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Jours tranquilles à Belleville : L’atelier idéal

Elles sont trois femmes, Charlie Cappable, Olivia Pellerin et Virginie Blajberg à partager un atelier niché sur les hauts de Belleville, juste à côté des Buttes Chaumont. Trois créatrices, trois artisanes aux univers bien distincts, qui partagent ce lieu serein, caché derrière une lourde porte cochère qu’on pousse en ayant l’impression de faire un voyage dans le temps. Un saut au cœur d’un Paris sorti d’une œuvre de Georges Perec ou Raymond Queneau. Les coursives, aux petites portes peintes chacune d’une couleur différente, mènent à des ateliers baignés de lumière. La cour pavée croule sous les fleurs et les plantes, choyées par une concierge aux pouces verts. Mais en poussant la porte de ce lieu de création totalement féminin, on balaie l’image d’Epinal pour découvrir trois talents aux personnalités et aux styles bien affirmés et totalement modernes, qui bousculent les codes de l’artisanat et font entendre leur voix.

Charlie Cappable nous accueille, c’est par elle que l’aventure a commencé. Lorsqu’elle a décidé de s’installer pour créer pour elle-même, après 15 ans passés à le faire pour d’autres, en tant que décoratrice de cinéma, elle entend parler de ce lieu disponible et le découvre déjà équipé d’un four à céramique. Alors qu’elle n’a jamais travaillé l’argile, elle va se lancer dans la céramique sans idées préconçues sur ce qu’il est possible ou non de réaliser. Ce manque de formation empirique devient un atout qui va la pousser à expérimenter avec cette matière, à la pousser dans ses derniers retranchements, parfois jusqu’à la rupture, mais aussi jusqu’à l’obtention d’objets hybrides inédits à la fois pratiques, épurés et drôles.

Dans ce quartier de Belleville qui est le sien depuis longtemps, Charlie glane des objets en plastique aux couleurs rutilantes. Sortis fraichement d’un bazar chinois ou récoltés dans les piles d’objets abandonnés au coin des rues, les spécimens multicolores en PVC, polyéthylène, polyacrylique, élastomères et polymères en tous genres, s’accumulent chez elle en une étonnante collection. Elle voit dans ce matériau roi de la société de consommation, un outil symbolique et poétique, dont les transparences et opacités, les couleurs teintes en masse, lui offrent un vaste terrain d’exploration et d’inspiration. Elle lui rend sa fonction polymorphe première, le plastique étant par essence la pour se fondre et se couler dans tous les objets qui peuplent nos envies. Alors elle l’associe au noble grès, transforme des ustensiles triviaux en objets décoratifs purs. La carapace de plastique de ses plafonniers 280° ou ChriFtine diffuse la lumière à la manière du verre soufflé, créant une douce illusion d’optique.

Dans son travail de la terre cuite elle combine toujours le noir et le blanc, qu’elle fait vibrer au moyen d’une couleur et elle utilise le graphisme sec qu’impose le respect de la géométrie la plus pure. Ronds, carrés, triangles, ellipses, se combinent, s’empilent, se complètent. Comme Charlie est dotée d’un imaginaire fertile et fantasque, mais qu’elle connaît aussi ses classiques, la forme suit la fonction et elle vous entraine et vous suggère le mode d’emploi de cette vaisselle inspirée.

Café/Clope, se partage à deux. Deux comme vous et vos petits vices indissociables, caféine et sa copine nicotine, mais aussi vous et votre meilleur ami pour les partager. La sous-tasse peut servir de couvercle pour maintenir le breuvage au chaud, mais aussi, oh joie! de cendrier à deux places. Tels des crans sur un cadran imaginaire, les motifs combinés des grands bols et assiettes empilables O’clock forment des boites et vous donneront l’heure, même si vous ne leur avez rien demandé. En revanche ce sera toujours là même, votre heure préférée en quelque sorte, celle de la pause déjeuner, à vous de bien la choisir. Mêlant pureté des lignes, ascèse de la matière, couleurs primaires et détournements, les créations de Charlie Cappable oscillent joyeusement entre brutalisme et le dadaïsme.

Olivia Pellerin la seconde résidente partage avec Charlie, la passion de la terre et le fameux four à céramique. Elle modèle et façonne des objets en céramique et réalise des décors peints sur porcelaine fins et organiques, inspirés par la nature.

Après s’être formée au design et avoir travaillé en tant que Directrice de Création pendant 10 ans dans une agence d’architecture commerciale, Olivia a mené une profonde réflexion autour du sens qu’elle voulait donner à son travail avant de se lancer dans cette aventure.

Elle s’était déjà essayée à la céramique, mais un cadeau, un stage de pastillage à la Manufacture de Sèvres, va rouvrir son appétit pour la terre. Cette technique développée au XVIIIe siècle dans les ateliers de Sèvres, destinée à orner les robes des sujets et les objets en biscuit, consiste à réaliser, à partir d’une petite pastille de pâte, diverses formes végétales.

Assemblées elles formeront des bouquets ou des guirlandes très réalistes. Olivia exhume pour nous de petites boites en carton ces premiers essais réalisés à l’époque, enveloppés précieusement dans du papier de soie et l’on s’aperçoit de l’importance de cette expérience, tant ils sont originaux et ne cesseront de réapparaitre dans son travail. Elle a déjà imaginé ces spécimens chimériques mi terriens mi aquatiques, mi végétaux mi animaux, ces fleurs délicates aux pistils s’animant comme de petits tentacules, ces cumuls de minuscules boutons végétaux, qui ornent une partie de son travail modelé et de sa collaboration avec la créatrice textile et brodeuse Julia Gruber.

Cette expérience est aussi l’occasion d’une rencontre avec l’artisan qui la forme, qui lui donne envie de promouvoir ces savoir-faire d’exception.

Mais l’importance qu’elle accorde à la création originale, son envie de retourner au dessin, au travail de la matière, au « faire » elle-même, la poussent à se lancer et à poursuivre sa formation en céramique dans un autre atelier. Elle garde à cœur de perpétuer ce qu’elle a toujours aimé dans ses expériences précédentes : l’accompagnement des autres et les échanges créatifs avec ses clients. Elle va très naturellement trouver un moyen de concilier ces impératifs avec le statut plutôt solitaire de l’artisan dans son atelier en travaillant sur commande ou par le biais de collaborations. Les contraintes liées aux désirs et aux savoir-faire de l’autre alimentent son processus créatif.

Son travail s’oriente vers les arts de la table par le biais de collaborations avec des chefs et des traiteurs qui la sollicitent pour développer des services autour de menus thématiques ou évènementiels. A chaque fois elle s’inspire de l’univers culinaire, des saveurs et couleurs qui forment la palette gustative de ces chefs pour imaginer ses créations. Le bleu domine, qu’il soit indigo, outremer, turquoise ou de Delft. Il ponctue les plats de tâches diffuses comme des aquarelles, comme sur ces assiettes créées pour le restaurant de l’hôtel Bienvenue

On découvre aussi beaucoup de belles réalisations en peinture sur porcelaine autour du mariage, comme ce service orné de plantes entremêlées de tâches bleu profond qui évoquent un fond marin  ou des commandes personnelles de petites pièces décoratives, comme ce merveilleux vase en grès blanc modelé, à l’engobe rose pimpante, commandé par une mère pour sa petite fille, grande cueilleuse de fleurettes, ou bien ce service offert en cadeau de mariage .

De belles collaborations sont à venir pour cette année, dont on retient celle prometteuse, avec le jeune chef d’un grand restaurant parisien étoilé.

Virginie Blajberg créatrice de bijoux, est la troisième occupante que nous rencontrons. Ses créations oniriques sont nourries par une enfance bercée entre bricolage et contes de fées, deux habitudes qu’elle a conservées et qui infusent son travail.

Devenue graphiste dans une agence de pub travaillant pour le cinéma, elle va réaliser des affiches de films pendant 20 ans, mais rêve depuis longtemps de créer des bijoux.

C’est à l’AFEDAP qu’elle va acquérir pendant deux ans les savoir-faire nécessaires à la création de ses bijoux contemporains et y produire un travail d’étude sur les mémoires du corps. Elle voit déjà le bijoux comme un prolongement de notre corps physique, mais aussi comme un support mémoriel, qu’elle poussera jusqu’au reliquaire, notamment avec sa fibule Saint Eloi.

La photo est au centre de ses créations, qui opère un travail de mémoire ou histoires familiales et contes se mêlent. Virginie collectionne les plaques photographiques, qu’elle choisit pour leurs qualités graphiques avec leurs contrastes noir et blanc, mais aussi pour les décors qu’elles lui fournissent. Des branchages hivernaux évoquent des forets où il ne fait pas bon s’aventurer lorsque l’on va visiter son aïeule avec un petit pot de beurre et des maisons aux façades austères renforcent le côté romantique Victorien de ses créations qui fascinent, telles des miniatures.

Virginie ne travaille pas à cire perdue, mais façonne l’argent à la main avec de petits outils de cordonnier, dont les irrégularités laissent des traces infimes sur la matière. Elle intègre ces plaques photo dans des broches et pendentifs, mais collecte aussi d’infimes objets dans des brocantes qui trouveront leur place sur ses créations uniques.

Les pierres précieuses ou semi précieuses, sont peu travaillées pour leur conserver un aspect brut et liées à des anneaux d’argent martelé ou nouées par un fil de métal précieux, comme un présent crée spontanément pour déclarer sa flamme. Elle égrène aussi le collier de perles de sa mère, comme un chapelet dont les grains qui ressemblent à du riz narrent une histoire de filiation par les femmes. Elle a d’ailleurs crée avec ces perles une très belle collection dédiée à sa nièce, Lou. Elle se compose de bagues en argent qui accueillent les perles dressées dans de petites cupules, tels des pistils et de longues dormeuses en argent fin et mobile au bout desquelles les grains s’animent gracieusement.

Archipel : La nécessité d’une île

C’est sur une île italienne, l’Isola Comacina, qu’a pris forme dans l’atelier du designer Sébastien Cordoléani, le premier sac qui donnerait naissance trois ans plus tard à sa marque, Archipel. Objet du désir.

En résidence sur cet ilot posé sur le lac de Côme, il expérimente alors la création d’objets réalisés en pliant des feuilles de cuir recyclé. La visite de son frère et sa recherche d’un sac de voyage simple, qu’il pourrait fabriquer intégralement avec les matériaux à sa disposition, le conduisent à pousser plus loin son processus, pour créer un sac sans aucunes coutures, dont le pliage sera maintenu en forme uniquement par son anse.

Ce processus, qui fait la part belle à une matière unique exploitée pleinement sans autres artifices, ainsi qu’à l’épure de la forme, qui se dédie entièrement à sa fonction, on le retrouve tout au long des projets élaborés par ce prolifique designer industriel formé à l’ENSCI et lauréat de multiples prix, dont le Grand Prix du Jury de Design Parade, décerné par la Villa Noailles en 2007.

Qu’il travaille le papier technique pour créer ses objets et suspensions Pattern ou sa lampe Alcôve, le métal pour le Marchepied L, édité par Tolix, ou déjà le cuir pour sa chaise Strates, les matériaux naturels sont traités en une seule pièce, façonnée et structurée, combinant pureté et ingéniosité du dessin et savoir-faire de l’artisan.

Pour créer sa ligne de sacs Archipel, Sébastien Cordoleani ne se fait pas maroquinier, mais prolonge sa réflexion de designer autour de cet objet incontournable de nos garde-robes, pour revenir à l’essentiel Il choisit des cuirs mats, ingrassato, teintés à cœur et tannés naturellement grâce à des végétaux. Leur texture consistante mais souple sous la main, est exploitée de façon parfaite dans un subtil jeu de découpe unique à l’emporte pièce et de pliage, retenu par une bandoulière et fermé par deux petits rivets en laiton façonnés à la main par un artisan parisien. Aucune couture, aucun détail inutile, chaque élément présent sur le sac fait corps avec l’objet et sert sa fonction première de contenant. La forme est simple et intemporelle, le cuir, à la beauté brute et galbée se patine avec le temps.

Le modèle originel est désormais décliné en trois tailles, petit, moyen et grand et a aussi donné naissance à une besace, une pochette et un sublime sac à dos, conçu sur le même postulat. Des matériaux nobles, une forme épurée, une fabrication locale, une vision moderne et personnelle de l’accessoire, promise à un bel avenir.

Objet du désir : Indefinite Vases de studio E.o

Fondé par le designer Erik Olovsson et situé à Stockholm, le studio E.o est un lieu pluridisciplinaire explorant l’objet, le graphisme, la typographie et la photo.

De ce creuset a émergé récemment une série de vases à la frontière entre la sculpture et l’objet usuel, Indefinite Vases.

Des matériaux transparents ou opaques, colorés ou neutres, semblent se liquéfier et se couler dans des formes anguleuses minérales. Le verre soufflé se fond au marbre, à l’onyx, au granit, pour mieux l’épouser. Un mélange de fragilité et de dureté, pour accueillir le végétal ou simplement se suffire à soi même.

Ces pièces uniques sont en vente auprès de la Galerie Kreo

Crédit photo Gustav Almestål

Dans les carnets du designer Antoine Boudin

Couchés à l’encre et au crayon de couleur dans des cahiers, invariablement de la marque Moleskine, les croquis d’Antoine Boudin racontent l’histoire de sa recherche. Il a bien voulu partager avec nous ses dessins détaillés et précis, qui présentent une première intention toujours très aboutie.

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Suspension – Dessin Antoine Boudin
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Chaise en canne de Provence – Dessin Antoine Boudin
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Chaise – Dessin Antoine Boudin
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Fauteuil – Dessin Antoine Boudin

 

 

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Antoine Boudin, designer/trimardeur: créer son propre langage

C’est sur les hauteurs de Hyères, au cœur du Parc Saint Bernard, dans l’ancienne maison de jardinier de Charles et Marie-Laure de Noailles, que nous rencontrons Antoine Boudin. Un lieu de travail qui sied parfaitement au designer, lauréat en 2009 du grand prix du jury décerné par la Villa Noailles pour son festival Design Parade. Un cadre parfait, abrité par une épaisse végétation qui surplombe la ville et offre une vue à couper le souffle sur les marais salants et la plage de l’Almanarre.

ab11Une forme de retour aux sources, pour ce provençal, qui après des études à Paris et un diplôme de Designer Industriel de l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, a poursuivi une carrière auprès d’Alexander Taylor à Londres et de François Azambourg, à Paris. Antoine Boudin a ressenti la nécessité d’élaborer son propre vocabulaire, de créer son langage personnel, un peu comme ces trimardeurs, auxquels il s’identifie volontiers, qui communiquaient dans une langue connue d’eux seuls. Ses créations égrènent des noms provençaux : Envela, Lunado, Eliou

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La Provence est le territoire familier dans lequel Antoine Boudin ancre son travail. Il en explore pas à pas les matériaux et savoir faire artisanaux pour créer sa propre cartographie. Elle passe par une exploration scrupuleuse de la nature et des matières premières qu’elle peut lui fournir.

La canne de Provence tout d’abord. Cette graminée géante qui rythme les paysages marécageux et est utilisée dans le Var pour fabriquer les anches des instruments à vent. Elle lui inspire des luminaires délicats et aériens. C’est Eliou, une suspension conçue comme un mobile, sorte de flambeau flottant épuré à l’extrême, exposée au Palais de Tokyo. Une série réalisée pour Petit h, les objets ludiques Pitchoun h et la lampe de table Galo en canne et cuir.

Le bois d’agave, présent dans les jardins bordant son atelier lui donne l’idée d’une chaise, adoptant la courbure naturelle du bois, Envela ainsi que d’une lampe, Lunado.

ab6Des boules de pétanque cloutées traditionnelles en Provence, il s’inspire pour créer le plateau de la table Petanco.

Reste le liège, qu’il a exploré brièvement pour créer une scénographie sur Design Parade il y a quelques années.

Antoine lance comme une boutade qu’il ne passera à autre chose que lorsqu’il aura épuisé le potentiel de sa région. Il nous montre une planche de terre encore fraiche, façonnée dans un atelier de Salernes avec lequel il compte travailler sur un projet d’hôtel à l’Ayguade.

ab8Pour lui, se lancer à la rencontre de ces matériaux et des artisans qui les façonnent semble faciliter le processus créatif. Il aime se heurter aux contraintes techniques qui l’obligent à penser autrement et parle même de la « magie du cahier des charges ». On sent bien qu’il aime sortir de sa zone de confort pour libérer le processus, en toute humilité.

Sa passion pour la voile et la glisse, pour des objets flirtant avec l’architecture, qui sont éprouvés par les éléments, se retrouve dans cette exigence. Il nous dévoile la réalisation dont il nous dit être le plus fier. Quieu Bagna II, Un dinghy qui utilise pleinement le potentiel technique de la canne qui compose sa coque. Elle assure une flottabilité exceptionnelle au navire pour un poids extrêmement réduit. Une victoire de la mauvaise herbe, sur les matériaux composites modernes.

L’utilisateur final reste en permanence sa préoccupation principale. Une éthique de travail qu’il souhaite transmettre aux étudiants qu’il forme à l’École Supérieure d’Art de Toulon Provence Méditerranée. Les rendre autonomes, faire émerger des passions et pousser ses étudiants à créer leur propre langage, sont ce qui le motive.

Entrainer d’autres « trimardeurs », sur le chemin de vie, parfois tortueux qu’est celui de la création. Aller à la rencontre des autres et continuer ce voyage initiatique, en Provence ou ailleurs. Heureux qui comme Ulysse….

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Objet du désir : suspension Rainy Day

Quand le mot suspension prend tout son sens. Le luminaire Rainy Day, création sur mesure de la designer Sylvie Maréchal, fondatrice du studio Beau et Bien, fait rentrer la lumière en lévitation.

Un tour de passe passe digne du fameux petit brun balafré à lunettes rondes, qui nous embarque dans une féerie lumineuse et nous laisse béats, comme des gamins.

C’est dans l’entrée feutrée de La Fabrique Générale (Un nouveau lieu que nous évoquerons prochainement) que la magie nous a saisies. Le mélange de ces petits tubes lumineux en porcelaine banche et dorés se reflète au plafond sur un disque miroir, pour une jolie mise en abime qui incite à la rêverie. Comme un jour de pluie.

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Suspension Rainy Day, sur mesure détails et devis sur demande auprès de Beau et Bien

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Playlist #3 Klaxon Designers

Laissez vous entrainer au rythme de la playlist de Klaxon Designers. Une ambiance indie pop/rock dansante et élégante, qui va vous donner des ailes pendant plus de quatre heures!

  • Metronomy – Everything goes my way
  • Electric Guest – This head I hold
  • Giselle – Crave you
  • Koudlam – See you all
  • Woodkid – Iron
  • Husbands – Dream
  • Loïc Nottet – Rythm inside
  • Yeah Boy – Can’t get enough
  • Baxter Dyry – Claire
  • Duellum – The ISLD
  • Is Tropical – Dancing anymore
  • Lana Del Rey – Salvatore
  • Ben Kahn – Savage
  • …..Et plein d’autres titres, à retrouver ici :

**LET’S DANCE **

Klaxon Designers

Le duo toulonnais Klaxon Designers, composé de Sylvain Gauthier et Guillaume Fouret, s’est formé en 2014, mais leur complicité et leur envie de créer ensemble se sont nouées au Lycée de la Tourrache, au fil de leurs études en design de produit.

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Leur gout commun pour l’épure du Bauhaus et la recherche de fonctionnalisme les réunissent. Ils décident d’explorer la matière, qui sera désormais leur source d’inspiration et testent des alliances de matériaux : bois, métal, cuivre, béton… S’esquisse alors un travail ou l’artisanat et le design industriel vont s’associer pour créer un mobilier cohérent et simple, jamais sur-dessiné.

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Le duo conçoit et élabore ensemble des objets usuels, qu’ils modélisent ensuite eux même en bois ou en acier. Ils se tournent naturellement vers des artisans locaux, ferronnier, ébéniste, pour la réalisation de leurs petites séries auto éditées. Leur approche industrielle de la création se confronte à la pratique artisanale. Elles se répondent pour engendrer un processus de dialogue créatif, dont l’objet sort épuré jusqu’à l’os. La matière apparait lissée et modelée, mais reste brute. Ainsi le bois des vides poches Welcome est laissé nu ou teinté dans sa masse de noir, comme imbibé d’encre, laissant les veines dessiner des volutes douces et rompre les angles.

On retient aussi leur bougeoir 180° en laiton, usiné au tour numérique. En observant ses différents prototypes, on constate qu’il s’est débarrassé dans ce va et vient avec l’artisan de tous les détails qui auraient pu distraire l’œil et la main de sa fonction essentielle. Accueillir et diffuser la lumière, rien de plus, rien de moins.

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La lumière émerge d’ailleurs comme un fil conducteur dans le travail du duo. Ainsi Spoutnik et Good Morning, mettent en valeur un éclairage direct et chaleureux, rehaussé par la présence du bois brut et du métal découpé au laser. Là ou l’un enchâsse la lumière dans une cage légère, l’autre l’intègre à chevet de chêne. La lampe Hexa, hexaèdre dont la structure de bois est tendue de fils élastiques gainés de tissu, projette la lumière selon un motif tissé que chacun peut faire évoluer.

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Ce travail sur le fil devrait d’ailleurs prendre une nouvelle forme au cours de cette année 2017 grâce à une collaboration avec la créatrice textile et tisseuse Julie Robert. Un des nombreux projets de ce duo qu’il faut définitivement suivre de près.

Bruce Cecere : Iron Man

C’est chez Monsieur, atelier artisanal de bijouterie parisien fondé par Nadia Azoug, que nous avions remarqué ses réalisations: des vitrines imaginées ensemble et mises en oeuvre par lui. Ses écrins délicats de laiton et de verre, qui abritaient les bijoux aériens de Nadia, y créaient une atmosphère de boudoir raffiné.

Bruce Cecere, ferronnier d’art, possède un savoir-faire unique. Mêlant la légèreté du façonnage, héritée de l’école traditionnelle française de ferronnerie du XVIIIème, à une approche plus brute autour du travail de la forge et possédant un sens créatif aiguisé, Bruce Cecere sait rendre le métal vivant à bien des titres.

160725-bruce_cecere-335-copie160725-bruce_cecere-296-copieSon métier, Bruce Cecere s’y est formé depuis l’adolescence. Après un bac pro en tôlerie chaudronnerie, il réalise que sa véritable envie se trouve du côté de la forge et s’engage dans un brevet de maitrise auprès des Compagnons du Devoir. Un cheminement exigeant, qui l’amènera à travailler une fois diplômé dans des ateliers prestigieux, tel que celui du grand ferronnier d’art Joel Orgiazzi, tenant de la ferronnerie classique à la Française.

Désormais installé dans son propre atelier à Pantin depuis 2014, Bruce Cecere suit un cheminement personnel qui le pousse à expérimenter la plasticité du métal, avec ses clients architectes, designers, décorateurs, artistes. Ainsi au printemps dernier, lors des DDays, il a lui même choisi de collaborer avec le designer Samuel Accoceberry, dans le cadre des rencontres Péri’Fabrique.

De ce travail commun a émergé un projet de luminaire en métal, fin et élancé. Aux éléments bruts et industriels du métal patiné des trois branches sur balancier qui composent la structure de ce lampadaire, viennent répondre des abats jour plus sophistiqués. Fines feuilles de laiton perforé doré en bain, de laiton cuivré verni mat, pliées, ils viennent se poser délicatement sur l’acier oxydé. Cette collaboration met parfaitement en valeur la palette des savoir-faire d’un artisan tel que Bruce, qui en parfaite concordance avec un designer, peut faire glisser la matière du brutal à l’élégance dans un même objet pour créer une œuvre toute en tensions et en souplesse.

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Cette combinaison de savoir-faire et de passion, Bruce Cecere les transmet avec ardeur. Il nous fait visiter son atelier, ou s’accumulent arabesques de métal et croisillons d’acier délicatement noués de laiton, devant l’impressionnante forge, qui ce jour là restera éteinte. Le feu pourtant est un élément quasi mystique au cœur de l’atelier au travail et lorsqu’il nous décrit les attentions dont il est l’objet, lui qui doit être conduit et réglé en permanence, alimenté de charbon, on pense à ces flammes éternelles, gardiennes du sacré.

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Le métal y sera plongé afin d’atteindre la température qui permettra de le travailler. Les objets seront remis au feu perpétuellement pour les amener à la plasticité requise. Il faut prendre garde à ne pas laisser les pièces trop longtemps. Ne pas les bruler. Amener le fer à ce coloris jaune pâle, presque blanc. L’écouter aussi lorsqu’on le martèle, pour juger de sa densité. Un travail qui fait appel à tous les sens.

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Le fer devient plastique. Il est martelé sur l’enclume, plié, soudé, travaillé à l’étampe. On admire les marteaux, forgés par l’artisan, et auxquels il a imprimé la texture et le grain de roches granitiques. Il martèlera à son tour l’acier, le laiton, pour créer des motifs uniques.

La création est au cœur de la pratique de Bruce Cecere, qui sait ainsi renouveler son art, attirer à lui des créateurs reconnaissants son approche particulière et ses savoir-faire, mais aussi séduire de nouvelles générations de ferronnier d’art, qu’il prend plaisir à former.

Il a récemment travaillé avec Ron Arad à la réalisation d’égouttoirs à bouteilles compressés, en édition limitée, hommage à Marcel Duchamp et le luminaire Moon réalisé avec Samuel Accoceberry devrait être édité en 2017.

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Atelier Bruce Cecere – Ferronnier d’Art 29, Rue Cartier Bresson 93500 Pantin Tél : 01 48 46 76 82

Photos @ Nicolas Despi, Nicolas Lascourrèges et Alexandre Delamadeleine.

Calendrier de l’Avent du désir

Un Objet du désir fabriqué par un artisan par jour, pendant 24 jours

  • 1er Décembre les assiettes de la céramiste Aurelie Dorard à offrir ou s’offrir ici
  • 2 Décembre les étoles en twill et satin de soie gaufré, teint à la main en indigo naturel par la talentueuse A.guery A trouver ici
  • 3 Décembre Le bougeoir en laiton 180°, crée par Klaxon Designers . Usiné numériquement, il garde un aspect brut et minimaliste et sa matière se patine avec le temps. Il peut contenir d’un côté une chandelle et de l’autre une bougie chauffe plat.
    Vous le trouverez chez Maison Godillot
  • 4 Décembre Une théière en céramique japonaise Moderato, pour prendre son temps. A trouver chez La Trésorerie
  • 5 Décembre Un plumier en liège des landes fabriqué artisanalement à Paris pour La Petite Papeterie Française

Demeure, Pret à porter habité

C’est grâce à la boutique en ligne l’Exception, que nous avons découvert la marque Demeure et rencontré sa créatrice, Charlotte Cazal. Elle était de passage à Paris pour le lancement d’une collection capsule en édition  limitée de chemises en lin souple. La présentation de la collection était habitée par les photos que Maria-Do-Mar Rêgo avait réalisées à la demande de Charlotte.

L’après midi avec elles s’écoula dans un bouillonnement d’idées, de citations, d’éclats de rires, et d’élans créatifs, pendant qu’elles accrochaient les tirages de Maria pour le lancement le lendemain.

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La première impression est limpide. Les deux femmes sont amies depuis longtemps. Leur lien profond s’articule autour d’une conversation de plusieurs années qui saute les absences, et rebondit dès qu’elles se retrouvent. Un échange perpétuel qui nourrit leur esprit et impulse leur art respectif.

Dans cette communication organique, le va et vient de références, de curiosités intellectuelles mobilisent tous les esprits alentour. L’énergie créative est si intense qu’elle donne des ailes. Tout devient possible.

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De ce corps à deux têtes, Maria se détache comme la pensée pure, et Charlotte l’action.

Maria est un personnage. Sa rigidité physique, son port de tête, ses cheveux soigneusement tressés en arrière, ses sourcils noirs froncés, sa concentration sincère et les silences qui précèdent son discours… Maria a l’intensité d’une photographie du siècle dernier. Elle choisit chaque mot avec minutie, articulant sa pensée avec rigueur et grâce. Elle parle comme un livre, citant les poètes, philosophes et artistes par douzaines, pimentant le tout d’une pincée d’humour décalé qui prend totalement par surprise. Maria est une figure rock’n roll par excellence.

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Charlotte, elle, ressemble à une Dietrich en porcelaine. Ses sourcils en volutes ne sont plus qu’une suggestion : celle des années 20. Mais malgré son physique délicat, sa voix rocailleuse de rugbyman donne la nette impression qu’elle ne peut pas être déviée de ce qu’elle entreprend. Elle se définit elle-même d’ailleurs comme styliste, curateur et entrepreneur. La lauréate du prestigieux prix Maison de Mode 2013 a bâtit seule sa Demeure, une maison de couture qui cache un projet plus ambitieux encore.

Ambitieux mais aussi et surtout généreux. C’est un peu comme un cadavre exquis. Charlotte tisse des symbioses avec les artistes qu’elle croise et qu’elle aime. Ses créations architecturales s’offrent telles des espaces vierges aux artistes qui butent dans les voies plus classiques du monde de l’art. Voies totalement sclérosées.

   

Chaque création est un objet parfaitement exécuté. Nous avons été sincèrement totalement soufflées par la beauté des matières choisies, des lins tissés à l’ancienne, fins et souples. Par la précision des coutures, des assemblages et aussi des impressions. Les photos ne leur rendent pas justice. C’est une expérience qui doit se faire en direct. Les vêtements doivent être touchés, parcourus, serrées. Et vient une pulsion très forte de se les approprier.