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Lauren Yates, créatrice de Wmenswear

Collection féminine intemporelle, pointue et androgyne, WMenswear s’inspire du style des vêtements masculins de travail et de pêche vintages. Lauren a été énormément  influencée par la période de la seconde guerre mondiale et par toutes les femmes qui durent remplacer les hommes dans les pêcheries et endosser leurs tenues de travail.  Mais ce n’est pas juste pour leur esthétique que les créations de Lauren Yates, muse de Nigel Cabourn nous ont séduites.

4,large.1447149111Les cotons et lins épais dans lesquels ses vêtements sont taillés sont d’une extrême qualité. Le sourcing ainsi que la façon sont intégralement réalisés en Thaïlande, dans l’atelier de Ben Viapiana, spécialiste de la toile Denim la plus belle. Il trouve dans ce pays à la tradition façonnière bien ancrée les matières et les outils qui lui permettent de recréer selon les standards des années 40, des vêtements robustes aux matières et finitions impeccables.

Le vestiaire dessiné par Lauren est à la fois ludique, confortable, intemporel et terriblement tendance.  Nous aimons le double détournement qu’elle réalise. En brouillant les genres et les usages du vêtement elle arrive à créer une silhouette féminine d’une extrême modernité.

Vous pouvez également la suivre sur son blog Ponytail Journal.

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Demeure, Pret à porter habité

C’est grâce à la boutique en ligne l’Exception, que nous avons découvert la marque Demeure et rencontré sa créatrice, Charlotte Cazal. Elle était de passage à Paris pour le lancement d’une collection capsule en édition  limitée de chemises en lin souple. La présentation de la collection était habitée par les photos que Maria-Do-Mar Rêgo avait réalisées à la demande de Charlotte.

L’après midi avec elles s’écoula dans un bouillonnement d’idées, de citations, d’éclats de rires, et d’élans créatifs, pendant qu’elles accrochaient les tirages de Maria pour le lancement le lendemain.

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La première impression est limpide. Les deux femmes sont amies depuis longtemps. Leur lien profond s’articule autour d’une conversation de plusieurs années qui saute les absences, et rebondit dès qu’elles se retrouvent. Un échange perpétuel qui nourrit leur esprit et impulse leur art respectif.

Dans cette communication organique, le va et vient de références, de curiosités intellectuelles mobilisent tous les esprits alentour. L’énergie créative est si intense qu’elle donne des ailes. Tout devient possible.

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De ce corps à deux têtes, Maria se détache comme la pensée pure, et Charlotte l’action.

Maria est un personnage. Sa rigidité physique, son port de tête, ses cheveux soigneusement tressés en arrière, ses sourcils noirs froncés, sa concentration sincère et les silences qui précèdent son discours… Maria a l’intensité d’une photographie du siècle dernier. Elle choisit chaque mot avec minutie, articulant sa pensée avec rigueur et grâce. Elle parle comme un livre, citant les poètes, philosophes et artistes par douzaines, pimentant le tout d’une pincée d’humour décalé qui prend totalement par surprise. Maria est une figure rock’n roll par excellence.

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Charlotte, elle, ressemble à une Dietrich en porcelaine. Ses sourcils en volutes ne sont plus qu’une suggestion : celle des années 20. Mais malgré son physique délicat, sa voix rocailleuse de rugbyman donne la nette impression qu’elle ne peut pas être déviée de ce qu’elle entreprend. Elle se définit elle-même d’ailleurs comme styliste, curateur et entrepreneur. La lauréate du prestigieux prix Maison de Mode 2013 a bâtit seule sa Demeure, une maison de couture qui cache un projet plus ambitieux encore.

Ambitieux mais aussi et surtout généreux. C’est un peu comme un cadavre exquis. Charlotte tisse des symbioses avec les artistes qu’elle croise et qu’elle aime. Ses créations architecturales s’offrent telles des espaces vierges aux artistes qui butent dans les voies plus classiques du monde de l’art. Voies totalement sclérosées.

   

Chaque création est un objet parfaitement exécuté. Nous avons été sincèrement totalement soufflées par la beauté des matières choisies, des lins tissés à l’ancienne, fins et souples. Par la précision des coutures, des assemblages et aussi des impressions. Les photos ne leur rendent pas justice. C’est une expérience qui doit se faire en direct. Les vêtements doivent être touchés, parcourus, serrées. Et vient une pulsion très forte de se les approprier.