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Memphis Blues

Etorre SottsassQuel rapport entre Bob Dylan, l’Egypte ancienne, Elvis Presley et le design italien? En apparence, autant qu’entre un imprimé peau de léopard, du celluloïde orange, des tubes au néon violets et des paillettes. La réponse tient en un mot : Memphis.

Nous vous parlions la semaine dernière du travail de la créatrice de bijoux Alice Hubert et de l’influence qu’exerce Memphis sur son travail, infusé de références pop et de clins d’œil aux bijoux du groupe édités par Acme. Cette résurgence de l’esthétique Memphis dans le travail de nombreux artisans croisés au fil de nos rencontres nous semblait l’occasion d’évoquer plus en détail ce groupe mythique de créateurs.

Au début des années 80, une bande d’architectes, d’artistes et de designers italiens, lassés par la dictature du modernisme et du bon goût eut l’idée qu’on pouvait faire rentrer les expressions les plus populaires de l’art dans le design et que la forme ne devait pas forcément se plier à la fonction.

b5f65d2a17bee9403227c1d8aa0726a8Pour célébrer cette épiphanie, la légende veut qu’ils décidèrent, après avoir écouté en boucle la chanson de Bob Dylan Stuck inside of Mobile (with the Memphis blues) de nommer leur nouveau groupe du nom de l’ancienne cité sacrée égyptienne. Cette référence à la culture pop américaine, aux racines du blues, au kitsch du king et à Ptah, démiurge de l’antique cité des dieux et protecteur des architectes et des artisans, au delà de la spontanéité du moment et de l’anecdote, ce choix apparait évidemment plein de sens.

Le geste fondateur d’Ettore Sottsass, Martine Bedin, Aldo Cibic, Michele De Lucchi, Matteo Thun et Marco Zanini, ouvrait la voie à une explosion libératrice. Poussant à leur paroxysme leurs expériences post modernistes, notamment au sein du studio Alchimia, ou ils recyclaient et détournaient les classiques, ils souhaitent repartir de zéro et inventer un nouveau langage créatif.

Fidèle à son envie de devenir un agitateur, un émulateur, d’ouvrir le champ des possibles, plutôt qu’un nouveau prescripteur, Memphis ne s’est jamais véritablement constitué en mouvement et n’a jamais souhaité établir une idéologie. Rester un électron libre et être insaisissable était un trait fondamental du groupe.

De même, les créations qui pouvaient se rattacher au groupe se voulaient fugaces, complètement ancrées dans la société de consommation et cette pleine conscience que l’objet était devenu hautement reproductible et jetable, tout autant qu’il était désirable et rempli de sens. La consommation des objets était pour le groupe un acte fort et signifiant, une façon d’exprimer son identité.

Tissant des liens étroits avec l’industrie, Memphis adoptait une stratégie disruptive, combinant des formes, des matières et des motifs de manière inédite, tout en se lançant dans l’exploitation de matériaux industriels inusités jusqu’alors dans le design : Celluloïde, laminé plastique, verre imprimé,… le tout dans une explosion de couleurs et de motifs graphiques et tendus.

La lampe Tahiti d’Ettore Sottsass, drôle d’oiseau géométrique chamarré au long cou et au bec faisceau lumineux, les totems de céramique de Sottsass, vases/tabourets improbables, sculptures aux influences africaines, les tissus mosaïques aux contours noirs sur fonds rose bubble-gum de Nathalie du Pasquier sur les fauteuils massifs de James Sowden, les sofas Dublin de Marco Zanini à l’air vaguement inconfortables avec leurs petites assises bombées, leurs dossiers et accoudoirs en V posés sur des structures massives de bois stratifié… La liste est longue des pièces emblématiques dont l’esthétique si typique s’est inscrite dans notre esprit.

Malgré l’éphemerité du groupe de Memphis, les choix esthétiques forts ont infusés la création des années 80, et la liberté créative associée à une posture désinhibée face à l’industrie et à l’hyper consumérisme ont ouverts la voie à une nouvelle génération de designers prolixes. Le courant postmoderniste dans lequel le groupe s’incluait étendit son approche radicale dans tous les domaines de la création.

Peut être est il alors tout à fait naturel qu’une nouvelle génération, bercée par le style Memphis, fasse depuis quelque temps ressurgir dans ses créations des références marquées au groupe. L’éditeur Hay a fait appel à Nathalie du Pasquier, artiste et designer textile membre de Memphis, pour créer une collection de tissus. De même American Apparel a souhaité développer une collection capsule en collaboration avec l’artiste.

Les suisses de Terrazzo Project ont directement puisé l’inspiration de leur installation House of cards et les motifs de leurs nouveaux panneaux de terrazzo léger dans les laminés vifs de Sottsass. Les créations textiles et les meubles anciens réinterprétés du créateur Robert Normand mixent des techniques de marqueterie textile et de peinture décorative, reprenant des motifs minéraux et des associations chromatiques évocateurs de Memphis. Memphis inspire aussi les créateurs britanniques de papiers peints customs Murals Wallpaper et leur dernière collection Prism. Le studio de création Paris Se Quema propose une variation autour de Memphis avec des mobiles graphiques en bois.

Alors, laissant de côté toute nostalgie, reprenons gaiement la route de Memphis.

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Fabrique à Rêves

Travail de ciselure sur métal délicat d’Alice Hubert pour la première création originale de sa collection Yumé.

Un collier réalisé au bénéfice de l’association Ninoo, qui sera ensuite émaillé.

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Yumé : Un rêve de la créatrice de bijoux Alice Hubert

Yumegokochi signifie « Etat d’esprit du rêve » en japonais. L’idée de cette nouvelle collection germe pour la première fois dans l’esprit d’ Alice Hubert, lorsque l’association Ninoo lui propose de créer un objet solidaire au bénéfice des actions qu’elle mène auprès des enfants atteints par l’autisme et de leurs familles.

Touchée par ce projet, Alice se plonge dans ce que ce handicap représente pour elle. Une perception du monde altérée, un voile qui se glisse entre soi et les autres, une sensibilité exacerbée aux sons et aux couleurs. L’idée des nuages, de cet état d’apesanteur, mais aussi de la lumière solaire et de ses diffractions en arc en ciel nait sur un collier.

yume11Il sera la première pièce d’une collection sous influences. La culture pop d’abord, qui apparait souvent en filigrane des collections d’Alice. Une série de comics américains des années 70 à l’esthétique psyché, souvenir d’enfance ayant appartenu à son père. L’abstraction des œuvres géométriques et des associations chromatiques vibrantes de Sonia Delaunay vont aussi résonner dans sa mémoire et s’unir à l’esthétique accidentée et bariolée du mouvement Memphis. Mais c’est le souvenir resté intense dans l’esprit d’Alice, du film Rêves d’Akira Kurosawa, avec ses couleurs saturées, ses ambiances chimériques et ses effets de lumières polarisées, qui fera le lien entre tous ces éléments et donnera son nom à la collection.

Ce sont de véritables petits rêves qu’a ciselés et émaillés à la main dans son atelier parisien cette ancienne élève de l’Ecole Boulle.

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Chaque pièce est une œuvre d’art, belle, unique et furieusement tendance. Cette nouvelle collection nous emmène par delà l’arc en ciel dans une explosion de couleurs. Alice et son univers merveilleux nous font rêver et éveillent notre désir, encore et encore.

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Pièces disponibles à l’atelier-boutique d’Alice Hubert ou sur commande:

8, Rue Jacques Louvel Tessier 75010 Paris
09 51 20 36 82 contact@alicehubert.com

Crédits Photo @Julie Berranger  Coiffure/maquillage: Margot Duran
Model: Camille@Starsystem

Objet du désir : La pochette Good Manners & Alice Hubert

Quand LE spécialiste des sacs et accessoires masculins, s’allie avec LA créatrice de bijoux la plus audacieuse du moment, cela donne une pochette intemporelle et très personnelle.

Réalisée à Paris dans l’atelier de Good Manners, cette pochette en cuir gras est cousue à la main d’un fil de lin bleu. Elle est ensuite ornée d’une plaque en laiton gravée par Alice Hubert qui pourra être porteuse d’un message personnel. Son grand format plat permet d’y glisser un Ipad et de la glisser dans un sac ou de l’arborer seule.