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Objet du désir : Lampadaire Moon

Avec ses lignes tendues, ses matières brutes et son câblage apparent, le lampadaire Moon diffuse une esthétique industrielle, doucement tempérée par le traitement de ses finitions, la légèreté de ses articulations et des éléments composant les abats jour et les contrepoids. Ses lampes satellites, fines feuilles de laiton perforé doré en bain ou de laiton cuivré verni mat plié, se posent délicatement sur l’acier huilé au toucher soyeux de ses axes.

Le Ferronnier d’Art Bruce Cecere et le Designer Samuel Accoceberry ont travaillé de concert, apportant à cet objet collaboratif des éléments uniques issus de leurs univers respectifs. S’éloignant d’une approche trop conceptuelle, ils ont tous deux réalisé un objet usuel élégant, alliant parfaitement le travail de forge et de ferronnerie d’Art maitrisés par l’artisan, au style rythmé et graphique du designer, qui jouent ici ensemble avec la plasticité du métal.

Cette collaboration riche est née dans le cadre de Peri’Fabrique, programme de co-création organisé dans le cadre des DDays, avec le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller et d’Est Ensemble Grand Paris. Le choix du designer incombe ici à l’artisan et non l’inverse, provoquant un dialogue nourri et des échanges propices à l’innovation.

Pour cette création, le duo a reçu une bourse d’accompagnement en 2016, ce qui leur vaut aujourd’hui d’être exposés sur le stand de Peri’Fabrique à la Biennale Révélations. Le lampadaire Moon est par ailleurs désormais édité par SAS Edition.

Edito #3 Un et multiple

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En ce début d’une nouvelle année, The Artisans fête ses quatre mois d’existence. Alors que nous ne sommes qu’au début de notre histoire, nous voulions vous remercier pour le chemin parcouru pendant ces quatre mois. Les personnes fabuleuses que nous avons croisées, nourrissent notre envie de découverte et les nombreux encouragements que nous avons reçus nous incitent à pousser plus loin notre cheminement.

Lors du lancement de The Artisans à la Villa Rose, Julie Berranger à présenté une série de portraits inspirés par nos rencontres avec des artisans.

Elle nous livre sa vision de ces femmes et hommes. Les extrayant de leurs ateliers, elle les photographie en studio, simplement équipés d’un outil emblématique de leur art, choisi par eux.

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Loin de devenir anecdotique, ou décalé, cet outil prend tout son sens, sorti de son contexte, devenant un véritable attribut, un prolongement d’une partie de leur personne.

Voile après voile, jouant de la transparence, elle effleure une à une les différentes facettes de chacun, figurant les personnalités multiples, de ces faiseurs aux nombreuses vies.

Leur mouvement décomposé, syncopé, fige en un moment suspendu un geste nouveau, inventé de toutes pièces par la photographe, symbolisant leur multiplicité et les transformant en des sortes d’avatars d’une déité hindoue.

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Il est encore temps pour nous de vous souhaiter une très belle année riche de rencontres, de sérénité, de force et d’envies à concrétiser. Une année pour explorer de nouvelles pistes, tenter de nouvelles expériences et d’unir en un, nos multiples.

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Bruce Cecere : Iron Man

C’est chez Monsieur, atelier artisanal de bijouterie parisien fondé par Nadia Azoug, que nous avions remarqué ses réalisations: des vitrines imaginées ensemble et mises en oeuvre par lui. Ses écrins délicats de laiton et de verre, qui abritaient les bijoux aériens de Nadia, y créaient une atmosphère de boudoir raffiné.

Bruce Cecere, ferronnier d’art, possède un savoir-faire unique. Mêlant la légèreté du façonnage, héritée de l’école traditionnelle française de ferronnerie du XVIIIème, à une approche plus brute autour du travail de la forge et possédant un sens créatif aiguisé, Bruce Cecere sait rendre le métal vivant à bien des titres.

160725-bruce_cecere-335-copie160725-bruce_cecere-296-copieSon métier, Bruce Cecere s’y est formé depuis l’adolescence. Après un bac pro en tôlerie chaudronnerie, il réalise que sa véritable envie se trouve du côté de la forge et s’engage dans un brevet de maitrise auprès des Compagnons du Devoir. Un cheminement exigeant, qui l’amènera à travailler une fois diplômé dans des ateliers prestigieux, tel que celui du grand ferronnier d’art Joel Orgiazzi, tenant de la ferronnerie classique à la Française.

Désormais installé dans son propre atelier à Pantin depuis 2014, Bruce Cecere suit un cheminement personnel qui le pousse à expérimenter la plasticité du métal, avec ses clients architectes, designers, décorateurs, artistes. Ainsi au printemps dernier, lors des DDays, il a lui même choisi de collaborer avec le designer Samuel Accoceberry, dans le cadre des rencontres Péri’Fabrique.

De ce travail commun a émergé un projet de luminaire en métal, fin et élancé. Aux éléments bruts et industriels du métal patiné des trois branches sur balancier qui composent la structure de ce lampadaire, viennent répondre des abats jour plus sophistiqués. Fines feuilles de laiton perforé doré en bain, de laiton cuivré verni mat, pliées, ils viennent se poser délicatement sur l’acier oxydé. Cette collaboration met parfaitement en valeur la palette des savoir-faire d’un artisan tel que Bruce, qui en parfaite concordance avec un designer, peut faire glisser la matière du brutal à l’élégance dans un même objet pour créer une œuvre toute en tensions et en souplesse.

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Cette combinaison de savoir-faire et de passion, Bruce Cecere les transmet avec ardeur. Il nous fait visiter son atelier, ou s’accumulent arabesques de métal et croisillons d’acier délicatement noués de laiton, devant l’impressionnante forge, qui ce jour là restera éteinte. Le feu pourtant est un élément quasi mystique au cœur de l’atelier au travail et lorsqu’il nous décrit les attentions dont il est l’objet, lui qui doit être conduit et réglé en permanence, alimenté de charbon, on pense à ces flammes éternelles, gardiennes du sacré.

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Le métal y sera plongé afin d’atteindre la température qui permettra de le travailler. Les objets seront remis au feu perpétuellement pour les amener à la plasticité requise. Il faut prendre garde à ne pas laisser les pièces trop longtemps. Ne pas les bruler. Amener le fer à ce coloris jaune pâle, presque blanc. L’écouter aussi lorsqu’on le martèle, pour juger de sa densité. Un travail qui fait appel à tous les sens.

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Le fer devient plastique. Il est martelé sur l’enclume, plié, soudé, travaillé à l’étampe. On admire les marteaux, forgés par l’artisan, et auxquels il a imprimé la texture et le grain de roches granitiques. Il martèlera à son tour l’acier, le laiton, pour créer des motifs uniques.

La création est au cœur de la pratique de Bruce Cecere, qui sait ainsi renouveler son art, attirer à lui des créateurs reconnaissants son approche particulière et ses savoir-faire, mais aussi séduire de nouvelles générations de ferronnier d’art, qu’il prend plaisir à former.

Il a récemment travaillé avec Ron Arad à la réalisation d’égouttoirs à bouteilles compressés, en édition limitée, hommage à Marcel Duchamp et le luminaire Moon réalisé avec Samuel Accoceberry devrait être édité en 2017.

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Atelier Bruce Cecere – Ferronnier d’Art 29, Rue Cartier Bresson 93500 Pantin Tél : 01 48 46 76 82

Photos @ Nicolas Despi, Nicolas Lascourrèges et Alexandre Delamadeleine.