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Mobiles, les bijoux aériens de Lucie Saint-Leu

Pénétrer à midi dans l’atelier surplombant un jardin prieural foisonnant et faisant face aux collines boisées du Mont des Oiseaux, de la créatrice de bijoux Lucie Saint-Leu, offre quelques clés pour comprendre comment une nature rayonnante continue de s’inviter chaque saison dans ses collections.

Depuis dix ans, la créatrice diplômée de L’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg où elle a étudié le bijou contemporain pendant 3 ans, façonne des pièces aériennes et pures, dans du laiton doré à l’or fin ou plaqué d’argent. Au fil des années elle étoffe une création ou l’abstraction des formes organiques, crée par l’épure et la répétition côtoie des représentations figuratives ou l’humain et l’animal s’invitent.

Inspirée à la fois par le foisonnement des fleurs et plantes et par l’ordre et la géométrie organique de la nature, elle décline cette saison une nouvelle collection de boucles d’oreilles, colliers et broches, qu’elle a nommée Mobiles.

Pour l’occasion la couleur, qu’elle avait un peu mise de coté ces dernières années, refait son apparition, jouant des transparences et opacités. De petites gouttes et sphères viennent se nicher au cœur de feuilles ou se déposer sur des pistils rutilants. L’améthyste, l’agate et la cornaline irradient et diffusent leurs rayons chatoyants, tandis que le jade, le corail et l’amazonite se nimbent d’un halo laiteux.

Comme les feuillages agités par la brise, ses bijoux pendulent et se balancent doucement, tels de délicats mobiles, ses boucles d’oreille Alexander sont d’ailleurs un joli clin d’œil aux œuvres de Calder. Reprenant aussi les formes stylisées, inspirées par la technique du papier découpé, qu’elle affectionne depuis ses premières collections, les boucles d’oreilles et colliers Camélia et Chloé dessinent les contours de grandes palmes ou la couleur vient se lover dans l’éclat des pierres fines.

Une belle collection, qui vient s’ajouter aux créations des années précédentes, que Lucie Saint-Leu continue de façonner à la main dans son atelier hyérois. Ses bijoux sont distribués en ligne sur son site mais aussi en boutique, notamment dans le multi-marques Initio à Toulon, mais aussi dans le très beau concept store déco/lifestyle Pour-Vous à Hyères.

 

Maison Godillot, l’invitation au voyage

Yui et Camille Boudot ont crée à Hyères une boutique qui incarne à la perfection l’esprit néo artisan. Un subtil mélange d’objets uniques qu’ils ont trouvés dans le monde entier chez des artisans et designers ou dans des entreprises perpétuant une production artisanale en petites séries. Une sélection qui ressemble à ce couple, éclectique et chaleureux qui nous accueille dans leur magnifique Maison Godillot.

Maison Godillot rassemble un univers très personnel autour de l’Art de Vivre et propose une sélection d’objets qui, de la Provence au Japon, en passant par la Californie combinent fonctionnalité et esthétique épurée. Chacun a une histoire, un créateur avec lequel ils ont vécu une véritable rencontre et entretiennent une relation d’échange autour de son travail. Chaque objet a nécessité la mise en œuvre d’une combinaison de créativité et de maitrise de savoir-faire uniques, que Yui et Camille se font un plaisir de narrer.

Le nom de leur boutique n’est pas le reflet de l’engouement de notre époque pour les appellations rétro. Il semblait évident pour eux d’adopter le nom donné par les hyérois à la Villa Saint-Hubert, ce curieux bijou architectural édifié pour l’industriel Alexis Godillot à Hyères à la fin du 19ème siècle et dont ils occupent un des magnifiques appartements. Pierre Chapoulart, l’architecte concepteur du projet avait, dans le plus pur esprit Art Nouveau réuni la fine fleur des artisans, céramistes, menuisiers, ferronniers, vitraillistes, pour créer cet édifice ; vibrante et singulière démonstration de leurs savoir faire.

Yui et Camille sont une incarnation moderne de cet esprit dérivé du mouvement Arts and Crafts. Volontairement dans leur sélection ils n’établissent aucune frontière entre Art et Artisanat, valorisant les capacités de conception autant que d’exécution des artisans qu’ils sélectionnent et croyant fermement que le quotidien peut être peuplé d’objets beaux et utiles. Ils opèrent non seulement un travail de curation au cœur de la production des artisans mais aussi de commandes spécifiques, qui donnent toute sa singularité à leur sélection. Ils renouvellent aussi la relation commerciale avec les artisans, en se faisant passeurs de leurs savoir-faire dans les portraits qu’ils réalisent pour présenter leur travail.

Ils viennent d’ouvrir leur première boutique physique, située dans une des plus belles avenues de Hyères, bordée par d’imposants immeubles Napoléon III aux frontons portés par des cariatides. Ils y ont crée une sorte de cabinet de curiosité moderne et épuré à l’esthétique minimale, qui tranche et apporte une respiration. Un lieu qui leur ressemble dans sa simplicité et sa clarté. Ils y mettent en valeur la collection d’objets qu’ils ont réunis.

Là, dans les alcôves de la grande bibliothèque ou dans les vitrines délicates on retrouvera les poteries de Pierre Dutertre et les céramiques en Raku de Jean-Philippe Razzanti, mêlées aux soliflores en bois d’olivier tournés ou en liège de Melanie Abrantes ou au furoshikis japonais aux motifs géométriques délicats. Un univers à découvrir.

 

MAISON GODILLOT

Du mardi au samedi de 10h30 à 18h30

Au 11 avenue des iles D’or
83400 HYERES

09 84 29 23 19 contact@maisongodillot.com

Happy Souls Garden, des meubles de jardin qui rendent heureux

Jean-Marc Herzel et Charlie Tribollet sont des âmes heureuses. De leur désir d’entreprendre à deux, sont nés des meubles d’extérieur en bois qui associent modularité, up-cycling, fabrication locale et économie solidaire. C’est le début de l’aventure Happy Souls Garden.

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Tous deux se sont rencontrés sur les bancs de la Kedge Design School à Toulon. Lui est ingénieur commercial et elle designer. Dès le départ ils souhaitent insuffler à leur entreprise les valeurs qui les guident. Ils aiment chiner et récupérer des objets qu’ils transforment. Ils sont dans une économie du peu, mais du mieux et s’entourent d’objets utiles et ayant du sens. Ils privilégient les matériaux naturels et les formes simples et intemporelles. Ils vivent entourés par la nature et ne marquent pas de frontière nette entre la maison et le jardin.

hsg2Ils expérimentent avec des palettes en bois, cet emballage industriel devenu incontournable, qui présente l’avantage d’être recyclable et réutilisable. L’aspect leur plait, mais les matériaux sont trop pauvres et ils se mettent à la recherche de fournisseurs locaux. Le bois provient du var et le métal vient d’Europe. Pour la fabrication ils s’orientent vers un atelier solidaire Hyèrois (ESAT), s’entourant des savoir faire d’ouvriers en réinsertion professionnelle.

Ainsi nait une première collection de meubles d’extérieur au style industriel, solides et entièrement modulables, qui vont meubler les jardins suspendus des Terrasses du Port à Marseille, en 2015. Pliables à plat, les sièges, tables basses, mange-debout ou jardinières se remontent en un clin d’œil, sans aucun outil. Depuis les commandes d’aménagement pour des évènements se multiplient.

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Jean-Marc et Charlie veulent maintenant pousser leurs recherches plus loin et faire évoluer les meubles vers des usages plus pérennes, développer l’aspect créatif et le confort. Charlie a fait l’acquisition d’un métier à tisser et avec la collaboration d’un autre atelier solidaire local, à La Garde, spécialisé lui dans le textile, elle récupère des bandes d’étoffes dont elle fait des coussins et tapis.

Enfin, pour boucler la boucle, les deux jeunes créateurs s’interrogent sur le recyclage de leurs objets et se sont mis à la recherche de filières qui pourraient trouver une nouvelle vie à certains de leurs meubles une fois usagés. L’idée germe de les transformer pour les faire renaitre dans des usages collectifs, tournés vers l’écologie, le jardinage partagé ou même l’habitat de secours pour les plus démunis. Un duo de  makers à suivre dans leur jardin rêvé avec les pieds bien ancrés sur terre.

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Lou Perdigaou : Le macramé graphique de Justine Laurent

Si ce n’était le crincrin lancinant des cigales sous les pins parasols gigantesques qui abritent les maisons de leur ombre bienveillante, on croirait la Californie. La lumière crue et zénithale, brouillée par l’humidité de l’air qui laisse présager de la chaude journée à venir, l’air saturé de sel, les échos de la plage voisine, la petite maison claire au bout de l’étroite allée sableuse. Au bout du jardin un jeune homme range sa planche de kitesurf et Justine blonde et souriante sert un café fumant. La belle vie.

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Photo Clément Minair

C’est dans ce cadre inspirant que Justine Laurent réalise ses créations en macramé pour sa toute jeune marque, Lou Perdigaou, la perdrix, en provençal. S’éloignant de l’image folk que l’on peut avoir sur cette pratique, Justine y applique une rigueur quasi mathématique intrigante et séduisante. C’est en parlant avec elle de ce qui l’a amenée au macramé que l’on entrevoit des réponses. Jeune ingénieure maritime, Justine a choisi d’explorer d’autres pistes créatives que celles que sa vocation lui apportait.

Dans le macramé elle a vu une occasion de partir d’un fil, qu’elle choisit toujours blanc et de se laisser porter par l’inspiration offerte par les nœuds marins. Une déclinaison de combinaisons de nœuds sur le fil plat tressé qui dessinent des volutes, des tresses, des cibles et se décline en suspensions, en tentures murales. On la regarde répéter son geste avec régularité et précision, brassant de longues nappes de fil emmêlées, tirant d’un apparent chaos des motifs ayant la complexité de fractales.

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Photo Clément Minair

Justine a la tête pleine de projets, elle veut pousser plus loin son travail sur le bois et la céramique en association avec le macramé. Elle a d’ailleurs récemment réalisé des objets en collaboration avec la designer textile spécialiste du tissage, Julie Robert. Jouant de l’aspect mat et rugueux du grès, elles ont associé les fils de coton de Justine et les laines duveteuses de Julie, créant des suspensoirs délicats. Le bois blond et brut s’est transformé en d’élégantes étagères flottantes. Toutes ces créations appellent la cascade de végétal, pour créer de petites jungles suspendues peuplées de succulents et cactées.

Le parcours de Justine ne fait que commencer et l’on a envie de suivre ses expérimentations avec la matière. Son énergie et la clarté de sa pensée dessinent un chemin qui la portera loin.

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