nos rêves?

Indigo-7Les maîtres teinturiers indigotiers du monde entier cultivent et renforcent cette incertitude de l’Indigo en créant des motifs aléatoires à l’aide d’éléments naturels qui vont marquer de leur empreinte les étoffes. A l’aide de petits cailloux, de brindilles, de liens, les toiles vont être contraintes, pliées, froissées, ligotées et garderont en réserve blanche sur bleu la marque de cette présence. Shibori du Japon, Bandhani indien, Let sénégalais, tous signent de façon unique le travail de l’artisan.

Indigo-3 L’Indigo est aussi vivant dans le travail de créateurs de mode qui ont choisi d’apprendre à le maitriser et d’en faire la base de leur travail. L’impossibilité de maitriser totalement le rendu, de reproduire deux bleus identiques, font écho à leur volonté de redonner du sens au vêtement, à une époque qui l’a rendu jetable. Comment vouloir se séparer d’une pièce dont le temps sublimera encore la teinte ? Impossible, l’Indigo ensorcelant vous a happé dans ses volutes bleutées.

Les volutes bleues indigo d’Aboubakar Fofana

Nos expérimentations avec l’indigo ici et là nous avaient fait graviter autour d’Aboubakar Fofana. Son travail était devenu pour nous incontournable et son compte Instagram nous offrait chaque jour des démonstrations de plus en plus éclatantes de son savoir-faire subtil. Il restait cependant insaisissable, happé sans doute par les workshops qu’il dispensait d’Australie à la Californie, sans relâche.

Il en devenait quasi mythique et nous évoquions régulièrement son nom dans nos conversations enflammées autour de l’indigo, quitte à passer pour de véritables groupies. Nous nous devions d’arriver à rencontrer celui qui sillonnait le monde entier pour transmettre son art.

Rendez-vous fût finalement pris dans les sous sol du Marché Noir à Paris ou il faisait escale pour la présentation de l’exposition commune avec l’artisan teinturier japonais Tatz Miki et trois jours d’un atelier intense. Indigoflash3

Dans une atmosphère sereine et studieuse, vêtu de sa tenue de travail, crée par ses soins et déclinant toutes les teintes de l’indigo, chaussé de Jika Tabi traditionnelles en cuir teinté de bleu, Aboubakar Fofana préside la séance au milieu de cuves au contenu précieux.

Nous découvrons grâce à lui une nouvelle approche, plus lente et plus recueillie que celles que nous avions déjà pu expérimenter autour de l’indigo. Les cuves qu’il a préparées quelques jours avant sont prêtes. Une mousse bleutée légère et dense à leur surface  indique que la magie de l’indigo pourra enfin avoir lieu.

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Il trempe avec douceur les bandes de tissu et manipule lentement l’étoffe sous l’eau opaque entre ses doigts pour imprégner le textile. Tout se passe de façon cachée, à l’abri de la lumière et de l’air. Cette première bande est immédiatement plongée dans l’eau claire ; une offrande que nous faisons à la déesse de l’eau, pour qu’elle nous accorde un travail sous les meilleurs auspices. Il en résulte un bleu à peine présent, un souffle couleur de ciel voilé.

Aboubakar Fofana travaille une couleur vivante, née dans les brumes et la mousse d’une cuve aux reflets sombres et profonds. Il sait à merveille véhiculer la tradition indigotière séculaire d’Afrique de l’ouest, auprès d’un public composé de néophytes ou d’étudiants plus expérimentés, tous en quête de ce bleu mythique si difficile à saisir.

Aboubakar4Sa maitrise de cet art délicat est une facette essentielle de son travail qui comprend notamment la calligraphie, par l’entremise de laquelle il s’est passionné pour les pigments naturels. Son désir de porter la culture liée à l’indigo végétal, mis à mal par l’indigo synthétique depuis le XIXème, l’a conduit non seulement au partage de ses savoir-faire par le biais d’ateliers, mais aussi à la création d’une ferme située au Mali. Une plantation indigotière y est née car Aboubakar souhaitait relancer une filière de production d’indigo végétal écologique dans son pays natal. Il y associe du coton biologique et crée un atelier qui réunit des artisans autour de la teinture et du tissage.

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Aboubakar travaille la couleur et la matière, en véritable plasticien. Cherchant inlassablement son inspiration dans la nature, réalisant des objets uniques ou la teinte se pose parfois en un fil à fil subtil, qui n’est pas sans rappeler les pleins et les déliés sa calligraphie, il écrit une partition moderne qui n’appartient qu’à lui.

Playlist #1: Blitz Motorcycles

Une playlist sur mesure pour partir sur les routes au hasard et faire souffler un vent de rébellion. ça marche aussi très bien à fond dans les écouteurs dans le métro!

– Another Brick in The Wall / Pink Floyd

– Fortunate Son /Creedance Clearwater Revival

– Real Hero / College & Electric Youth

– Little Lion Man / Mumford and Sons

– Spirit in the Sky / Norman Greenbaum

– Sweet Child of Mine / Guns and Roses

– Hard as a Rock / ACDC

– Thrift Shop / Macklemore feat. Wanz

– Pleasure Point / The Mattson 2

Recommendation: « tout cela dans le désordre, évidemment. »

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