C’est l’odeur d’abord qui saisit. Quelque chose d’herbacé qui rappelle l’artichaut, le foin humide aussi. C’est dans la cuve que ça se passe, sous nos pieds, à fond de cale un homme s’affaire et mélange un bouillon fumant, une bière lourde et mousseuse.
Mais c’est devant nos yeux que ça rutile et que ça capture la rétine. L’ambre doré du corps de chauffe, les hublots illuminés du condenseur où l’on voit circuler le liquide translucide. Nous sommes dans le Nautilus et le capitaine Némo est bouilleur de cru.
Nicolas Juhlès, le fondateur de Distillerie de Paris est unique en son genre. Le seul à voir jamais obtenu l’autorisation de distiller dans la capitale. Son alambic Holstein porte fièrement son numéro 1. Il se rêvait nez et quand on l’entend parler de ses expérimentations olfactives, cela semble une évidence.
C’est dans les associations d’arômes et les expériences olfactives et gustatives que Nicolas Juhlès excelle. De ses expéditions matinales parmi les étals de marché, il rapporte des matières premières qui lui inspirent des associations inédites. Il distille l’érable canadien, la mélasse sud américaine, l’agave, le vin de Folle-Blanche. Il marie les agrumes, les épices, le quinquina, le miel issu de la ruche qui se trouve sur son toit.
C’est dans cette liberté offerte par ce système de micro distillerie que Nicolas Juhlès s’épanouit. Des petites quantités, du sur-mesure, qui offrent une infinité de possibilités et de mélanges qui correspondent bien à ce que ce quartier de Paris a à offrir.
On passe de l’Afrique gare de l’est à l’Asie passage Brady, on fait un crochet par la Turquie dans la « Petite Istanbul » tout cela patiné par la tradition d’épicerie fine de la famille Juhlès. Paris se transforme en un formidable terrain de jeu, plus qu’en terroir et le rayonnement créatif et culturel de la ville appelle à faire participer aux expériences pâtissiers, parfumeurs, chefs et à envisager de faire vieillir pourquoi pas certains fûts dans des endroits uniques : caves de l’Opéra, sous sol de l’Arc de Triomphe, sur une péniche qui sillonnerais la Seine.
On rêve de capturer la part des anges qui s’évaderait de ces fûts là.
Distillerie de Paris à déguster chez Juhlès Paris
54, Rue du Faubourg Saint Denis 75011 Paris