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Stage d’indigo avec Anaïs Guery les 22 et 23 Avril

Styliste de formation, Anaïs Guery à été formée à la teinture à l’indigo par Michel Garcia puis dans différents ateliers au cours de ses voyages, notamment au Bangladesh et en Autriche. Elle a «plongé» dans l’Indigo lorsque elle a travaillé avec Catherine Legrand sur les illustrations de son très beau livre «Indigo, périple bleu d’une créatrice textile». Depuis, ce bleu est au coeur de son travail.

La teinture à l’indigo naturel est une technique ancestrale très particulière pour obtenir des nuances de bleus très variées sur tissus naturels. Si vous êtes intéressé(e) par le textile, la teinture naturelle et le handmade, cet atelier sera un moment de découverte et d’expérimentations riche en possibilités pour vous. Si vous avez déjà pratiqué la teinture végétale, à base de plantes telles que la garance, le myrobolan ou autres, vous verrez que la technique de l’indigo a peu de choses en commun avec celles-ci. Il s’agit d’une technique unique.

Anaïs propose 2 formules accessibles aux débutant(e)s.

Workshop A : ‘Se frotter à l’indigo’ Initiation à la teinture à l’indigo végétal

Samedi 22 avril 2017 14h – 18h30 Nombre de places : 7

– Histoire de l’indigo et des différentes techniques en fonction des époques et des régions du monde – Réalisation de nuanciers sur coton/laine/soie
- Chaque personne travaille à la teinture d’un foulard

Prix : 125€ par personne incluant tout le matériel nécessaire (Comprenant un foulard en soie/laine et soie) Amenez votre tablier et une paire de gants ! Un acompte de 62,50 € payable via Paypal vous sera demandé à l’inscription. Le solde sera versé sur place le jour du workshop en chèque ou espèces.

    Compléter le bulletin d’inscription Workshop A

 

Workshop B : ‘Plonger dans l’indigo’ Savoir préparer une cuve, échantillonner, teindre une pièce

Samedi 22 avril 10h-18h30 + Dimanche 23 avril 14h-18h30 Nombre de places : 7

Jour 1 :

#Matin:
Histoire de l’indigo et des différentes techniques en fonction des époques et des régions du monde – Explication des composants actifs de la teinture indigo en cuve végétale
- Apprendre à monter une cuve d’indigo végétale

Déjeuner à partager
Chacun(e) amène quelque chose pour participer au repas à partager ensemble dans la grande verrière. a.guery s’occupe de faire une grande salade et de servir les boissons fraiches et chaudes !

#Après midi=
Montage de la cuve par les participant(e)s afin de s’approprier le processus et savoir refaire les gestes

Jour 2 :

#Après midi : Travail de teinture dans la cuve montée la veille:
- réalisation de nuanciers avec coton/ laine et soie – chaque personne travail à la teinture d’un foulard.

Prix : 300€ par personne incluant tout le matériel Amenez votre tablier et une paire de gants! Un acompte de 150 € payable via Paypal vous sera demandé à l’inscription. Le solde sera versé sur place le jour du workshop en chèque ou espèces.

Compléter le bulletin d’inscription Workshop B   

 

Merci d’envoyer votre bulletin d’inscription avant le 1er avril accompagné d’un acompte de 50%. Toute inscription est définitive.
 Pour toute question complémentaire n’hésitez pas à nous contacter où à écrire directement à Anaïs : contact@aguery.com

A réception de votre bulletin,
 Anaïs vous adresse directement une demande de paiement Paypal d’un acompte de 50%. Une fois votre règlement effectué, un email de confirmation vous sera envoyé.

Une fois votre inscription validée et votre acompte versé, il n’est pas possible d’annuler. En cas d’annulation ou d’absence, votre acompte ne sera pas remboursé

Les workshops ont lieu au studio a.guery à Ivry sur Seine

Pour venir, pas de panique !

– Métro ligne 14 arrêt BNF + bus 5min

– RER C à 1 stop de BNF

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Edito #2 Fil Conducteur

Le 10 Novembre dernier nous avons présenté dans le cadre exceptionnel de La Villa Rose à Paris la première collaboration produite par The Artisans.

Elle a réuni l’artiste textile Meghan Shimek et la designer textile Anaïs Guery.

Un dialogue s’est établi entre les deux créatrices, un partage entre leurs univers artistiques guidé par les savoir-faire artisanaux qu’elles ont développés dans leur pratique; le tissage pour Meghan, la teinture à l’indigo végétal pour Anaïs, qui leur ont permis de créer un langage commun. Les savoir-faire comme fil conducteur, trame expressive d’une créativité orientée autour de la fibre. Six œuvres individuelles sont nées.

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Anaïs, habituée dans son travail de designer textile à travailler un fil transformé par le tissage ou le tricot, a expérimenté sur la matière brute des brins de laine cardée utilisée par Meghan. Inspirée par l’aspect vierge et duveteux du fil, elle a souhaité conserver le gonflant de la fibre dans le processus de teinture en lui imposant un minimum de manipulations.

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Travaillant autour des propriétés hydrophiles des nappes de laine cardée, elle a effleuré la matière avec son indigo, laissant la laine s’imprégner par capillarité, créant par les bains répétés des effets ombrés et dégradés. A d’autres moments elle a souhaité terminer les tissages de Meghan par une matière plus dense, en comprimant les fils et en les saturant de pigment. L’indigo devient palpable, il acquiert une nouvelle profondeur.

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Meghan s’est laissée porter par la texture et les reliefs si particuliers crées par les teintures d’Anaïs. Profitant des grands volumes de l’atelier et entourée par les créations d’Anaïs, elle a tissé un premier trio de pièces monumentales. L’indigo s’y exprime en enchevêtrements mêlants l’écru au bleu profond, rappelants les motifs dessinés par le sergé de la toile de Nîmes. Sur la seconde œuvre il se groupe en tâches puis va jusqu’à s’effacer totalement au profit de la fibre nue sur la troisième.

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S’inspirant des éléments décoratifs néo-classiques qu’elle observait dans Paris, Meghan a tressé les fils d’Anaïs en un lustre, imbriqué de lianes bleutées. Un clin d’œil à cette pièce ornementale bourgeoise par excellence, transformée en un mobile brut et organique.

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Photo Cedric Canezza

Nous remercions chaleureusement Anaïs Guery et Meghan Shimek de s’être pliées aux contraintes de cet exercice difficile, avec autant d’enthousiasme, de générosité et de talent. Nous remercions aussi La Villa Rose d’avoir si bien accueilli cette première collaboration.

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Les œuvres collaboratives sont visibles sur rendez-vous à Paris. Leurs prix peuvent vous être communiqués sur simple demande à hello@theartisans.fr.14993576_10109228814513554_868431354386581216_n

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Playlist #2 : Anaïs Guery

Plongez vous dans l’atmosphère feutrée de l’atelier d’Anaïs Guery avec sa playlist mélancolique et planante.

  • This is the Kit – Greasy goose
  • Sharon Von Etten – Like a diamond
  • Bombay Bicycle Club – Jewel
  • Abigail Washburn – Prelude
  • Rhye – Open
  • Lonely Drifter Karen – Appetite
  • Mercury Rev – Holes
  • Sibylle Bayer – William
  • Cannons – Youth Lagoon
  • Jesca Hoop&Guy Carvey – Murder of birds
  • Petit Biscuit – Oceans
  • Sebastian Blanck – I blame Baltimore
  • Emmi Leisner – Dank sei dir Gott

A écouter tout doucement, en boucle….

>>PLAY>>

Anaïs Guery, au fil de l’indigo

 

Anaïs Guery, c’est d’abord une présence forte et une beauté saisissante. Le feu pâle de sa longue chevelure, son regard droit ; son allure hiératique entre Orient et Renaissance flamande dans sa veste bleue matelassée, ceinturée haut sur la taille lui confèrent une élégance folle, hors du temps. Sa voix au timbre posé et un peu trainant, ses gestes déliés finissent de séduire.

Par ce jour de canicule, on pénètre dans la cour ombragée de son atelier où son assistant, vêtu d’une blouse blanche de chimiste, prépare avec application une cuve d’indigo. L’indigo, elle l’a vraiment rencontré pour la première fois en collaborant avec Catherine Legrand à son ouvrage de référence sur le sujet. La créatrice de la Bonne Renommée, passionnée par cette couleur, a chiné inlassablement des pièces au cours de ses voyages. Une collection aux nuances sombres, difficiles à capturer photographiquement, qu’Anaïs illustrera en aquarelles. Mais le bleu était déjà présent dans son travail et accompagnait de façon exclusive ses dessins depuis longtemps.

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Anaïs entreprend l’indigo comme une alchimiste. Elle confie aimer cette idée de l’expérience réactive, du bain transformatif, qui fait écho à ses expériences photographiques argentiques. Une certaine perte de contrôle accompagne ce processus, car le résultat n’est jamais véritablement reproductible. Un aléa qu’Anaïs place en contraste avec celui du travail sur la construction du vêtement ou, un même geste maitrisé produit systématiquement le résultat escompté.

Elle n’entretient pas avec l’indigo une relation trop révérencieuse. Elle aime les irrégularités, les imperfections du pigment sur l’étoffe. Elle teint de grands métrages de toile, obtenant des variations dans la couleur avec lesquelles elle aime jouer, en les plaçant dans la coupe de son vêtement. L’indigo est le fil conducteur, d’une collection à l’autre autour duquel vont s’articuler les pièces. Il se déclinera sur des matières lourdes, comme ce velours chenille emprunté à l’ameublement ou sur des fibres éthérées, comme ces twills de soie coupés en biais. Elle le fait dialoguer avec d’autres teintes, pour mieux le faire vibrer. Des rouges profonds, des noirs graphite, des écrus doux.

Les expérimentations sur le textile sont une source d’inspiration permanente pour Anaïs. Au fil des collections qu’elle crée pour sa marque a.guery depuis 2014, elle poursuit un travail d’artisan/chercheur. Elle n’hésite pas à convoquer autour de ses créations des pratiques artisanales inédites et parfois inattendues. Ses vêtements s’ornent de brandebourgs réalisés selon des techniques de tressage japonais, de boutons en porcelaine mate aux motifs floraux réalisés par l’atelier Pièces Unique.

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Son amour pour la matière et la coupe, Anaïs l’a affirmé lors de son parcours éclectique dans des maisons de couture françaises : Dior, Balenciaga, Cacharel. Sortie diplômée de l’école des Arts Décoratifs et de l’Institut Français de la Mode, elle ancre dans ces maisons son amour pour le geste artisan, le bien fait, l’unique. Il est devenu central dans son travail et lui permet d’exprimer un univers dont les sources d’inspiration se situent dans l’émotion que lui procurent une œuvre, une chanson, le détail d’un vêtement ancien ou une silhouette croisée dans la rue. Sur les mood boards qui ornent son atelier, on ne trouve quasiment aucun vêtement. Ceux présents ornent une madone, le corps du danseur Nijinsky…

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L’action painting et ses projections de peinture spontanées, lui ont inspiré un travail de martelage du textile, d’impression en réserve, de glacis et de marquage à la feuille d’or. Une recherche textile saisissante, menée par Anaïs Guery qui s’associe au savoir-faire du doreur Hubert Jouzeau. La toile de lin destinée aux châssis des peintres est teinte d’un indigo profond puis éclaboussée de feuilles d’or qui se posent en amas. Vibrations transcendantes du bleu et de l’or. Brouillage entre le noble et le trivial.

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Récemment, cette recherche a menée la créatrice au Bangladesh sur les traces de Living Blue, coopérative d’artisans regroupant la culture et l’extraction de l’indigo, mais aussi la teinture végétale et la broderie. Là, dans l’atelier situé au milieu des rizières et des champs d’indigo, Anaïs Guery a collaboré avec des artisans locaux sélectionnés pour leurs savoir-faire. Travaillant autour des étoffes teintes et façonnées par les artisans, utilisant un travail entre broderie et matelassage, Anaïs a expérimenté, créant par son approche de la coupe, une collection aux ampleurs aériennes et dansantes.

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ANAIS GUERY
contact@aguery.com
http://www.aguery.com/

Les volutes bleues indigo d’Aboubakar Fofana

Nos expérimentations avec l’indigo ici et là nous avaient fait graviter autour d’Aboubakar Fofana. Son travail était devenu pour nous incontournable et son compte Instagram nous offrait chaque jour des démonstrations de plus en plus éclatantes de son savoir-faire subtil. Il restait cependant insaisissable, happé sans doute par les workshops qu’il dispensait d’Australie à la Californie, sans relâche.

Il en devenait quasi mythique et nous évoquions régulièrement son nom dans nos conversations enflammées autour de l’indigo, quitte à passer pour de véritables groupies. Nous nous devions d’arriver à rencontrer celui qui sillonnait le monde entier pour transmettre son art.

Rendez-vous fût finalement pris dans les sous sol du Marché Noir à Paris ou il faisait escale pour la présentation de l’exposition commune avec l’artisan teinturier japonais Tatz Miki et trois jours d’un atelier intense. Indigoflash3

Dans une atmosphère sereine et studieuse, vêtu de sa tenue de travail, crée par ses soins et déclinant toutes les teintes de l’indigo, chaussé de Jika Tabi traditionnelles en cuir teinté de bleu, Aboubakar Fofana préside la séance au milieu de cuves au contenu précieux.

Nous découvrons grâce à lui une nouvelle approche, plus lente et plus recueillie que celles que nous avions déjà pu expérimenter autour de l’indigo. Les cuves qu’il a préparées quelques jours avant sont prêtes. Une mousse bleutée légère et dense à leur surface  indique que la magie de l’indigo pourra enfin avoir lieu.

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Il trempe avec douceur les bandes de tissu et manipule lentement l’étoffe sous l’eau opaque entre ses doigts pour imprégner le textile. Tout se passe de façon cachée, à l’abri de la lumière et de l’air. Cette première bande est immédiatement plongée dans l’eau claire ; une offrande que nous faisons à la déesse de l’eau, pour qu’elle nous accorde un travail sous les meilleurs auspices. Il en résulte un bleu à peine présent, un souffle couleur de ciel voilé.

Aboubakar Fofana travaille une couleur vivante, née dans les brumes et la mousse d’une cuve aux reflets sombres et profonds. Il sait à merveille véhiculer la tradition indigotière séculaire d’Afrique de l’ouest, auprès d’un public composé de néophytes ou d’étudiants plus expérimentés, tous en quête de ce bleu mythique si difficile à saisir.

Aboubakar4Sa maitrise de cet art délicat est une facette essentielle de son travail qui comprend notamment la calligraphie, par l’entremise de laquelle il s’est passionné pour les pigments naturels. Son désir de porter la culture liée à l’indigo végétal, mis à mal par l’indigo synthétique depuis le XIXème, l’a conduit non seulement au partage de ses savoir-faire par le biais d’ateliers, mais aussi à la création d’une ferme située au Mali. Une plantation indigotière y est née car Aboubakar souhaitait relancer une filière de production d’indigo végétal écologique dans son pays natal. Il y associe du coton biologique et crée un atelier qui réunit des artisans autour de la teinture et du tissage.

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Aboubakar travaille la couleur et la matière, en véritable plasticien. Cherchant inlassablement son inspiration dans la nature, réalisant des objets uniques ou la teinte se pose parfois en un fil à fil subtil, qui n’est pas sans rappeler les pleins et les déliés sa calligraphie, il écrit une partition moderne qui n’appartient qu’à lui.

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Magie de ce bleu si précieux.

Images enchevêtrées de méharées guidées par les silhouettes aux reflets lapis, de blouses de travail rigides et lustrées par leur laminage, d’élégance ouvrière sous la grosse toile, d’orient et de beauté cachée. Un mythe, un fantasme.

Apprendre à le concocter, à le peaufiner.

Lauris, le village médiéval, perché, accroché à la falaise. Les jardins suspendus de Couleur Garance. Babylone en Lubéron. Découvrir les plantes rares ou si communes qui donneront aux étoffes et aux fils leurs teintes profondes. Faire chauffer des marmites d’où se dégagent des odeurs âcres. Voir le bouillon coloré mousser à la surface. Le garance explose, sang de bœuf sacrificiel, si beau sur la laine.

Mais pour l’indigo, pas de bouillon. Trop délicat, il ne se révèle pas si facilement. Il se cache sous une croute irisée, verte, presque décevante. C’est justement là que tout commence. Le sortir, l’aérer et voir se révéler le bleu. Recommencer à plonger l’étoffe, sans jamais remuer le mélange pour ne pas y faire rentrer l’air qui gâcherait tout, afin d’obtenir l’intensité désirée.

product_thumbIl ne sert à rien de laisser tremper longtemps, c’est la multiplication des bains, par couches successives qui intensifiera la teinte. Du pâle chambray au plus intense bleu de Nîmes, toute la gamme se déroule.

 


 » You ain’t been blue; no, no, no.
You ain’t been blue,
Till you’ve had that mood indigo. »


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