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Laura Punto, bottière : these shoes are made for walking

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Nous avons rencontré Laura Punto à Barbès, alors qu’elle mettait au point les prototypes des vertigineux souliers du prochain défilé de Xuly-Bët à New-York. Cette rencontre avait pris place dans l’atelier Maurice Arnoult, ou Laura se forme au métier de bottier depuis cinq années.

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Cet atelier exceptionnel, situé dans la Goutte d’Or, a vu le jour à Belleville sous l’impulsion du bottier Maurice Arnoult, qui dès les années 90 avait naturellement commencé à transmettre bénévolement son savoir faire à une poignée d’élèves. Au décès de Maurice Arnoult l’association a été transférée dans cet autre quartier populaire, haut lieu de la création textile et sa direction reprise par le Maître bottier Michel Boudoux.

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L’atelier qui compte aujourd’hui outre Laura, treize élèves, attire des personnes aux profils très variés tous motivés par une envie : maîtriser les fondamentaux nécessaires à la création d’une chaussure pour femmes. L’atelier Maurice Arnoult est à sa création le seul atelier de formation entièrement dédié à la chaussure féminine qui forme des femmes aux métiers de la chaussure.

Laura est arrivée en France, ses diplômes d’anthropologue visuel et de design en poche, avec l’envie de travailler en agence de design. Frustrée par une ambiance de travail étriquée par l’esprit de compétition exacerbé qui règne dans l’agence où elle exerce, elle découvre à Belleville l’atmosphère bienveillante de l’atelier de Maurice Arnoult. A l’opposé des designers, auprès desquels elle débute, avares de leurs savoirs, elle découvre chez le maître bottier et ses élèves, une communauté fondée sur la transmission. L’objet chaussure l’attire immédiatement, mais lorsqu’on discute avec Laura on s’aperçoit que c’est plus la rencontre avec ces maîtres qui se dédient à passer le flambeau à une nouvelle génération qui l’a conquise.

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Le travail qu’elle découvre auprès de Michel Boudoux, qui a chaussé les plus grandes élégantes anonymes ou célèbres dans sa boutique de l’Avenue Montaigne pendant plus de quarante ans, est une permanente recherche de l’impossible. Laura dit se mettre avec lui dans les conditions d’une véritable chasse au trésor qui repousse les limites esthétiques et techniques.

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Les souliers pour elle doivent se construire comme des rêves. On fantasme un plissé bijou, une broderie fabuleuse, « On se dit que cela va être impossible à réaliser et on repousse ses limites, ou on se lance à la recherche de l’artisan qui pourra nous permettre de réaliser ce rêve ». Pour la marque Xuly-Bët, Laura a réalisé des mules hyper compensées avec des plateaux impressionnants, qui lui font dire en riant : « Ce sont des chaussures sur lesquelles on adopte cette démarche « je tombe? je tombe pas? » qui appelle le bras de l’autre. C’est un jeu. » Pour elle le discours esthétique doit toujours se faire dans le respect de la personne de la femme et de la vie qu’elle mène dans ses souliers. Une attitude engagée, qui correspond bien à l’esprit de l’atelier qui l’a formée, tourné vers le partage et l’ouverture.

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Laura s’est associée à Philippe Atienza, qu’elle a rencontré au cours de sa formation. Elle réalise dans l’atelier qu’ils ont ouvert ensemble avenue Daumesnil tous les souliers féminins. Auprès de ce maître bottier, qu’elle décrit comme un passionné dédié corps et âme à son travail, elle raffine son approche, teste de nouvelles choses, lance des idées qu’il rend réalisables. Elle poursuit son engagement au sein de l’atelier Maurice Arnoult, car pour elle désormais, transmettre à son tour et partager cette envie de repousser les limites avec d’autres est devenu essentiel.

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ATELIER MAURICE ARNOULT
8, Rue des Gardes 75018 Paris
maurice.arnoult@voila.fr

ATELIER PHILIPPE ATIENZA
53, Avenue Daumesnil 75012 Paris