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Antoine Boudin, designer/trimardeur: créer son propre langage

C’est sur les hauteurs de Hyères, au cœur du Parc Saint Bernard, dans l’ancienne maison de jardinier de Charles et Marie-Laure de Noailles, que nous rencontrons Antoine Boudin. Un lieu de travail qui sied parfaitement au designer, lauréat en 2009 du grand prix du jury décerné par la Villa Noailles pour son festival Design Parade. Un cadre parfait, abrité par une épaisse végétation qui surplombe la ville et offre une vue à couper le souffle sur les marais salants et la plage de l’Almanarre.

ab11Une forme de retour aux sources, pour ce provençal, qui après des études à Paris et un diplôme de Designer Industriel de l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, a poursuivi une carrière auprès d’Alexander Taylor à Londres et de François Azambourg, à Paris. Antoine Boudin a ressenti la nécessité d’élaborer son propre vocabulaire, de créer son langage personnel, un peu comme ces trimardeurs, auxquels il s’identifie volontiers, qui communiquaient dans une langue connue d’eux seuls. Ses créations égrènent des noms provençaux : Envela, Lunado, Eliou

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La Provence est le territoire familier dans lequel Antoine Boudin ancre son travail. Il en explore pas à pas les matériaux et savoir faire artisanaux pour créer sa propre cartographie. Elle passe par une exploration scrupuleuse de la nature et des matières premières qu’elle peut lui fournir.

La canne de Provence tout d’abord. Cette graminée géante qui rythme les paysages marécageux et est utilisée dans le Var pour fabriquer les anches des instruments à vent. Elle lui inspire des luminaires délicats et aériens. C’est Eliou, une suspension conçue comme un mobile, sorte de flambeau flottant épuré à l’extrême, exposée au Palais de Tokyo. Une série réalisée pour Petit h, les objets ludiques Pitchoun h et la lampe de table Galo en canne et cuir.

Le bois d’agave, présent dans les jardins bordant son atelier lui donne l’idée d’une chaise, adoptant la courbure naturelle du bois, Envela ainsi que d’une lampe, Lunado.

ab6Des boules de pétanque cloutées traditionnelles en Provence, il s’inspire pour créer le plateau de la table Petanco.

Reste le liège, qu’il a exploré brièvement pour créer une scénographie sur Design Parade il y a quelques années.

Antoine lance comme une boutade qu’il ne passera à autre chose que lorsqu’il aura épuisé le potentiel de sa région. Il nous montre une planche de terre encore fraiche, façonnée dans un atelier de Salernes avec lequel il compte travailler sur un projet d’hôtel à l’Ayguade.

ab8Pour lui, se lancer à la rencontre de ces matériaux et des artisans qui les façonnent semble faciliter le processus créatif. Il aime se heurter aux contraintes techniques qui l’obligent à penser autrement et parle même de la « magie du cahier des charges ». On sent bien qu’il aime sortir de sa zone de confort pour libérer le processus, en toute humilité.

Sa passion pour la voile et la glisse, pour des objets flirtant avec l’architecture, qui sont éprouvés par les éléments, se retrouve dans cette exigence. Il nous dévoile la réalisation dont il nous dit être le plus fier. Quieu Bagna II, Un dinghy qui utilise pleinement le potentiel technique de la canne qui compose sa coque. Elle assure une flottabilité exceptionnelle au navire pour un poids extrêmement réduit. Une victoire de la mauvaise herbe, sur les matériaux composites modernes.

L’utilisateur final reste en permanence sa préoccupation principale. Une éthique de travail qu’il souhaite transmettre aux étudiants qu’il forme à l’École Supérieure d’Art de Toulon Provence Méditerranée. Les rendre autonomes, faire émerger des passions et pousser ses étudiants à créer leur propre langage, sont ce qui le motive.

Entrainer d’autres « trimardeurs », sur le chemin de vie, parfois tortueux qu’est celui de la création. Aller à la rencontre des autres et continuer ce voyage initiatique, en Provence ou ailleurs. Heureux qui comme Ulysse….

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La Contrie: un sac juste pour soi

Edwina de Charette est une femme déterminée. L’obsession de la tendance l’ennuie et les efforts de ses contemporains pour paraître cool la lassent. On est cool ou on ne l’est pas; et Edwina l’est définitivement, d’une façon qui n’appartient qu’à elle. Alors lorsqu’elle se met il y a sept ans à la recherche d’un sac, beau, bien fait qui traverserait les années sans jamais se démoder, elle se sent un peu frustrée.

Bien sur, les sacs Hermès sont la quintessence du luxe intemporel, mais à part le très exclusif sellier de la rue saint Honoré, toutes les marques se sont lancées dans une course effrénée pour créer le IT bag. Celui que l’on n’aimera qu’une saison, lassées de l’avoir vu partout.

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Edwina se met à la recherche d’un maroquinier avec lequel elle réalisera ce sac qu’elle veut, rien que pour elle. Elle se pique au jeu, tombe amoureuse de la matière, apprend les bases du métier avec l’artisan et réalise que son désir de sur mesure est dans l’air du temps. C’est la naissance de son atelier de maroquinerie, La Contrie. Elle veut y créer des sacs qui ne vieilliront pas, mais se patinerons en gardant leur forme et leur modernité, grâce à des lignes simples et à une qualité sans concession.

Elle puise dans ses souvenirs pour exhumer des formes familières de sacs utilitaires et les transformer pour la ville. La gibecière devient le Rohan, le porte document, le Marengo, le sac photo, le Sourdière, la boite à objectifs, le Carrousel. Au total neuf formes de base que l’on peut modeler selon ses désirs de matières, couleurs de peaux et de fils, finitions, taille des poignées et des bandoulières, marquage à chaud…une sorte de demi mesure appliquée à la maroquinerie.

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la-contrie9Les fournisseurs tous français sont triés sur le volet. Les peaux sont toutes d’une qualité exceptionnelle et l’atelier les choisit tannées végétalement lorsque cela est possible. La palette des couleurs et les textures des cuirs stockés dans l’atelier vont du taurillon du beige tourterelle le plus subtil, au croco violet le plus intense. Les doublures en chèvre, plutôt qu’en toile viennent apporter des contrastes surprenants ou au contraire calmer une couleur extérieure flamboyante.

Dans l’atelier de la rue de la Sourdière, trois artisans et une apprentie œuvrent dans un silence à peine rompu par les grincements du parquet. Chaque artisan réalise intégralement la pièce dont il a la charge. Le placement du patron sur les cuirs est précis. L’œil recherche les défauts éventuels dans les peaux pour les exclure. On ne prend que le meilleur de la matière. Les coutures intégralement réalisées à la main signent le travail de chacun. On observe la réalisation d’une mortaise dans une peau de taurillon bleu marine profond et celle d’un filet double pour la création d’un porte carte doublé de chèvre bleu pâle. La lenteur et la minutie des gestes. L’atelier ne travaille sur les grosses pièces qu’à la commande. Il faut compter entre trois et quatre mois de délais pour un sac et un budget qui commence aux alentours de 2.000 Euros.

Une grande variété de petite maroquinerie a été développée en complément, réalisée selon les même standards, mais plus accessible. Edwina a par ailleurs développé une gamme lacée de cordons colorés, construite autour du modèle Rohan. De mini gibecières plus sport, qui sont aussi distribuées, entre autres chez Colette. Pour la première fois Edwina va développer sa propre gamme de couleurs avec un tanneur français. Un bordeaux, un gris et un noir qu’elle a voulu «  très naturel, pas plastique ».

Elle lance aussi quelques collaborations triées sur le volet, avec les Cires Trudon et la marque Off-White, qui donnent une nouvelle visibilité au travail de l’atelier et de nouvelles pistes de recherche. Une manière de s’ouvrir à de nouveaux développements sans compromettre son éthique de travail, pour cette belle marque artisanale qui s’autofinance depuis ses débuts en 2011.

La Contrie – Atelier/boutique

9-11 Rue de la Sourdière Paris 1er
10h-19h du lundi au vendredi. Ouvert le samedi sur rendez-vous

Tel 33 1 49 27 06 44 – http://www.lacontrie.com

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Laura Punto, bottière : these shoes are made for walking

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Nous avons rencontré Laura Punto à Barbès, alors qu’elle mettait au point les prototypes des vertigineux souliers du prochain défilé de Xuly-Bët à New-York. Cette rencontre avait pris place dans l’atelier Maurice Arnoult, ou Laura se forme au métier de bottier depuis cinq années.

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Cet atelier exceptionnel, situé dans la Goutte d’Or, a vu le jour à Belleville sous l’impulsion du bottier Maurice Arnoult, qui dès les années 90 avait naturellement commencé à transmettre bénévolement son savoir faire à une poignée d’élèves. Au décès de Maurice Arnoult l’association a été transférée dans cet autre quartier populaire, haut lieu de la création textile et sa direction reprise par le Maître bottier Michel Boudoux.

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L’atelier qui compte aujourd’hui outre Laura, treize élèves, attire des personnes aux profils très variés tous motivés par une envie : maîtriser les fondamentaux nécessaires à la création d’une chaussure pour femmes. L’atelier Maurice Arnoult est à sa création le seul atelier de formation entièrement dédié à la chaussure féminine qui forme des femmes aux métiers de la chaussure.

Laura est arrivée en France, ses diplômes d’anthropologue visuel et de design en poche, avec l’envie de travailler en agence de design. Frustrée par une ambiance de travail étriquée par l’esprit de compétition exacerbé qui règne dans l’agence où elle exerce, elle découvre à Belleville l’atmosphère bienveillante de l’atelier de Maurice Arnoult. A l’opposé des designers, auprès desquels elle débute, avares de leurs savoirs, elle découvre chez le maître bottier et ses élèves, une communauté fondée sur la transmission. L’objet chaussure l’attire immédiatement, mais lorsqu’on discute avec Laura on s’aperçoit que c’est plus la rencontre avec ces maîtres qui se dédient à passer le flambeau à une nouvelle génération qui l’a conquise.

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Le travail qu’elle découvre auprès de Michel Boudoux, qui a chaussé les plus grandes élégantes anonymes ou célèbres dans sa boutique de l’Avenue Montaigne pendant plus de quarante ans, est une permanente recherche de l’impossible. Laura dit se mettre avec lui dans les conditions d’une véritable chasse au trésor qui repousse les limites esthétiques et techniques.

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Les souliers pour elle doivent se construire comme des rêves. On fantasme un plissé bijou, une broderie fabuleuse, « On se dit que cela va être impossible à réaliser et on repousse ses limites, ou on se lance à la recherche de l’artisan qui pourra nous permettre de réaliser ce rêve ». Pour la marque Xuly-Bët, Laura a réalisé des mules hyper compensées avec des plateaux impressionnants, qui lui font dire en riant : « Ce sont des chaussures sur lesquelles on adopte cette démarche « je tombe? je tombe pas? » qui appelle le bras de l’autre. C’est un jeu. » Pour elle le discours esthétique doit toujours se faire dans le respect de la personne de la femme et de la vie qu’elle mène dans ses souliers. Une attitude engagée, qui correspond bien à l’esprit de l’atelier qui l’a formée, tourné vers le partage et l’ouverture.

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Laura s’est associée à Philippe Atienza, qu’elle a rencontré au cours de sa formation. Elle réalise dans l’atelier qu’ils ont ouvert ensemble avenue Daumesnil tous les souliers féminins. Auprès de ce maître bottier, qu’elle décrit comme un passionné dédié corps et âme à son travail, elle raffine son approche, teste de nouvelles choses, lance des idées qu’il rend réalisables. Elle poursuit son engagement au sein de l’atelier Maurice Arnoult, car pour elle désormais, transmettre à son tour et partager cette envie de repousser les limites avec d’autres est devenu essentiel.

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ATELIER MAURICE ARNOULT
8, Rue des Gardes 75018 Paris
maurice.arnoult@voila.fr

ATELIER PHILIPPE ATIENZA
53, Avenue Daumesnil 75012 Paris

Chiharu Shiota, where are we going?

Les installations réalisées par Chiharu Shiota pour le Bon Marché vous laissent oscillant entre deux impressions. D’un côté flottant en apesanteur sur de frêles esquifs à peine esquissés, en suspension dans les airs et de l’autre pris dans la toile, retenu par une invisible arachnide, en proie à une vague angoisse.

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L’artiste native d’Osaka tisse un fin fil de laine écru en un geste précis et régulier. Elle occupe l’espace, dessinant des droites et des lignes brisées, dont la géométrie parfaite et la densité créent à la fois une impression de légèreté et un sentiment d’oppression. Elle prépare à peine en atelier ses réalisations, on en veut pour preuve ces quelques maquettes, seules traces des épreuves réalisées par l’artiste, avant de se lancer dans l’immense espace laissé libre sous la nef du grand magasin et dans se vitrines.

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Elle induit de façon très subtile un questionnement sur nos destinations et nos destinées. Où nous mène ce fil de la vie ? Le lieu d’arrivée est elle si important ? N’est-ce pas le voyage qui en fait tout l’intérêt ? Un questionnement intense qu’il est intéressant de voir posé dans un lieu dédié au plaisir et à la consommation. Une façon subtile pour l’artiste de faire rentrer l’art dans des préoccupations plus prosaïques et dans la vie quotidienne de ces visiteurs.

L’exposition a lieu jusqu’au 18 Février. Des visites commentées sont proposées tous les samedis du 14 Janvier au 18 Février à 10h et 11h. Réservations au 01 44 39 81 81. Des ateliers gratuits sont proposés aux enfants de 6 à 11 ans tous les samedi de 14 à 16h, sur réservation au même numéro.

Chiharu Shiota / Where are we going ?

Le Bon Marché

24, Rue de Sèvres 75007 Paris

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Edito #3 Un et multiple

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En ce début d’une nouvelle année, The Artisans fête ses quatre mois d’existence. Alors que nous ne sommes qu’au début de notre histoire, nous voulions vous remercier pour le chemin parcouru pendant ces quatre mois. Les personnes fabuleuses que nous avons croisées, nourrissent notre envie de découverte et les nombreux encouragements que nous avons reçus nous incitent à pousser plus loin notre cheminement.

Lors du lancement de The Artisans à la Villa Rose, Julie Berranger à présenté une série de portraits inspirés par nos rencontres avec des artisans.

Elle nous livre sa vision de ces femmes et hommes. Les extrayant de leurs ateliers, elle les photographie en studio, simplement équipés d’un outil emblématique de leur art, choisi par eux.

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Loin de devenir anecdotique, ou décalé, cet outil prend tout son sens, sorti de son contexte, devenant un véritable attribut, un prolongement d’une partie de leur personne.

Voile après voile, jouant de la transparence, elle effleure une à une les différentes facettes de chacun, figurant les personnalités multiples, de ces faiseurs aux nombreuses vies.

Leur mouvement décomposé, syncopé, fige en un moment suspendu un geste nouveau, inventé de toutes pièces par la photographe, symbolisant leur multiplicité et les transformant en des sortes d’avatars d’une déité hindoue.

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Il est encore temps pour nous de vous souhaiter une très belle année riche de rencontres, de sérénité, de force et d’envies à concrétiser. Une année pour explorer de nouvelles pistes, tenter de nouvelles expériences et d’unir en un, nos multiples.

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Bruce Cecere : Iron Man

C’est chez Monsieur, atelier artisanal de bijouterie parisien fondé par Nadia Azoug, que nous avions remarqué ses réalisations: des vitrines imaginées ensemble et mises en oeuvre par lui. Ses écrins délicats de laiton et de verre, qui abritaient les bijoux aériens de Nadia, y créaient une atmosphère de boudoir raffiné.

Bruce Cecere, ferronnier d’art, possède un savoir-faire unique. Mêlant la légèreté du façonnage, héritée de l’école traditionnelle française de ferronnerie du XVIIIème, à une approche plus brute autour du travail de la forge et possédant un sens créatif aiguisé, Bruce Cecere sait rendre le métal vivant à bien des titres.

160725-bruce_cecere-335-copie160725-bruce_cecere-296-copieSon métier, Bruce Cecere s’y est formé depuis l’adolescence. Après un bac pro en tôlerie chaudronnerie, il réalise que sa véritable envie se trouve du côté de la forge et s’engage dans un brevet de maitrise auprès des Compagnons du Devoir. Un cheminement exigeant, qui l’amènera à travailler une fois diplômé dans des ateliers prestigieux, tel que celui du grand ferronnier d’art Joel Orgiazzi, tenant de la ferronnerie classique à la Française.

Désormais installé dans son propre atelier à Pantin depuis 2014, Bruce Cecere suit un cheminement personnel qui le pousse à expérimenter la plasticité du métal, avec ses clients architectes, designers, décorateurs, artistes. Ainsi au printemps dernier, lors des DDays, il a lui même choisi de collaborer avec le designer Samuel Accoceberry, dans le cadre des rencontres Péri’Fabrique.

De ce travail commun a émergé un projet de luminaire en métal, fin et élancé. Aux éléments bruts et industriels du métal patiné des trois branches sur balancier qui composent la structure de ce lampadaire, viennent répondre des abats jour plus sophistiqués. Fines feuilles de laiton perforé doré en bain, de laiton cuivré verni mat, pliées, ils viennent se poser délicatement sur l’acier oxydé. Cette collaboration met parfaitement en valeur la palette des savoir-faire d’un artisan tel que Bruce, qui en parfaite concordance avec un designer, peut faire glisser la matière du brutal à l’élégance dans un même objet pour créer une œuvre toute en tensions et en souplesse.

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Cette combinaison de savoir-faire et de passion, Bruce Cecere les transmet avec ardeur. Il nous fait visiter son atelier, ou s’accumulent arabesques de métal et croisillons d’acier délicatement noués de laiton, devant l’impressionnante forge, qui ce jour là restera éteinte. Le feu pourtant est un élément quasi mystique au cœur de l’atelier au travail et lorsqu’il nous décrit les attentions dont il est l’objet, lui qui doit être conduit et réglé en permanence, alimenté de charbon, on pense à ces flammes éternelles, gardiennes du sacré.

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Le métal y sera plongé afin d’atteindre la température qui permettra de le travailler. Les objets seront remis au feu perpétuellement pour les amener à la plasticité requise. Il faut prendre garde à ne pas laisser les pièces trop longtemps. Ne pas les bruler. Amener le fer à ce coloris jaune pâle, presque blanc. L’écouter aussi lorsqu’on le martèle, pour juger de sa densité. Un travail qui fait appel à tous les sens.

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Le fer devient plastique. Il est martelé sur l’enclume, plié, soudé, travaillé à l’étampe. On admire les marteaux, forgés par l’artisan, et auxquels il a imprimé la texture et le grain de roches granitiques. Il martèlera à son tour l’acier, le laiton, pour créer des motifs uniques.

La création est au cœur de la pratique de Bruce Cecere, qui sait ainsi renouveler son art, attirer à lui des créateurs reconnaissants son approche particulière et ses savoir-faire, mais aussi séduire de nouvelles générations de ferronnier d’art, qu’il prend plaisir à former.

Il a récemment travaillé avec Ron Arad à la réalisation d’égouttoirs à bouteilles compressés, en édition limitée, hommage à Marcel Duchamp et le luminaire Moon réalisé avec Samuel Accoceberry devrait être édité en 2017.

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Atelier Bruce Cecere – Ferronnier d’Art 29, Rue Cartier Bresson 93500 Pantin Tél : 01 48 46 76 82

Photos @ Nicolas Despi, Nicolas Lascourrèges et Alexandre Delamadeleine.

Edito #2 Fil Conducteur

Le 10 Novembre dernier nous avons présenté dans le cadre exceptionnel de La Villa Rose à Paris la première collaboration produite par The Artisans.

Elle a réuni l’artiste textile Meghan Shimek et la designer textile Anaïs Guery.

Un dialogue s’est établi entre les deux créatrices, un partage entre leurs univers artistiques guidé par les savoir-faire artisanaux qu’elles ont développés dans leur pratique; le tissage pour Meghan, la teinture à l’indigo végétal pour Anaïs, qui leur ont permis de créer un langage commun. Les savoir-faire comme fil conducteur, trame expressive d’une créativité orientée autour de la fibre. Six œuvres individuelles sont nées.

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Anaïs, habituée dans son travail de designer textile à travailler un fil transformé par le tissage ou le tricot, a expérimenté sur la matière brute des brins de laine cardée utilisée par Meghan. Inspirée par l’aspect vierge et duveteux du fil, elle a souhaité conserver le gonflant de la fibre dans le processus de teinture en lui imposant un minimum de manipulations.

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Travaillant autour des propriétés hydrophiles des nappes de laine cardée, elle a effleuré la matière avec son indigo, laissant la laine s’imprégner par capillarité, créant par les bains répétés des effets ombrés et dégradés. A d’autres moments elle a souhaité terminer les tissages de Meghan par une matière plus dense, en comprimant les fils et en les saturant de pigment. L’indigo devient palpable, il acquiert une nouvelle profondeur.

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Meghan s’est laissée porter par la texture et les reliefs si particuliers crées par les teintures d’Anaïs. Profitant des grands volumes de l’atelier et entourée par les créations d’Anaïs, elle a tissé un premier trio de pièces monumentales. L’indigo s’y exprime en enchevêtrements mêlants l’écru au bleu profond, rappelants les motifs dessinés par le sergé de la toile de Nîmes. Sur la seconde œuvre il se groupe en tâches puis va jusqu’à s’effacer totalement au profit de la fibre nue sur la troisième.

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S’inspirant des éléments décoratifs néo-classiques qu’elle observait dans Paris, Meghan a tressé les fils d’Anaïs en un lustre, imbriqué de lianes bleutées. Un clin d’œil à cette pièce ornementale bourgeoise par excellence, transformée en un mobile brut et organique.

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Photo Cedric Canezza

Nous remercions chaleureusement Anaïs Guery et Meghan Shimek de s’être pliées aux contraintes de cet exercice difficile, avec autant d’enthousiasme, de générosité et de talent. Nous remercions aussi La Villa Rose d’avoir si bien accueilli cette première collaboration.

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Les œuvres collaboratives sont visibles sur rendez-vous à Paris. Leurs prix peuvent vous être communiqués sur simple demande à hello@theartisans.fr.14993576_10109228814513554_868431354386581216_n

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Lou Perdigaou : Le macramé graphique de Justine Laurent

Si ce n’était le crincrin lancinant des cigales sous les pins parasols gigantesques qui abritent les maisons de leur ombre bienveillante, on croirait la Californie. La lumière crue et zénithale, brouillée par l’humidité de l’air qui laisse présager de la chaude journée à venir, l’air saturé de sel, les échos de la plage voisine, la petite maison claire au bout de l’étroite allée sableuse. Au bout du jardin un jeune homme range sa planche de kitesurf et Justine blonde et souriante sert un café fumant. La belle vie.

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Photo Clément Minair

C’est dans ce cadre inspirant que Justine Laurent réalise ses créations en macramé pour sa toute jeune marque, Lou Perdigaou, la perdrix, en provençal. S’éloignant de l’image folk que l’on peut avoir sur cette pratique, Justine y applique une rigueur quasi mathématique intrigante et séduisante. C’est en parlant avec elle de ce qui l’a amenée au macramé que l’on entrevoit des réponses. Jeune ingénieure maritime, Justine a choisi d’explorer d’autres pistes créatives que celles que sa vocation lui apportait.

Dans le macramé elle a vu une occasion de partir d’un fil, qu’elle choisit toujours blanc et de se laisser porter par l’inspiration offerte par les nœuds marins. Une déclinaison de combinaisons de nœuds sur le fil plat tressé qui dessinent des volutes, des tresses, des cibles et se décline en suspensions, en tentures murales. On la regarde répéter son geste avec régularité et précision, brassant de longues nappes de fil emmêlées, tirant d’un apparent chaos des motifs ayant la complexité de fractales.

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Photo Clément Minair

Justine a la tête pleine de projets, elle veut pousser plus loin son travail sur le bois et la céramique en association avec le macramé. Elle a d’ailleurs récemment réalisé des objets en collaboration avec la designer textile spécialiste du tissage, Julie Robert. Jouant de l’aspect mat et rugueux du grès, elles ont associé les fils de coton de Justine et les laines duveteuses de Julie, créant des suspensoirs délicats. Le bois blond et brut s’est transformé en d’élégantes étagères flottantes. Toutes ces créations appellent la cascade de végétal, pour créer de petites jungles suspendues peuplées de succulents et cactées.

Le parcours de Justine ne fait que commencer et l’on a envie de suivre ses expérimentations avec la matière. Son énergie et la clarté de sa pensée dessinent un chemin qui la portera loin.

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Laurence Le Constant, artiste et plumassière

C’est grâce à Philipe Atienza, avec lequel elle a collaboré à la réalisation de souliers fantastiques pour la maison Massaro, que nous avons fait la connaissance d’une alchimiste. Laurence Le Constant ne transforme pas le plomb en or, mais donne vie à l’inanimé et du poids aux plumes dont elle pare ses chimères.

Elle a commencé sa carrière en exerçant des métiers fabuleux qui n’existaient que pour elle. Après des études la menant de la Sorbonne à la chambre syndicale de la couture, Laurence a rejoint les ateliers de la maison Dior ou elle a créée la fonction inédite de designer de paillettes. Patiemment elle a défini la forme de ses précieuses pépites, fait naitre des teintes surréelles en patinant et oxydant la matière. Comme dans un conte de Perrault, elle se retrouvera naturellement chargée de broder la robe couleur du temps d’une célèbre chanteuse québécoise, moderne peau d’âne.

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Les entrelacs de son parcours mêlant intimement art et artisanat vont la conduire à expérimenter toujours plus loin. Sa maitrise technique assurée des métiers de brodeuse, plumassière et styliste vont permettre à son imaginaire fécond de s’exprimer dans des sculptures intenses et fascinantes, mais aussi sur des objets de mode d’un luxe irréel. Marcher sur des plumes, mettre des ailes à ses souliers.

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La plume est sa matière créative de prédilection. Mais loin de se faire éthérée et immatérielle, la plume de Laurence Le Constant vient nous titiller dans les recoins les plus éloignés de notre inconscient. Sur des formes animales ou humaines, qu’elle a sculptées et recouvertes des feuilles arrachées à des livres anciens qu’elle a chinés, Laurence colle patiemment une à une ses plumes. Ainsi, sur la trame de l’histoire cachée de ces pages encollées aux squelettes de ses œuvres, nait une nouvelle narration.

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Laurence se fait chamane et dans une transe créative, s’absorbe dans le passage d’un message, d’un souvenir, d’un ressenti qui remonte à sa conscience. Elle est fortement inspirée par les écrits de C.G. Jung portant sur l’élargissement de la conscience grâce à l’imagination active. Le décès de sa grand-mère adorée aura été un déclencheur essentiel dans son choix d’ouvrir son champ créatif. Elle qui l’avait toujours encouragée à poursuivre ses études artistiques, se place aussi de manière très subtile au cœur d’une inspiration ou l’on sent poindre l’ombre de la mort et la lumière du renouveau.

Elle se dit fascinée par l’univers du sculpteur David Altmejd et à la découverte du travail de dissection et de reconstruction produit par l’artiste montréalais on comprend la filiation. Mais aux créatures lycanthropes de ce dernier, ou la carcasse et le poil laissent apparaître la chair meurtrie, Laurence préfère une évocation plus sereine à laquelle la perfection graphique des plumes vient conférer une esthétique hypnotique.

Avec ses objets chimériques, transcendants des matières recyclées et organiques, la plumassière et artiste Laurence Le Constant élabore un reliquaire précieux, dans lequel l’esprit s’abime et se recueille.

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Husbands, costumes pour hommes

Libérer l’homme grâce au costume. Lui permettre d’affirmer sa personnalité et de se réapproprier son vestiaire en endossant un complet. Cela peut paraître une gageure, mais quand on rencontre Nicolas Gabard, créateur de la marque de costumes Husbands, on comprend comment le vêtement masculin le plus traditionnel peut s’ériger en élément de lutte culturelle et politique.

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Nicolas fait de la résistance. Bien sur, il sait que les jeans et le confort ont depuis longtemps gagné la bataille dans le cœur de ses contemporains, mais il a une mission. Il a laissé derrière lui une brillante carrière d’avocat par passion pour le vêtement masculin. Son amour de l’élégance masculine ne souffre aucune concession et c’est donc tout naturellement dans un pop suit en prince de Galles qu’on pourrait le croiser, arpentant les squares parisiens avec ses enfants.

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C’est en cherchant les racines de cet amour pour la chose sartoriale chez Nicolas Gabard que l’on comprend l’essence de sa marque. Son panthéon personnel s’articule autour de héros de son enfance et de son adolescence, tous liés par l’art de se faire une seconde peau des éléments les plus classiques du vestiaire masculin. Un art subtil de créer son vocabulaire avec des éléments d’alphabet stylistiques que l’on aurait pu croire surannés. Bien sur on y trouve l’impeccable Cary Grant en prince de Galles gris et bleu de chez Kilgour, French & Stanbury, plongeant, cravate au vent dans un champ de maïs.

On y rencontre aussi les protagonistes de ces « films d’hommes », souvent au bord de la crise de nerfs, dont bien entendu le magnifique « Husbands » de John Cassavetes fut l’un des précurseurs. Vincent, François, Paul, Max, César, chez Sautet sont les dignes frères d’armes des trois héros New-Yorkais de l’œuvre de Cassavetes. On y porte beau le costume sombre, la chemise blanche et la cravate étroite, même en pleine beuverie et les femmes sont d’une sensualité et d’une élégance affolantes. Pensez Gena Rowlands et Romy Schneider.

On croise Ian Curtis, dont Nicolas Gabard nous montre une photo qui l’inspire. Le charismatique leader de Joy Division, sur scène en pleine action et en nage, y porte un pantalon à pinces en drap de laine ceinturé haut et une chemise noire. Se succèdent dans cet album un Mick Jagger arborant un très sage pull marin rouge sur un pantalon de flanelle et bien sur, Serge Gainsbourg, mais « avant Birkin » précise Nicolas Gabard, au costume Renoma à rayures tennis, impeccable.

Se dessine alors en creux le portrait d’un homme à l’élégance understated. Il se fond en une parfaite symbiose avec ses vêtements et ne se préoccupe jamais de sa mise, car elle lui vient naturellement. Loin des codes stricts de l’élégance britannique et de la flamboyance de la sprezzatura italienne, Nicolas Gabard pense cet homme comme typiquement français.

Pour vêtir cet être irrésistible, Nicolas Gabard propose ce qui se fait de mieux en demi mesure. Les costumes, réalisés par un atelier italien, sont taillés dans les tissus les plus fins : Fox Brothers, JJ Hardy, Hields pour les laines ou encore Spence Bryson pour les lins. Chez Husbands l’entoilage intégral est de mise, il est seul à garantir la tenue et la longévité du vêtement, car ici on se construit une garde-robe.

On pourra la compléter en y associant des accessoires raffinés, boots en box calf ou en nappa, des cravates en maille, des écharpes aux jolies proportions.

L’art du tailleur des années 70 et ses héros Francesco Smalto, Ralph Lauren ont inspiré une nouvelle collection à Nicolas Gabard pour la saison prochaine. On attend avec impatience de pouvoir voler aux hommes un peu de cette liberté élégante nouvellement gagnée, en nous glissant nous aussi pourquoi pas dans un costume Husbands. Wives?

Philippe Atienza, bottier : En pleine lumière

Le lieu est vaste. Une haute voute de pierre de taille et de briques roses, baignée de lumière. C’est dans cet espace du viaduc des Arts, qu’il investit peu à peu que Philippe Atienza bottier, reçoit.

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Il est ici dans son élément. Cet ouvrage d’art du 19ème siècle, transformé en espace de création lui va comme un gant. Philippe Atienza est un homme attaché à l’histoire de sa corporation, à ses traditions et à ses savoir-faire, mais sans passéisme. Il est avant tout un homme ancré dans son époque et tourné vers l’innovation.

Il raconte sans nostalgie mais avec passion, son tour de France en tant que compagnon. Durant huit ans il sillonna la France et s’exerça aux multiples facettes de son art. On sent qu’il a l’amour de l’artisanat chevillé au corps. On s’écarte de la vision parfois muséale de l’artisanat d’art, véhiculée par tant de marques de luxe. Il aime a rappeler que jusqu’aux années 60 les souliers étaient tous réalisés individuellement par des bottiers. Pour lui il est important que ce métier reste vivant.

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Philippe Atienza nous parle de l ‘écoute qu’il faut savoir accorder au désir de l’autre. Elle est vitale, que l’on travaille étroitement avec des créateurs de mode, ainsi qu’il l’a fait pendant les 9 ans ou il dirigea les ateliers Massaro, ou que l’on cherche à satisfaire le souhait affirmé ou plus flou d’un client privé.

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Il marche sur une ligne très fine entre fantasme, bien-aller et création. Cela peut l’emmener très loin. On admire ces souliers aux talons absents, comme en apesanteur, avec leurs accents futuristes et leur air animal réalisés en collaboration avec l’artiste et plumassière Laurence Le Constant.

Son savoir faire s’exprime aussi sur des pièces de facture plus classique issues de sa nouvelle collection : escarpins aux courbes parfaites, tennis souples et racées, en cuir, sandales minimalistes au généreux compensé… mais aussi dans une série de talons aux détails géométriques sculptés puis moulés et coulés en résine. La palette créative semble infinie tant la technique est maitrisée et l’imagination fertile.

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Il nous fait découvrir des machines anciennes, collectionnées et restaurées patiemment, qu’il utilise quotidiennement. On parle alors de bourrelier, riveter, de machine à remplier, à refendre le cuir. Les mots se bousculent et il cite ce poème d’un bottier toulousain du 18ème siècle qui déclare sa flamme à sa mie en termes techniques.

On quitte l’arche lumineuse de Philippe Atienza, ses trésors de cuir, ses formes en bois et ses machines rutilantes, l’odeur de graisse, de colle et des peaux. On le laisse à son bureau, taillé dans une poutre ayant appartenu à l’hôtel particulier de Madame de Maintenon. Un peu étourdies et grisées, comme des jeunes filles sur leur première paire de talons hauts.

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Philippe Atienza Bottier
53, Avenue Daumesnil 75012 Paris
06 80 21 48 98

Edito #0

Bienvenue chez The Artisans. Magazine, recueil de rencontres, journal de bord, carnet de route, collection de moments et de courants, The Artisans est un peu tout cela à la fois.

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Nous avons choisi de documenter de façon sensible le renouveau de l’artisanat. Brouillant volontairement les frontières artificielles érigées entre Art et Artisanat, nous avons souhaité présenter des portraits de femmes et d’hommes mettant en œuvre des savoirs-faire séculaires de façon résolument moderne.

Nous nous attachons à décrire leur parcours de vie aussi bien que leur parcours créatif, tant ces artisans d’un nouveau genre, souvent venus à l’artisanat par des chemins de traverse, savent faire dialoguer entre elles toutes les facettes de leurs personnalités.

Nous nous sentons proches de cette envie de donner du sens à notre travail et de faire cohabiter l’esprit et la matière pour produire du beau et de l’utile. Nous nous inscrivons dans cette volonté de consommer des objets de façon plus réfléchie, en s’attachant à leur histoire et à la beauté qu’ils nous offrent. Ce mouvement nous semble être un véritable creuset créatif propre à révéler des talents inédits.

C’est ce bouillonnement qui nous inspire et que nous souhaitons partager avec vous, dans ces miscellanées de l’art façonnier. Plus encore, nous vous inviterons régulièrement à assister à des rencontres et à vous initier grâce à des ateliers et master classes.

Retrouvez nous chaque mardi pour de nouveaux articles et abonnez vous à notre newsletter pour nous suivre. Nous vous souhaitons une belle lecture.

Julie Berranger et Hélène Borderie

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